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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

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Message par JeanFrancoisE 27.06.22 5:43

Postulants au « Championnats du Monde d’échecs » OTB
Ils en avaient la stature, mais ne l’on jamais été !


Aperçu de leur talent …




[NDLR : voici les 14 plus notables. Joueurs OTB et, pour certains, JpC également (en général dans leur jeunesse), tous ont participé à leur époque à l’enrichissement de la pratique théorique (ouvertures, jeux positionnel, tactique et finales) ; le tout étant sources utiles aux adeptes du JpC jusqu’à nos jours.Tous, ont eu une vie riche, pleine de péripéties humaines, artistiques et techniques. Tous, ont fait montre de qualités de joueurs remarquables. Tous, ont été dignes de l’extraordinaire complexité et de la beauté du « Noble Jeu » (de Jacques de Cessoles/Jacques de Vignay) et ont honoré la déesse « Caïssa ».On ne se lasse pas de rejouer certains de leurs chefs-d’œuvre. Bonnes lectures]
 
Classés selon leur année de naissance :
 
Paul Charles Morphy (1837-1884)
Mikhail Chigorin (1850-1908)
Siegbert Tarrasch (1862-1934) 
David (Dawid) Janovsky (1868-1927)
Nelson Pillsbury (1872-1906)
Frank Marshall (1877-1944)
Akiba Rubinstein (1880-1961)
Aaron Nimzowitsch (1886-1935) 
Xavier Tartakover (1887-1956)
Efim Dimitrievich Bogoljubow (1889-1952)
Richard Reti (1889-1929)
Samuel (Szmul Rzeszewski) Reshevsky (1911-1992)
Paul Keres (1916-1975)
David Bronstein (1924-2006) 
 
1ère partie :


Petit retour sur la belle « époque romantique » …


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... P_morp12  Paul Morphy (1837-1884) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Paul_m12 :
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Usa18 https://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Morphy
Jeune prodige des échecs, il connaît une ascension échiquéenne fulgurante.

Pendant deux années, vers l’âge de 20 ans, il défait tous les meilleurs joueurs d’échecs de l’époque, d'abord les Américains puis les Européens.

Au total, Paul Morphy a joué 227 parties d’échecs en compétition, avec un score d'environ 87 % de victoires ! Il est considéré comme le premier joueur d’échecs moderne.

Les commentateurs s'accordent à dire qu'il était très en avance sur son temps en tant que joueur d'échecs, bien qu'il y ait un désaccord sur le niveau de son jeu par rapport aux joueurs modernes qui l'ont suivi.

Cependant, étant donné que sa brillante carrière s'est rapidement achevée, il a parfois été qualifié de « la fierté et le chagrin des échecs » ou « d’étoile filante des échecs » parce qu'il s'est retiré du jeu alors qu'il était encore jeune.



David Lawson, un biographe de Morphy, a écrit qu'il est le premier joueur à être universellement appelé « Champion du monde des échecs ». Cependant, la plupart des historiens du jeu affirment que le premier championnat a eu lieu en 1886, et voient en Morphy un champion du monde officieux.

De retour en Angleterre au printemps de 1859, Morphy est fêté par les Anglais. À Londres, lors d’un banquet en son honneur, il est encore proclamé Champion du monde.



Recherchant de nouveaux adversaires, Staunton évitant toujours l’affrontement, Morphy traverse la Manche et se rend au « Café de la Régence » à Paris, haut-lieu des échecs français de l'époque



Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Cafzo_13
Il y affronte en match Daniel Harrwitz, le meilleur joueur en France à l’époque. Morphy perd les deux premières parties, mais réagit avec calme, se rendant compte qu’il joue avec trop d’impétuosité. Il gagne les quatre parties suivantes.



Dans le cadre d'une tournée européenne triomphale qui l'a vue battre tous les plus grands joueurs de son époque. Il y fait sensation car il vient de battre [size=12](lors du match au « Café de la Régence » à Paris) Daniel Harrwitz, considéré comme le meilleur joueur Allemand du moment[/size]

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=AcOqnwrFhT4vahuaZOu/8JtHIpNCTplcN1zO9pCrGtRqielia9xxopjhjQV07yok

Harrwitz demande alors une pause de huit jours pour cause de santé. Morphy accepte, à la condition de reprendre au rythme d’une partie par jour. À la reprise, il annule contre Harrwitz, puis gagne la huitième partie. À ce moment, Harrwitz demande une nouvelle pause, mais Morphy refuse. Harrwitz abandonne. Ce qui dénote un certain mauvais esprit …



Lors de la pause de huit jours, Morphy organise un match contre cinq maîtres en simultanée : Jules Arnous de Rivière, Samuel Boden, Thomas Barnes, Johann Löwenthal et Henry Bird. Il gagne deux parties, en annule deux et perd l’autre.

Toutefois, bien qu'il ait un bilan négatif contre Morphy, Harrwitz est l'un des rares maîtres à l’avoir battu avec les pièces noires. Voici l'une de ses victoires à Paris en 1858

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=P1UZJSBWAnrlmsreaRCBmjuiGh5rPFRMTGE21fRWpEb9i5scGA/Waa+ZC+T4+Z7F

 

C’est alors que le duc de Brunswick invite Morphy à jouer quelques parties à l'Opéra de Paris, où il loue une loge près de la scène. Si près qu'il est, selon la légende, possible de toucher les comédiens ! Le duc est un fervent joueur d'échecs, disposant toujours d’un échiquier dans sa loge.

Alors que la partie et l'opéra progresse, le Duc et le Comte d’Isouard - qui joue en consultant -, discutent à voix haute, ce qui perturbe les comédiens. Pour ajouter au côté tragi-comique de la situation, Morphy joue brillamment alors qu'il tente de suivre l'opéra de sa position inconfortable, et les comédiens, eux, tentent de connaître les raisons qui amènent leurs illustres spectateurs à échanger à voix haute !




Frederick Edge, le secrétaire de Morphy, relate qu'on donnait ce soir-là « La Norma de Bellini » : « [...] La loge du Duc se trouve juste sur la scène, si près en vérité que l'on pourrait sans peine embrasser la prima donna ! Morphy était assis, le dos tourné à la scène, ayant en face de lui le Duc et le Comte [...] C'est alors que Mme Penco, qui personnifiait la prêtresse druidique, se mit à regarder du côté de la loge, semblant se demander quelle pouvait bien être la cause de l'agitation qui y régnait. Elle était loin de se douter que Caïssa était la seule chaste diva dont se souciaient les occupants de notre loge1 ! »

Notons que certains commentateurs placent cette partie célèbre pendant une représentation du « Barbier de Séville », ou de « La Cenerentola », ou encore des « Noces de Figaro » ...



La « partie de l'opéra » est souvent présentée à des fins pédagogiques, car elle démontre clairement certains thèmes récurrents aux échecs : utilisation optimale du temps et attaque du roi resté au centre.

Ce chef-d'œuvre de Paul Morphy est souvent l’un des premiers que l'on présente aux joueurs débutants.

Il illustre l'importance du développement, du contrôle du centre, de la sécurité du roi, et surtout, il montre en quelques instants toute la beauté des échecs.

Impossible de ne pas sourire en voyant les flamboyants 10.Cxb5!, 13.Txd7!, et 16.Db8+!!

Voici la partie, commentée par un autre génie : Robert James Fischer

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=zT+MbpUpitgmJDSVcFKbPaFVw07XWnKXucN+GwodawtSI4fZbDNWi7mtwyTYffyq



Ce qui fit dire à Shaun M Taulbut : [size=12]« C'est vraiment la partie que tout le monde aimerait jouer. Sacrifier pièces après pièces, et finir par donner la Dame pour mater. Etudier les échecs n’auraient aucun intérêt si l'on ne pouvait pas découvrir des secrets permettant d'écraser ainsi son adversaire. La « partie de l'opéra », que j'ai découvert lorsque j'ai débuté aux échecs, était une promesse. Elle m'a appris que ce jeu valait la peine qu'on s'y intéresse. Peut-être, me disais-je alors, jouerai-je moi aussi un jour une partie aussi brillante » [/size]



C’est alors que Morphy attrape la grippe et souffre d’une forte fièvre. En accord avec la médecine de l’époque, il est traité à l’aide de sangsues, perdant ainsi beaucoup de sang. Il est tellement affaibli qu'il ne peut se tenir debout sans aide.




Il insiste pourtant courageusement pour jouer contre Adolf Anderssen, considéré comme le meilleur joueur européen du moment ; lequel est venu expressément de Breslau, en Allemagne, pour ce match.

Malgré son mauvais état de santé, Morphy triomphe facilement (+7 =2 -2).

Lorsqu’on questionne Anderssen sur sa défaite, il réplique qu’il manque de pratique, mais que Morphy est plus fort et qu’il l’a battu à la régulière. Anderssen a aussi affirmé que Morphy était le plus fort joueur connu, dépassant même La Bourdonnais.



En attendant la venue d'Adolf Anderssen, considéré comme le meilleur joueur au monde, il croise le fer avec les meilleurs joueurs français, et toutes les portes lui sont ouvertes.

A noter qu’en France, comme en Angleterre et aux États-Unis, Morphy a joué des parties à l’aveugle contre huit joueurs à la fois.

En France il a fait une démonstration de jeu à l'aveugle, toujours contre huit des meilleurs joueurs, avec le résultat étonnant de six victoires et deux nulles. Cette simultanée est un des évènements majeurs qui ont façonné la « légende » du « Café de la Régence » 



Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Simult11
Exemple de jeu à l’aveugle de Morphy

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=8FkRuqRCadSiJJDr4sy2NSaRVKOkSVBu9TCVcrK0lEbhsdC2sJE/i6cUZQoIFwTY



En décembre 1857, le « Chess Monthly » (magazine d'échecs mensuel éphémère publié de janvier 1857 à mai 1861 aux États-Unis. Édité par le diplomate de profession et professeur de linguistique Daniel Willard Fiske, il a été co-édité pendant un certain temps par Paul Morphy) ... le magazine affirme, concernant Morphy, que : « son génie, sa modestie et sa courtoisie l’ont rendu agréable à toutes les personnes rencontrées ».

Sa notoriété est telle que la reine Victoria souhaite le rencontrer en privé. Sa suprématie est reconnue de partout et il semble malaisé de jouer contre lui s’il n’a pas un handicap.



Le 11 mai 1859, il rentre à New York. Il est couvert d’éloges par ses compatriotes.  Il animera alors la rubrique échecs du « New York Ledger » (journal hebdomadaire publié à Manhattan) d’août 1859 à août 1860



Il se retire de la compétition et joue très peu en public. Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Morphy13




Malgré les demandes de ses admirateurs, il refuse de rejouer aux échecs car il ne considère pas cela comme une occupation sérieuse. En effet, à cette époque, le jeu d’échecs est une activité pour amateurs qui ne sied pas à des gentilshommes. Les joueurs professionnels dans les années 1860 étaient mal vus, plus comme des parieurs professionnels et autres joueurs peu recommandables. Ce n’est qu’à partir du XXe siècle que le jeu est devenu respecté, notamment avec la venue de Wilhelm Steinitz, par son travail scientifique du jeu, et d’Emanuel Lasker,



Par la suite, il renonce à jouer et tente de faire carrière en droit, mais sans succès car, antiesclavagiste, il refuse de s’enrôler lors de la guerre de Sécession.

 

Les dernières années de Paul Morphy sont tragiques. Déprimé, il passe son temps à déambuler dans le vieux carré français de la Nouvelle-Orléans, parlant avec des personnes invisibles. Il souffre également de délires de persécution et de paranoïa.

Paul Morphy meurt dans sa baignoire en 1884, à l’âge de 47 ans, des suites d’une attaque cérébrale. Il est enterré au cimetière Saint-Louis de La Nouvelle-Orléans.


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tombe_13 
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Message par JeanFrancoisE 27.06.22 22:43

Postulants au « Championnats du Monde d’échecs » OTB

Ils en avaient la stature, mais ne l’on jamais été !


Aperçu de leur talent …

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Chigo10 Mikhaïl Ivanovitch CHIGORIN (1850-1908)  : https://en.wikipedia.org/wki/Mikhaïl _Chigorin

Mikhaïl Ivanovitch CHIGORIN  (parfois « Tchigorine ») était un maître russe de classe mondiale. Il a partagé la première place du tournoi de New York en 1889 et a remporté les trois premiers « All Russia » (équivalents aux Championnats de Russie) entre 1899 à 1903.
Il est considéré comme l'un des pères fondateurs de l'école d'échecs soviétique et a affronté le premier champion du monde officiel Wilhelm Steinitz pour le titre à deux occasions.

Chigorin n'apprend à jouer aux échecs qu'à l'âge de 16 ans et ne prend le jeu au sérieux qu'à partir de 24 ans.
Après avoir terminé ses études et commencé une carrière d'agent du gouvernement, il quitte son emploi afin de se consacrer aux échecs à temps plein. À la fin des années 1870, il lance un magazine d'échecs et dispute ses premiers matchs contre des maîtres russes établis.
Voici un exemple du jeu agressif de Chigorin, où il sacrifie très tôt sa dame afin de créer un réseau de mat mémorable avec son duo tour/fou :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=iq76gCK6dxXAbQijv3ObuT4i4/WjBmcrtEKAbnsHb1GgKRVAppiwnHk/FDWFiZDn

Après avoir vaincu le très respecté Semyon Alapin en 1880,
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=iq76gCK6dxXAbQijv3ObuaoZJMKICwmnReyuMsIBBZsK/yYQwF7mYUN6Lpsovzrn
… il est rapidement reconnu comme l'un des plus forts joueurs du pays.

En 1881, Chigorin fait ses débuts internationaux à Berlin. Il se classe troisième (à égalité avec Szymon Winawer) derrière les joueurs de classe mondiale Johannes Zukertort et Joseph Blackburne mais devant de nombreux maîtres.
Dans le tournoi historique de Londres de 1883, il finit à la quatrième place (derrière Zukertort, Steinitz et Blackburne) et là aussi devant une péliade de grands noms.
Cette performance fait basculer son statut à celui de joueur de classe mondiale.
En 1889, Chigorin partage la première place (avec Max Weiss) dans le fort tournoi de New York. Cette brillante prestation lui donne le droit de défier le champion du monde Steinitz dans un match pour le titre.

En 1889, Chigorin et Steinitz disputent leur premier match de Championnat du Monde.

C'est la première fois que le premier champion du monde officiel, Steinitz, est amené à défendre son titre. Chigorin se bat bien mais il est encore un cran en dessous et s'incline 10,5-6,5. Trois ans plus tard, Chigorin et Steinitz s'affrontent de nouveau.
La revanche de 1892 est marquée par de nombreuses parties mémorables, aussi ce match est plus serré que le premier mais encore une fois le champion conserve sa couronne grâce à son succès étriqué 12,5-10,5.

Chigorin est réputé pour son style tactique, agressif et imaginatif. Comme la plupart des joueurs des années 1860 à 1890, il jouait de façon romantique avec de nombreux sacrifices et des attaques féroces. Il était connu pour privilégier des ouvertures atypiques (comme le « Gambit Evans » et son fameux système 1.e4 e6 2.De2).
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=kQQBec7wBbLfJfYHSCBU+Vp1/SA5wNUmRxqij1dFAuyirvjHrfHLrCjE/i4OcQ/i

Dans sa brillante victoire lors de la première joute de 1892, Chigorin utilise son « Gambit Evans » bien-aimé et obtient de grosses compensations pour le pion sacrifié. Il installe un cavalier "pieuvre" en d6 avant de l'envoyer à l'abattoir pour lancer une attaque dévastatrice sur le Roi adverse, étranglé sur sa sixième rangée.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=w+2sW5Shom1MKnTseVZ6Y3UyBwibxim8QRWDPZAY2aHb5kbuS2zZHPeeesMXOwnG

Dans l'exemple qui suit, Chigorin traite la défense française avec son originalité toute personnelle.
En 1893, il tient en échec dans un match Siegbert Tarrasch, considéré comme un joueur du top 5 mondial. Cette partie de la fin du 19ème siècle se rapproche de ce que nous connaissons aujourd'hui comme l'attaque « Est-Indienne » et se termine par une belle combinaison tactique :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=cNCl/de49V9pUGOySU86/ovyFHsPQAngD8oZojoNKN7dFa8zf4azbU+bb3yZvZX4

La « Défense Chigorin de la Partie Espagnole » (1.e4 e5 2.Cf3 Cc6 3.Fb5 a6 4.Fa4 Cf6 5.O-O Fe7 6.Te1 b5 7.Fb3 d6 8.c3 O-O 9.h3 Ca5) est toujours très jouée à haut niveau.

La « Défense Chigorin dans le Gambit de la Dame » (1.d4 d5 2.c4 Cc6. ECO D07.) a été remise récemment au goût du jour par le super-GMI Alexander Morozevitch : https://fr.wikipedia.org/wiki/Aleksandr_Morozevitch

Chigorin ne jouera plus jamais pour le titre de champion du monde après sa défaite contre Steinitz en 1892, mais il n'abandonne pas les échecs pour autant.

À la fin de sa carrière, Chigorin, a un score extrêmement serré avec Steinitz (24 victoires, 27 défaites, huit nuls). Voici une de ses belles victoires datant de cette période, il domine ici les cases noires de l'aile roi avant de conclure la partie grâce à son contrôle total de la première rangée.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=RX4ug/4Ys7a4MBd/XFWxISW0JoTD/wCB2UxwaD5QHlcGxhjZBL0DzUPu1eYPXcJG

En 1895, Chigorin signe sans doute le meilleur résultat de sa carrière en se classant second du tournoi historique de Hastings (derrière Harry Pillsbury), devant le champion du monde Emanuel Lasker et Tarrasch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=4CHAfomMON1mg/49Z3UQ3nhyzZXsEmov7U+ZAl96ZVV/eUG2au/NXJnU8exU4KZy

En 1896, dans la partie suivante Chigorin prouve qu'il n'est pas un joueur à un seul style en arrachant la victoire contre son vieil ennemi Tarrasch dans une finale technique :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Yzc1Lo6XyGVbn/RUsR7zh5U2ud0gjOdNROwHAVlN22ZrMT1SXagC+Iu5KUht64KD

De 1899 à 1903, Chigorin remporte les trois premières éditions « All-Russia »
« La nation toute russe », également appelée "Nation Panrusse" ou "Nation Russe Trine". C’est une idéologie russe impériale

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... All_ru10

Il consolide ainsi son image de plus grand maître russe de l'époque.
Il continuera d'enseigner, de donner des conférences et de jouer jusqu'à ses derniers jours.

En 1907, après un tournoi, on lui diagnostique une forme avancée de diabète et il décède le 25 janvier 1908


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tombe_14
Tombe de Chigorine

On se souviendra surtout de Chigorin pour avoir affronté deux fois Steinitz (dans les deuxième et troisième Championnats du Monde).
On devrait également se rappeler de son brillant style d'attaque, de ses innovations en matière d'ouvertures et de ses contributions globales aux échecs. Les anciens champions du monde Mikhaïl  Botvinnik et Vasily Smyslov (entre autres) le considèrent comme ayant eu une grande influence sur l'école soviétique du 20ème siècle.

Les contributions de Chigorin en matière d'ouvertures, sont considérables.
Il a proposé de nombreuses idées nouvelles dans le « Gambit Evans », encore utilisées aujourd'hui.
La variante qui porte son nom dans la « Ruy Lopez » est toujours populaire et la « Défense Chigorin » décalée contre le « Gambit Dame » (1.d4 d5 2.c4 Cc6 ?!) demeure une arme pour les joueurs aventureux. Exemple :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=50WQZWcCgnH7u5jsOWerE6aeDEYEyM2L26JIGX9IeZj2YveA+89HoVTetVfMZMFy

Il a également été le premier à utiliser l'ordre de coup 1.e4 e6 2.De2 contre la « Défense Française ».
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=u9G28wGd0jPGz7OFOlX6lF37ZRYV1sey89IqPBmS/iSLhoCeGjzEBgG1MZnFRH16

Ses choix d'ouverture très imaginatifs ont résisté à l'épreuve du temps.
Les parties de Chigorin continuent à ravir les joueurs d'échecs du monde entier et sont étudiées dans de nombreux livres, articles et vidéos.
Son style d'attaque a servi à inspirer toute une génération de joueurs russes.
Le « Tournoi commémoratif Chigorin », joué pour la première fois en 1909, a été organisé sans interruption depuis 1947 - un merveilleux témoignage de l'héritage de cette légende des échecs.

À suivre …
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Message par JeanFrancoisE 03.07.22 14:40

Postulants au
« Championnats du Monde d’échecs » OTB
Ils en avaient la stature, mais ne l’on jamais été !
Aperçu de leur talent …


[NDLR : Joueurs OTB et, pour certains, JpC également (en général dans leur jeunesse), tous ont participé, à leur époque à l’enrichissement de la pratique théorique (ouvertures, jeux positionnels, jeux tactiques et finales ; le tout étant sources utiles évoluées pour les adeptes de l’OTB et du JpC jusqu’à nos jours.
Tous, ont eu une vie riche, pleine de péripéties humaines, artistiques et techniques.
Tous, ont fait montre de qualités de joueurs remarquables, sinon exceptionnelles.
Tous, ont été dignes de l’extraordinaire complexité et de la beauté du « Noble Jeu » et ont honoré la déesse « Caïssa »]
On ne se lasse pas de rejouer certains de leurs chefs-d’œuvre.
Bonne lecture
 

Aujourd’hui, honorons :

 

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... St_211Siegbert Tarrasch (1862-1934) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Allema12 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Allema21  

 

Siegbert Tarrasch est né le 5 mars 1862 à Breslau (Wrocław aujourd'hui ville de tradition échiquéenne où sont nés Anderssen et Zuckertort), province de Silésie (région située pour l’essentiel au sud-ouest de la Pologne, en République tchèque et en Allemagne)

Siegbert était juif et se convertit au luthéranisme (courant protestant issu des écrits du théologien allemand Martin Luther) en 1909.

Bien qu'il fût un patriote allemand et qu'il perdît un fils durant la « Première Guerre mondiale 1914-1918 », il eut à souffrir de l'antisémitisme des nazis.

[NDLR : selon Darko Anic (joueur d'échecs français d'origine croate), dans un article paru dans « Europe-Echecs » en janvier 2002, « Siegbert Tarrasch va, par la touche de son destin, partager sa vie entre deux passions : la médecine et les Échecs.

Étudiant en médecine à Berlin, il fréquente le fameux « Café Royal» et le «Kaiserhof>. Dans ces deux endroits reconnus, il va faire connaissance avec Berthold Lasker, le frère du futur champion du monde, Emanuel, pour qui il aura beaucoup d'admiration.

Les Échecs le préoccupent à un point tel que Tarrasch est obligé de partir à Halle pour terminer ses études. Il commence sa pratique médicale à Nuremberg et va y rester presque toute sa vie. Il deviendra mondialement connu comme « Le docteur de Nuremberg » !

Son ascension dans le monde des Échecs est rapide. Il y a le talent, bien sûr, mais aussi son travail et son esprit critique. Tarrasch est en effet très strict envers lui-même et également vis-à-vis des autres »]

Il est connu pour les défenses qui portent son nom dans le « Gambit-Dame » et la « Défense Française ». Toutes les deux sont très souvent jouées aujourd'hui encore.

« Tarrasch, très inspiré par les théories de Wilhelm Steinitz, était un chantre du jeu positionnel. Tarrasch a concrétisé l'enseignement général de Steinitz en le mettant en pratique. C'est lui, et non Steinitz, qui a donné aux Échecs une forme scientifique. Tarrasch a réfuté certaines convictions erronées et paradoxales de Steinitz »

Très fort joueur de finales, il était également capable de prouesses tactiques.

Bien qu'il ne soit jamais devenu un joueur professionnel, Tarrasch demeure une véritable légende des échecs.

Durant une carrière allant des années 1870 aux années 1920, il fut l’un des plus savants spécialistes du jeu de son époque. Ses nombreux livres permirent aux amateurs éclairés d’améliorer leur jeu et lui valurent le surnom de Surnommé le « Praeceptor Germaniae (« Professeur de l’Allemagne ») surnom du théologien protestant Melanchton. Quant à sa contribution à la théorie des ouvertures, elle est aujourd’hui encore très utile aux joueurs de tous niveaux.

Tarrasch est connu pour ses écrits concernant les échecs. Il était appelé « Praeceptor Germaniae », « professeur d’Allemagne », du surnom du théologien protestant Melanchthon. Il a écrit quelques livres, dont « Die moderne Schachpartie » (« La partie d’échecs moderne »« ) et « Dreihundert Schachpartien » (« Trois cents parties d’échecs »). Mais il semble que jusqu’à présent seul son « Praktische Abhandlung des Schachspiels » (« Traité pratique du jeu d’échecs ») ait été traduit en français et dont les idées sont devenues célèbres

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Traitz10
… idées de Wilhelm Steinitz (contrôle du centre, paire de fous, avantage spatial) à un très haut degré de raffinement. Il attachait beaucoup plus d’importance à la mobilité des pièces que Steinitz, et détestait les positions fermées, affirmant qu’elles « contenaient le germe de la défaite ».

Tarrasch fut une cible importante de l’École hypermoderne, menée par Richard Réti, Aaron Nimzowitsch et Xavier Tartakover, qui considéraient ses idées dogmatiques. Cependant, de nombreux maîtres modernes ne trouvent pas le jeu de Tarrasch si dogmatique que cela …

En 1870, à la fin de l’année, Tarrasch fait irruption dans le monde des échecs de haut niveau, et il va rapidement s’y faire un nom. Dix ans plus tard, il est considéré comme l’un des tous meilleurs joueurs du monde.

En 1880, Tarrasch termine ses études secondaires entreprises au lycée Sainte-Élisabeth de Breslau, puis il étudie la médecine à l’université de la ville où, à l’issue, diplôme en poche, il exercera en tant que Docteur en médecine générale.

En 1889, dans cette partie, il réalise une superbe attaque sur l’aile roi dans la ligne de la Défense Française qu’il a lui-même popularisé. Après avoir fermé le centre, il ramène rapidement ses pièces mineures vers l’aile roi et, d’un simple sacrifice de pièce, détruit tous les espoirs des Noirs. Comme cela semble facile !

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En 1892, son métier de médecin l’occupe énormément, et il refuse de disputer un match contre Steinitz pour le titre mondial. Une décision qui lui coutera peut-être sa seule vraie chance de devenir champion, alors même qu’il était au summum de son talent.

Il lui faudra attendre seize ans (en 1908) pour que cette opportunité se présente à nouveau.

Bien qu’il ne parvienne pas à remporter titre suprême, il reste l’un des joueurs les plus influents de son époque.

Contre le premier champion du monde officiel, Wilhelm Steinitz, il a d’ailleurs un score de 3 victoires, 0 défaite et 1 nulle.

Dans cette partie, Tarrasch fait preuve d’une technique sans faille malgré une position très sèche. Après avoir joué une ouverture logique et conservé l’initiative pendant les échanges, le bon placement de ses pièces lui permet de gagner du matériel grâce à une combinaison toute simple :

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Entre 1889 et 1894, Tarrasch remporte quatre tournois majeurs de suite. Il est alors reconnu comme le meilleur joueur du monde.

Après avoir refusé de jouer contre Steinitz pour le titre, il remporte le tournoi de Dresde. C’est alors qu’un jeune maître talentueux du nom d’Emanuel Lasker le défie en match. Là encore, Tarrasch refuse. Pourquoi ?

D’après lui, il aurait fallu que Lasker remporte au moins un grand tournoi avant de pouvoir le défier.

Lasker, très opiniâtre, défie alors le champion du monde Steinitz et lui ravit le titre en 1894. Il devient donc le second champion du monde de l’histoire sans jamais avoir affronté Tarrasch, ce qui met ce dernier dans une terrible colère !

Malgré tout, il reste dominateur en tournois, remportant celui de Leipzig en 1894, réalisant au passage cette fantastique attaque :

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Entre 1895 et 1903, Tarrasch continue à impressionner en tournoi.

Il termine quatrième à Hastings en 1895 derrière Harry Pillsbury, Mikhail Chigorine et Lasker, mais devant Steinitz et 17 autres maîtres.

En 1896, à Nuremberg, il termine troisième ex-aequo avec Pillsbury derrière Lasker et Geza Maroczy, mais devant Steinitz, Carl Schlechter, Chigorine et bien d’autres.

En 1898, il remporte le prestigieux tournoi de Vienne devant Pillsbury, Janowsky, Steinitz, Schlechter, Maroczy et tous les autres (sauf Lasker).

En 1903, il récidive à Monte-Carlo (devant Maroczy, Pillsbury, Schlechter, etc…) Après cette victoire monégasque, il défie Lasker, et celui-ci accepte de défendre son titre.

Mais le match, prévu pour 1904, sera annulé car Tarrasch se blesse en faisant du patin à glace.

En 1905, il joue un match en 17 parties contre Frank Marshall, qui vient alors de remporter le tournoi de « Cambridge Springs 1904 » devant le champion du monde Lasker. Le match est à sens unique, Tarrasch disposant aisément de l’américain sur le score de 8 victoires, 1 défaite et 8 nulles.

Dans le même temps, Lasker annonce qu’il souhaite remettre son titre en jeu contre Chigorine ou Maroczy. Mais il ne parvient pas à organiser de match contre ces derniers.

 

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Biogra10
Tarrasch vs Chigorine en 1893
 

En 1907, c’est finalement Marshall Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Marsch11 qui défie Lasker Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Lask10 pour le titre, mais il est encore sèchement battu. 

En 1908, dans la dixième partie du match de Munich, Tarrasch disposa avec aisance de son rival dans un milieu de jeu avec Fous de couleurs opposées. Sa technique est immaculée, et le mélange d’idées stratégiques et tactiques en fait une partie esthétiquement très plaisante https ://share.chessbase.com/SharedGames/game/ ?p=1S7Vy4FDUjS2UuMMymtd5SgWdWHORw1cBlEKt/8X5eqP1v9vW9LxM3If212DRGUS

En 1908 toujours il est opposé à Emmanuel Lasker. À la présentation des joueurs de ce championnat du monde, il aurait dit à son rival : « Pour vous, docteur Lasker, je n’aurais que trois mots : Echec et mat ! »

Tarrasch rate notamment plusieurs chances de gain durant le match, et la plupart des observateurs s’accordèrent à dire qu’il joua en deçà de son niveau habituel.

Sa seule chance d’accéder au titre suprême était gâchée.

Lasker s’impose avec brio sur 16 parties par le score de 8 victoires, 3 défaites, 5 nulles.

Après cette cuisante défaite, Tarrasch persévère et reste membre de l’élite mondiale.

Dans la 10e partie du match, Tarrasch disposa toutefois avec aisance de son rival dans un milieu de jeu avec Fous de couleurs opposées. Sa technique est immaculée, et le mélange d’idées stratégiques et tactiques en fait une partie esthétiquement très plaisante :

https ://share.chessbase.com/SharedGames/game/ ?p=J3ZrRrStt5gJ0Jln+f0KtwyZeZzbi/GsXC0fOY55/1a3s8kINxy4VVvRHSa1iEpn

Entre 1910 et 1922, il continue à défendre son style ultra-positionnel contre une nouvelle génération de joueurs aux idées hypermodernes, tels qu’Aron Nimzowitsch et Richard Reti.

En 1914, il réalise une très belle performance :

. Dans le Tournoi préliminaire : Il bat Jose Capablanca et Nimzowitsch pour terminer en quatrième place derrière le champion du monde Lasker et les futurs champions du monde Capablanca et Alekhine. Il est devant Marshall, Rubinstein, Nimzowitsch, Janowsky, Gunsberg et bien d’autres.

Superbe partie dans laquelle la redoutable paire de Fous du docteur va causer bien du souci à Nimzowitsch, dont le roi va être chassé de g1 à d7 avant d’être maté !

https ://share.chessbase.com/SharedGames/game/ ?p=T27KKEMvivLdt2wXw8hoXdB+kwKnvFXnjdFe0uEtuO/fbvcHmzayp2/HSf+5Ekld

. Dans le tournoi final : il se classer 4ème devant Marshall et derrière Lasker (Champion du Monde en titre), Capablanca et Alekhine (futurs Champions du Monde !).

Il continue la compétition jusqu’aux années 1920, mais son niveau va décliner progressivement après ce dernier coup d’éclat.

Ainsi, il n'hésite pas à écrire :
« Je sous-estime la force de mes partenaires et je surestime ma propre force - voilà la raison de mes échecs !
« J’ai compris qu'il n'est pas suffisant d'être un bon joueur, il faut aussi bien jouer ! »
Ainsi Tarrasch reste l'un des plus forts joueurs du monde.
Il est prétendant à la couronne mondiale détenue par le premier champion du monde Wihlehm Steinitz. Mais jouer un championnat du monde équivaut à quitter son cabinet de médecin pendant trois mois, et c'est la raison pour laquelle le match n'aura pas lieu.
Tarrasch jouera pour le titre mondial beaucoup plus tard, à deux reprises contre le nouveau champion Emanuel Lasker.
Mais son heure est passée et Tarrasch n'est plus au top de sa forme.
Tarrasch est connu pour ses écrits concernant les échecs. Il était appelé « Praeceptor Germaniae » (« Professeur d’Allemagne », comme le surnom donné au théologien protestant Melanchthon).
Trois livres se détachent de ses écrits :

. « Die moderne Schachpartie » (« La partie d'échecs moderne »)

. « Dreihundert Schachpartien » (« Trois cents parties d'échecs »).

. « Praktische Abhandlung des Schachspiels » (« Traité pratique du jeu d’échecs »), dont bien de ses idées sont devenues célèbres, a été traduit en français. Il y développe les idées de Wilhelm Steinitz :

. le contrôle du centre

. la paire de fous

. l’avantage spatial

… à un très haut degré de raffinement.

Il attachait beaucoup plus d’importance à la mobilité des pièces que Steinitz, et détestait les positions fermées, affirmant qu’elles « contenaient le germe de la défaite ».

Tarrasch fut une cible importante de l’« École hypermoderne », menée par Richard Réti, Aaron Nimzowitsch et Xavier Tartakover, qui considéraient ses idées dogmatiques. Cependant, de nombreux maîtres modernes ne trouvent pas le jeu de Tarrasch si dogmatique. Par exemple, dans la partie suivante https ://share.chessbase.com/SharedGames/game/ ?p=lt7vScUyQOiz3pKj4xR3i+7I6sEn5qK+CjvHEhCEXt1RHiUDCGeUgZvvcolLgnhi

Bien qu’il ait perdu contre Lasker lors du match suprême, on étudie encore ses parties dans les livres, les articles et les vidéos.

En tant que candidat au titre mondial, le bon docteur gardera à jamais une place à part dans les livres d’histoire échiquéenne.

Belles combinaisons :

Dans la partie « Tarrasch versus Alliés », les Noirs semble tenir (au moins contre une catastrophe immédiate), car la Dame noire se protège contre Qb7+ (suivie de Rxa5 Ta1#), tandis que la Tour noire sur c8 se défend contre Txc5#. Tarrasch a joué l’ingénieux mouvement d’interférence 31.Fc7 ! connu sous le nom d’« interférence Plachutta » (terme normalement réservé au domaine des problèmes d’échecs ; au jeu d’échecs, l’interférence se produit lorsque la ligne entre une pièce attaquée et son défenseur est interrompue par l’interposition sacrificielle d’une pièce sachant que les pièces se déplacent orthogonalement).

Cela bloque les deux défenses, et toute pièce capturée devient surchargée. C’est-à-dire que si 31…Txc7, le Tour est surchargé, car elle doit s’occuper des deux cases clés, puisque la Dame est bloquée à b7. Ainsi, le Blancs joueraient 32.Db7 + Txb7, déviant le tour de la défense de c5, permettant 33.Txc5 #.

Mais si les Noirs jouent à la place 31…Dxc7, la Dame bloque la défense de c5 et la Tour devient surchargée : 32.Txc5+ Dxc5 dévie la Dame de la défense de b7, permettant 33.Db7+ Rxa5 34.Ta1#. C’est pourquoi les noirs ont abandonné après ce coup.

https ://share.chessbase.com/SharedGames/game/ ?p=HgaUCaZv5Zm9mzIqnX6d/ZdHh1D3IGAYNu64L9pVaLCIRaiW7898nokN+tH9rih5

Dans le match « Walbrodt Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Walbro10 - Tarrasch Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tarras12 » (Hastings 1895), ce dernier a plutôt mal joué et son adversaire a pu s’imposer pendant un long moment. Mais le jeu a été « rétabli » par Siegbert par sa combinaison surprenante : 34.Txd4 qui semble évident, car 34…cxd4 permet à 35.Fxd4 de gagner la Dame. Mais les Noirs ont une contre-attaque apparemment forte qu’il fallait prévoir… 34…Cxg3 35.Cxg3 Txg3+ 36.hxg3 Txg3+ 37.Rf1 ! Txd3 et maintenant le surprenant 38.Tg4 !! avec des menaces dévastatrices. Les Noirs abandonnent !

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=3McAx8z0CTkAcbLpj2UmPaAhQ1WmlBsW0NwF7+gl2q55FuwoLQbA3yzT7qiTXwKV

En définitive,
« Son œuvre créative était basée sur une stratégie active de resserrement méthodique de la position adverse, un jeu entreprenant visant la conquête de l'espace et de l'initiative.
Son regard sur le pion isolé du centre était à l'opposé de celui de Steinitz. Si Steinitz considérait un pion isolé comme une faiblesse et démontrait les méthodes de son blocus et de son occupation, Tarrasch était plutôt intéressé par le côté dynamique. Il appréciait beaucoup plus le jeu libre des pièces.
Il disait que l'attaque et la défense n'avaient pas la même valeur, car l'attaque représentait davantage, le droit de l'action.
L'échange des pièces de même nature allégeait la défense.
Il a mené, avec une détermination parfois excessive, ses idées jusqu'au bout et gagné ainsi des dizaines de « parties modèles ». « Tarrasch était capable de concevoir des plans très longs, anticipant un regroupement essentiel des forces », disait Lasker ».

Siegbert Tarrasch est décédé le 17 février 1934 à Munich, en Allemagne

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tombe_10
Tombe du Docteur Siegbert Tarrasch au cimetière Nord de Munich (Nordfriedhof).
À suivre…
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Message par JeanFrancoisE 05.07.22 23:54

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Janows12 Dawid (David) Markelowicz Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Russie14Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Pol_1810  JANOVSKY (Janowsky) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... France12 (1868-1927) était un joueur d’échecs Français d’origine russe.


Né dans une famille judéo-polonaise à Wołkowysk, dans l’Empire russe (aujourd’hui en Biélorussie), il s’installe à Paris vers 1890


En 1894, il commence sa carrière professionnelle aux échecs. Janowski participe pour la première fois à un tournoi international à Leipzig, au « Neuvième congrès de l'union allemande des échecs ». Il occupa la 6e-7e place. Après cette date, il jouera pour la France pendant 29 ans.
En 1901, il remporte les tournois de « Monte-Carlo » et de « Hanovre » en 1902. Il termine premier ex æquo à « Vienne », puis à « Hanovre » au « Treizième congrès allemand », remporté devant Pillsbury.
En 1904, Le « Cambridge Springs International Chess Congress » (« Congrès international d'échecs de Cambridge Springs ») a été le premier grand tournoi international d’échecs en Amérique au XXe siècle. Finalement, Janovsky terminera 2ème /16 derrière Marshall et devant entre autres : Lasker (3ème), Schlechter (6ème), Chigorine (7ème), Mieses (8ème), Pillsbury (9ème), Teichmann (11ème), etc. Il empocha un prix de 450 US dollars à la clé !
Voici une belle partie contre Willian Evart Napier
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=zB6VomvIpVBaTPVibilnLfK1Mv179y18C3Upi/spbqkvJX+v4fh6GMqriPF9cLaf
En 1905, Au tournoi d'Ostende (Barmen aujourd'hui un quartier de Wuppertal), il termina second ex æquo derrière Géza Maróczy et devant 14 autres joueurs notables. Il reçut un « prix de beauté » pour sa partie contre Siegbert Tarrasch.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=FWRaTA+kzYrC6fPBl8/CpDgPCxcbTAUaI9aVUNsZssRf9vKTw7EqxdciHX5NCTAm
Janowski a été dévastateur contre les maîtres plus âgés tels que Wilhelm Steinitz (+5−2), Mikhail Chigorin (+17−4=4) et Joseph Henry Blackburne (+6−2=2).
Cependant, il a eu des scores négatifs contre de nouveaux joueurs tels que Siegbert Tarrasch (+5−9=3), Frank Marshall (+28−34=18), Akiba Rubinstein (+3−5), Géza Maróczy (+5−10=5) et Carl Schlechter (+13−20=13).
Il a été surclassé par les champions du monde Emanuel Lasker (+4−25=7) et José Raúl Capablanca (+1−9=1), mais a marqué de manière respectable contre Alexander Alekhine (+2−4=2).
En particulier, il a pu battre au moins une fois chacun des quatre premiers champions du monde, un exploit partagé avec Siegbert Tarrasch seul.
En 1909, Janowski joue trois matchs contre Emanuel Lasker dont deux matchs amicaux (+2 -2 et +1 =2 -7). Le match plus long a parfois été appelé un match de championnat du monde, mais les recherches d’Edward Winter indiquent que le titre n’était pas en jeu.
En 1910, il perd cette fois-ci un match pour le championnat du monde d’échecs (=3 -Cool.
En 1914, en juillet-août, il jouait un tournoi international d’échecs, le « 19e Congrès de la DSB » (Congrès de la Fédération allemande des échecs) à Mannheim, en Allemagne, avec 4 victoires, 4 nuls et 3 défaites (il est alors à la septième place), lorsque la « Première Guerre mondiale » a éclaté.
Des joueurs à Mannheim représentant des pays en guerre avec l’Allemagne ont été internés.
Lui, ainsi qu’Alexandre Alekhine, ont été relâchés en Suisse après un court internement.
En 1915, il quitte l’Europe pour les États-Unis et y passe les neuf années suivantes avant de revenir à Paris.
En 1916, en finale, il partage la deuxième place avec Oscar Chajes, après José Raúl Capablanca.
En 1921, il a gagné à « Atlantic City 1921 » (8ème Congrès américain des échecs)
En 1923, il a pris la troisième place à « Lake Hopatcong » (le 9ème « Atlantic Chess Club »).
Janowski jouait très rapidement et était connu comme un tacticien pointu qui était redoutable avec la paire de Fous. Capablanca a annoté certaines parties de Janowski avec une grande admiration, et a déclaré : « quand il est en forme, est l’un des adversaires les plus craints qui puisse exister ». Capablanca a noté que la plus grande faiblesse de Janowski, en tant que joueur, était dans la fin de partie, et Janowski lui aurait dit : « Je déteste la fin de partie. »
Le champion américain Frank Marshall se souvient du talent et de l’entêtement de Janowski. Dans « Marshall’s Best Games of Chess » (« Les meilleures parties d'échecs de Marshall »), il a écrit que Janowski « pouvait suivre le mauvais chemin avec plus de détermination que n’importe quel homme que j’ai rencontré ! »
Reuben Fine se souvient de Janowski comme d’un joueur d’un talent considérable, mais d’un « maître de l’alibi » en ce qui concerne ses défaites ! Fine a dit que ses pertes se produisaient invariablement parce qu’il faisait trop chaud, ou trop froid, ou que les fenêtres étaient ouvertes trop loin, ou pas assez loin ! Il a également noté que Janowski était parfois impopulaire auprès de ses collègues en raison de sa prédilection pour jouer obstinément même dans une position manifestement perdue, espérant que son adversaire pourrait commettre une erreur …
Edward Lasker dans son livre « Chess Secrets I Learned from the Masters » (« Secrets d'échecs que j'ai appris des maîtres ») a rappelé que Janowski était un joueur invétéré mais indiscipliné qui perdait souvent tous ses gains d’échecs à la roulette !
Il est à l’origine des « variantes Janowski » de l’« Ancienne Défense Indienne » (« Old Indian Defence » A53 : 1.d4 Cf6 2.d4 c6 …). Eric Schiller dit que cette ouverture transpose souvent dans la défense est-indienne (si les Noirs jouent ...g6 et ...Fg7) ; Dawid est également à l’origine du « Gambit-Dame décliné » (« Gambit-Dame declined » D31 : 1.d4 d5 2.c4 e6 3.Cc3 a6).
En 1909, il dispute un match à Paris contre Emanuel Lasker où le titre de champion du monde n'est pas en jeu. Comme celui-ci se termine par un match nul (2-2), Léo Nardus, un mécène des échecs, finance un deuxième match, à l'automne de la même année, mais Janowski le perd par le score sévère de +1 -7 =23. Malgré tout, il n'est toujours pas convaincu de la supériorité de Lasker et exige une revanche !
En 1910, la revanche est organisée à Berlin en tant que championnat du monde et se termine par un désastre complet pour Janowski par +0 -8 =3. Le journaliste d'échecs Georg Marco a résumé le déroulement du match en ces mots : « Ou bien c'était Lasker qui gagnait, ou bien c'était Janowski qui perdait ! »
À partir de 1914, sa force de jeu diminue en raison de ses problèmes de santé : il est atteint de tuberculose.
En 1914, lors du tournoi d'échecs de « Saint-Pétersbourg », Janowski finit avant-dernier. Las, le congrès allemand de Mannheim fut interrompu par le déclenchement de la « Première Guerre mondiale ». Janowski fut interné avec les autres participants du tournoi. Peu de temps après, il fut relâché et rejoignit la Suisse.
De 1915 à 1925, Janovsky réside aux États-Unis.
En 1916, il finit deuxième du « Tournoi de New York », remporté par Capablanca.
En 1918, il est 5ème du « Tournoi de New York » remporté par Capablanca.
En 1921, Janowski remporte le « 8ème Congrès Américain » à Atlantic City.
En 1923, il finit troisième du « 9ème Congrès Américain » à Lake Hopatcong.
En 1924, il est dernier au « Tournoi de New York ».
Janowski meurt en 1927 à Hyères (France, Var) de la tuberculose


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 2008_s10
Tombe cimetière russe d’Hyères


Dawid Janovsky jouait sans se soucier de gagner ou de perdre !
Ce trait de caractère se manifestait aussi en dehors des échecs. C'est ainsi qu'il perdit à la roulette en un rien de temps l'argent qu'il avait gagné lors d'un tournoi à Monte-Carlo
L'optimisme, parfois exagéré, était un de ses traits de caractère.
Ainsi, il ne restait toujours pas convaincu par la supériorité d'Emanuel Lasker lors de leur deuxième match de 1909 pourtant largement perdu.
Contre Frank James Marshall il disputa plusieurs matches et ne fut pas non plus convaincu par la supériorité de l'Américain au point de le défier pour un autre match en lui donnant 4 victoires d'avance, ce qui dénotait une certaine faiblesse de discernement pour ne pas dire pire !
Il était aussi fragile psychologiquement dans le jeu : il avait tendance à craquer devant une rivalité tenace, ce qui explique en partie son jeu relativement faible en fins de partie.
En revanche, Janowski jouait tellement bien les débuts de partie qu'Emanuel Lasker a dit quelques années après leur match : « Qu'on me donne une partie de Janowski au dixième coup, et je me charge de le battre »
Les Américains étaient tellement stupéfaits des prodiges que pouvaient faire les Fous (pièces préférées de Janowski) qu'ils les avaient surnommés « The two Jan's » ou « Les deux Janowski » !
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Jan04111
La partie suivante a obtenu le prix de Beauté au tournoi de « Cambridge Springs » de 1904 :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=3S90uKmhKJnUHbWhys+zYpUshG7OdU/CsYzOOHwfdz3IPsQnLqvnM2pNs6diAGQF
La partie qui suit est typique de Janovski   : elle démontre son goût pour l'attaque à tout prix (9...0-0-0 ?) via l'ouverture qui porte maintenant son nom.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=3S90uKmhKJnUHbWhys+zYhraB71uivukS0GCu6Nd7zZ4rhqJWHZC0bsY4yxiTHqI
À suivre…
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 10.07.22 3:06

Attention !!  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Light-10 Étoile filante géniale en avance sur son temps !
 


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Pillsb10Nelson PILLSBURY Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Usa20 (1872-1906) :

https://fr.wikipedia.org/wiki/Harry_Nelson_Pillsbury

1888 Il ne commence à jouer aux échecs qu'à l'âge de seize ans, mais progresse rapidement.

Son « règne » échiquéen va durer 18 ans.

1890 n'ayant joué aux échecs que depuis deux ans, il battit le célèbre expert Henry Nathan Stone (connu pour la défense « Stone-Ware » de la partie Italienne).

Le style dynamique que Pillsbury a montré pendant le tournoi a également contribué à populariser le « Queen's Gambit » (« Gambit-Dame ») au cours des années 1890, y compris sa célèbre victoire sur Siegbert Tarrasch.

1892 alors qu'il réside à New York, il joue un match à handicap (pion f7) de 3 parties

contre le champion du monde Wilhelm Steinitz et l'emporte 2 à 1.

1893 il remporte un match serré contre John Finan Barry (+5 -4 =1) qui lui vaut d’entrer dans son premier tournoi international à New York en tant que représentant de Boston. Bien que le congrès ait échoué, probablement en raison de problèmes dans le monde financier, le tournoi dit « Impromptu » de 1893 a été organisé à sa place.

Jouant son premier tournoi avec des maîtres européens, Pillsbury a réussi un score positif et a terminé septième. Il retourna à New York quelques mois plus tard et termina nettement premier du tournoi du « New York Masters de 1893 » (parfois appelé le « Manhattan Cafe ») devant un certain nombre de maîtres américains.

Il a ensuite déménagé à New York et a commencé à travailler pour l’« Eden Musee » en tant qu’opérateur d’Ajeeb (Ajeeb était un « automate » joueur d'Échecs et de Dames créé par Charles Hooper, dans lequel se dissimulait parfois  Pillsbury !)



Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 330px-14

Il occupa ce poste avec des congés périodiques jusqu’en 1898, date à laquelle il déménagea à Philadelphie et se maria.

1894 il déménage à New York. Il termina deuxième derrière Jackson Whipps Showalter dans un petit tournoi à Buffalo (« Staats-Zeitung Cup »).

1895 il eut un mauvais résultat (5ième) dans un tournoi de maîtres à New York. Néanmoins, il fit encore suffisamment bonne impression pour que le « Brooklyn Chess Club » parraine son voyage au « Congrès d’échecs de 1895 » à Hastings.

Cette année-là, Pillsbury joue donc son premier grand tournoi international à Hastings, en Angleterre. Il a 22 ans.

Vingt-deux joueurs s'affrontent dans ce tournoi toutes rondes qui est alors le plus fort de l'histoire



Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... T_hast10

Dix-huit des vingt-deux participants au tournoi de Hastings 1895 figurent sur cette photo.
Assis au premier rang, Pillsbury est le quatrième en partant de la droite, entre Lasker et Tarrasch.



Contre toute attente, l'américain s'impose devant les meilleurs joueurs du vieux continent, parmi lesquels figurent Steinitz, Chigorine ou encore Tarrasch.

Pour sa première partie au niveau international, Pillsbury affronte l'un des plus redoutables joueurs en compétition : le russe Chigorine. Il perd cette première confrontation, mais ajuste rapidement son jeu, et réalise une superbe attaque de mat contre Tarrasch lors de la seconde ronde !

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=bPLpDxydU+I4G9R4X1VV+rS6gFysmo1NkpW8vs/JhZfPmNKK95KvOrSU45w7RuyO

L'inconnu américain ne va alors perdre que deux autres parties, contre Lasker et Schlechter.

Sa défaite à la première ronde aurait pu peser lourd dans la balance. A l'approche de la dernière ligne droite, il ne mène que d'un demi-point et affronte le britannique Gunsberg. Pillsbury pense alors qu'une nulle lui suffit pour remporter le tournoi et choisit une ouverture très prudente. Cependant, en réalisant que Chigorine est sur le point de remporter sa partie, il redouble d'effort et finit par battre Gunsberg, remportant du coup le tournoi avec un demi-point d'avance !

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L'inconnu américain ne va alors perdre que deux autres parties, contre Lasker et Carl Schlechter.

Surprise générale ! Un quasi-inconnu venu d'outre-Atlantique vient de gagner ce qui est alors le plus grand tournoi de l'histoire !

Mais, prématurément emporté par la maladie, il ne put disputer à Emanuel Lasker le titre de champion du monde.

Il fit sensation en remportant un match en deux parties contre le champion du monde Wilhelm Steinitz, qui lui avait fait l'avantage d'un pion.

1.       https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=bPLpDxydU+I4G9R4X1VV+jK1IrP78TUqGhBr9y2TbxLCCspJ4j6bGHPxrmevdJHY

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Dès ce moment, la réputation de Pillsbury se propage comme une traînée de poudre, et il n'a bientôt plus aucun adversaire à sa taille sur la scène des échecs new-yorkais.

À noter qu’il perd une partie décisive contre Lasker, et Garry Kasparov suggère à ce sujet que s'il avait gagné, il aurait pu remporter le tournoi de Saint-Pétersbourg et contraindre Lasker à un match pour le titre mondial.

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Après avoir remporté le très fort tournoi de Hastings, il tombe gravement malade. Bien qu'il ait continué à jouer avec succès jusque dans ses dernières années (remportant notamment de nombreuses victoires contre Emanuel Lasker), il ne fut jamais en mesure de s'attaquer au titre mondial.

Dans la première partie de ce tournoi à six tours (chaque joueur affronte six fois ses trois adversaires), Pillsbury domine comme il l'avait fait à Hastings. Il remporte cinq parties et n'en perd qu'une, prenant la tête avec un score de 6,5/9 à mi-parcours. Il bat notamment Lasker à deux reprises, la première avec les pièces noires

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1896 Après deux troisièmes places à Nuremberg et Budapest, Pillsbury retourne au pays.

Pillsbury joue l'une de ses plus belles parties contre le champion du monde Emanuel Lasker au tournoi de Nuremberg

Cette partie allait, à la fin du tournoi, permettre à Pillsbury de remporter le « Prix de la Brillance » (aujourd’hui « Prix de Beauté » cher à François le Lionnais)




Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 600px-10

Debout : Lasker, Charousek, Schlechter, deux organisateurs, Janowsky, Maróczy, Marco, Showalter, trois organisateurs.
Assis : Albin, Porges, Chigorin, Tarrasch, Winawer, Steinitz, Blackburne, Schallopp, Schiffers, Pillsbury, Walbrodt, Teichmann.



Contre la défense française de Lasker, Pillsbury opte pour une ligne qui obtient d'abord un avantage en espace sur l'aile des rois, et peu après un avantage en espace sur l'aile des dames. Cependant, cette dernière n'est pas sans inconvénients, comme Lasker tient à le souligner. Malgré les mesures prises par Lasker pour s'assurer qu'il n'y aurait pas de percée réussie sur l'aile des rois, Pillsbury montre le contraire en libérant l'une des combinaisons de milieu de partie les plus mémorables, une combinaison qui attire l’attention sur l'ensemble de l'échiquier

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C’est également l’année où eut lieu le premier « Match câblé anglo-américain » (voir ci-dessous).

1897 Il joue deux matches pour le championnat américain contre Showalter, remportant les deux : Pillsbury - Showalter (1897) et Pillsbury - Showalter (1898) (+7-3 = 2) ce qui lui permet de renverser la vapeur et finalement de s'imposer sur le score de +10 -8 =3 !

Bien que ce dernier et la presse considèrent alors que l'enjeu de ce match est le titre national, Pillsbury refuse de lui accorder une telle importance. Il est mis en difficulté, mais une victoire importante dans la quatorzième partie rétabli l’équilibre

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Cependant, Pillsbury n’était pas particulièrement désireux d’être nommé champion américain : « Je ne cherchais pas le match, et même si je devais gagner, je laisserais Showalter en possession du titre ; je ne suis pas à la recherche d’un titre, mais d’un seul. »

Par « un seul » c’était, bien sûr, Champion du monde !

Il devient alors le « Champion américain d'échecs », titre qu'il détiendra jusqu'à sa mort.

Pillsbury a également aidé à préparer l’équipe de la « Chambre des représentants des Etats-Unis » pour leur match par câble contre la « Chambre des communes » (ou « Chambre basse ») en Angleterre.

1898 Il remporte le « Championnat des Etats-Unis », il se marie et tombe gravement malade.

Pillsbury va dominer Jackson Whipps Showalter Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Showal10 (1859-1935) dans un autre match, et accepte cette fois le titre de « Champion des Etats-Unis ». Un titre qu'il conservera sans combattre jusqu'à sa mort.

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Il termine premier ex-æquo avec Tarrasch à Vienne avant de perdre en départages 2,5 à 1,5. Il termine second ex-æquo mais 4,5 points derrière Lasker !

1899 À la fin du printemps, dix-huit des meilleurs maîtres d'échecs du monde ont été invités à participer à un double tournoi à la ronde à Londres, en Angleterre. Parmi les participants figurent le champion du monde, Emanuel Lasker, et l'ancien champion du monde, Wilhelm Steinitz. Sur les dix-huit invités, Tarrasch a décliné son invitation, citant sa pratique médicale comme étant la plus grande priorité. Charousek souhaitait y assister mais une maladie (qui s'est avérée fatale par la suite) l'en a empêché. Amos Burn, qui avait accepté de venir, est parti le premier jour, appelé pour affaires.

Les quinze joueurs restants se sont réunis dans le « St. Stephen's Hall », situé près des « Chambres du Parlement » et de l’« aquarium de Westminster », où leurs jeux était éclipsé chaque jour par les statues imposantes des hommes d'État historiques ! Les premiers tours du tournoi se sont avérés surprenants, car Janowski a pris une avance de 4 points après les quatre premiers tours, tandis que Lasker, qui avait dominé à Nuremburg en 1896, ne détenait que deux points. C'est à ce moment du tournoi que Richard Teichmann a dû se retirer en raison d'une infection oculaire (la même qui l'a rendu plus tard aveugle d'un œil). La défaite de Lasker contre Blackburne au quatrième tour s'avère être sa seule défaite. Il a ensuite battu Janowski lors de leur premier face-à-face au dixième tour, puis n'a plus jamais lâché l'avantage pendant le reste du tournoi. Il a terminé avec quatre points et demi d'avance sur les seconds, affirmant une fois de plus sa domination sur le champ de candidats qui se disputaient sa couronne. Ce devait également être une étape malheureuse pour Steinitz, qui a terminé un tournoi pour la première fois de sa vie sans prix. Ce devait également être son dernier car il mourut dans la pauvreté un an plus tard.

1900 Pillsbury excelle aux échecs les yeux bandés (dits « à l’aveugle »). Il joue souvent à plusieurs jeux en même temps ! Il établit un premier record du monde pour le nombre de matchs simultanés les yeux bandés en jouant 20 matchs à Philadelphie. Il est également un joueur de Dames habile, et y ajoute parfois une partie de Whist !

Ce qui était assez impressionnantes ! Jose Raul Capablanca a écrit à ce sujet : « L’effet des démonstrations de Pillsbury a été immédiat. Ils m’ont électrisé et, avec le consentement de mes parents, j’ai commencé à visiter le club d’échecs de La Havane ».

Avant ses séances d’échecs simultanées, Pillsbury divertissait son public avec des exploits de mémoire qui impliquaient de réciter, avec précision, de longues listes de mots après les avoir entendus ou regardés une seule fois !

Une de ces listes, que Pillsbury a répétée en avant et en arrière, était :

« Antiphlogistine, périoste, takadiastase, plasmon, ambroisie, Threlkeld, streptocoque, staphylocoque, micrococcus, plasmodium, Mississippi, Freiheit, Philadelphie, Cincinnati, athlétisme, Etchenberg, américain, russe, philosophie, Piet Potgelagundi, Bangamecoots Rost, Salma, Schlechter's Nek, Manzinyama, théosophie, catéchisme, Madjesoomalops ».

Une prouesse extraordinaire !

Irving Chernev et Fred Reinfeld, dans le livre « Les Échecs au coin du feu », déclarent que cette liste avait été élaborée par H. Threkeld-Edwards, un chirurgien, et le professeur Mansfield Merriman, professeur de génie civil à l’« Université Lehigh », Bethlehem, PA (laquelle est située dans l'est de la Pennsylvanie (PA) - connue pour sa riche histoire coloniale et industrielle) d'autres sources citent l'emplacement du défi à Londres

Malgré la maladie, l'américain continue la compétition au niveau international : à Londres en 1899, et second à Paris l’année en cours (deux points derrière Lasker).  Il remporte finalement un nouveau tournoi à Munich, mais Lasker est alors absent.

1901 Sur ses terres, il confirme son statut de meilleur joueur américain en remportant facilement le « Tournoi de Buffalo ». C'est l'année où Pillsbury se marie et ne joue pas en Europe.

1902  Son maximum de 22 parties simultanées avec les yeux bandés se joua à Moscou.

Cependant, son plus grand exploit était de 21 matchs simultanés contre les joueurs du « Hanovre Hauptturnier » où il scora + 3−7 = 11.

[NDLR : adolescent, Edward Lasker a joué Pillsbury dans une exposition les yeux bandés à Breslau, contre la volonté de sa mère, et a rappelé dans son livre « Secrets d'échecs que j'ai appris des maîtres » : « il est vite devenu évident que j'aurais perdu mon jeu même si j'avais été dans le plus calme des humeurs »].

Pillsbury a donné une magnifique  performance en remportant 13 des 16 matchs avec les yeux bandés. Il a joué avec énergie et n'a fait aucune erreur (vraisemblablement en rappelant les positions).

L'image de Pillsbury assis calmement dans un fauteuil, le dos aux joueurs, fumant un cigare après l'autre  en répondant aux coups est amusante !



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1903 4e au tournoi Gambit de Vienne 1903.

1904 il termine avec un score négatif au « Tournoi de Cambridge Springs » (situé au nord du comté de Crawford, en Pennsylvanie), remporté avec deux points d'avance par son compatriote Frank Marshall. Ce tournoi reste néanmoins marquant pour Pillsbury, qui bat pour la dernière fois le grand Emanuel Lasker.

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Pillsbury n’a sérieusement faibli qu’à la toute fin, terminant 8ème avec un score négatif.

Ce fut son dernier tournoi car déjà gravement malade, la saison 1904 sera sa dernière de haut niveau.

 
1906 Pillsbury décède le 17 juin 1906 de la syphilis. Il n'est âgé que de 33 ans.

  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Cim_fo10  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Readin10Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Pillsb13  

Pierre tombale de H.N. Pillsbury inhumé au cimetière de Laurel Hill à Reading (Massachusetts).

Bien qu’il y ait un accord général sur le fait que Pillsbury soit mort de la syphilis (la syphilis, connue familièrement sous le nom de vérole ou encore de grande vérole par opposition à la variole, est une infection sexuellement transmissible contagieuse, due à la bactérie Treponema pallidum ou tréponème pâle), on ne sait pas quand et où il a contracté la maladie.

La syphilis peut facilement imiter les symptômes d’autres maladies Pillsbury était malade pendant la deuxième moitié du « Tournoi de Saint-Pétersbourg », ce qui a été attribué à la grippe à l’époque. Il a également été très malade pendant le « Tournoi de Nuremberg » et, bien sûr, pendant celui de « Cambridge Springs ». Enfin, il a subi deux accidents vasculaires cérébraux au cours du dernier semestre de sa vie.

Pillsbury n'a pas écrit de livres d'échecs. Il a écrit des rapports occasionnels dans les journaux sur les tournois et les matches et a écrit une colonne pour le « Philadelphia Inquirer » (« Courrier de Philadelphie »).

Bien qu’il y ait peu de jeux par correspondance connus joués par Pillsbury [NDLR : mes Bases en recense 36], l’une des premières organisations d’échecs par correspondance aux États-Unis a été nommée en son honneur : « Pillsbury National Correspondence Chess Association » (« Association nationale des échecs par correspondance de Pillsbury »).

Voici 3 exemples notables :

1.       https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=obNV/L2cdd0q2rF3gOHLl4m2wzy8LCjn8082uzBXfLqgnjdJRYQWujjAt4es1I1k

2.       https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Alc5xq+nohYPRN3yXYnXiDmi+WyKDS20tzc9fxu1S4hQ6umHrqSqWTh/HomKCYIo

3.       https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Alc5xq+nohYPRN3yXYnXiIQGN+2JiHlmzUxdwzk7dbNRaavkUddxz7Ga5lJMRL6j

Bien qu'il ait continué à jouer avec succès dans ses dernières années (remportant notamment de nombreuses victoires contre Emanuel Lasker), il ne fut jamais en mesure de s'attaquer au titre mondial.

Malgré cette conclusion décevante, en comptant une partie de démonstration jouée en 1900, Pillsbury est un des rares joueurs à avoir un score égal contre le grand Lasker : cinq victoires et cinq défaites.

Ajoutons que ce dernier était au sommet de son art durant toute la carrière de l'américain. Hélas, Pillsbury ne réitérera jamais son succès d'Hastings. Nul doute que s'il avait eu sa chance, il aurait été un candidat très sérieux au titre mondial.

Malgré une carrière détruite par la maladie, l’ascension fulgurante de Pillsbury et son score contre Lasker font de lui l'un des plus grands joueurs de la fin du XIXème siècle.

Pillsbury négocia les conditions finales du premier match câblé anglo-américain avec Sir George Newnes, président du « London Chess Club ».

Le premier match de la série a eu lieu du 13 au 14 mars 1896. L’équipe des États-Unis avait les Blancs sur les tableaux impairs et l’équipe britannique avait les Blancs sur les tableaux pairs. L’équipe des États-Unis a gagné par un seul match.

Dans l'ordre des échiquiers (1er nommé = E-U) – Score : E-U 4,5 - GB 3,5 :

Pillsbury vs Balckburne ½-½, Shovalter vs Brûler 1-0, Burille vs Oiseau 0-1, Barry vs Tinsley 0-1, Hymes vs Locock ½-½, Hodges vs Mills 1-0, Delmar vs Atkins ½-½, Baird vs Jackson 1-0.

Sir George Newnes a fait don de la « Coupe Newnes ». Laquelle est depuis organisée par l’équipe gagnante chaque année jusqu’au match suivant. Pillsbury a joué sur le premier tableau pour l’équipe américaine dans les huit premiers matchs du câble (+1 -2 =5).

Il a écrit qu’après son succès à Hastings, qu’il avait été question d’organiser un match pour le titre avec Lasker, mais, comme avec tant de matchs de championnat du monde proposés au fil des ans, rien n’en est sorti. L’incapacité de Pillsbury à obtenir un match pour le titre contre Lasker était probablement due à l’échec des difficultés pour lui d’obtenir suffisamment de soutien financier pour inciter Lasker à accepter un match …

Le monde des échecs regrettera toujours de n'avoir pu assister à un championnat du monde opposant Pillsbury à Lasker. Il semble bien que ce dernier n'y tînt pas beaucoup …

À suivre …
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Jean François EPINOUX
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 22.07.22 6:26

 La « Flamboyance » du style en action …




PREMIERE PARTIE
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Fm_110Frank James Marshall (1877-1944)  :

https://en.wikipedia.org/wiki/Frank_Marshall_(chess_player)

1877 Frank James Marshall née à New York le 10 août 1877, ce qui fait d'aujourd'hui son 140e anniversaire.

Il se fera connaitre comme le joueur d'échecs américain qui fut l'un des plus forts de la première moitié du XXe siècle.

Lorsque Marshall a huit ans, la famille déménage à Montréal, au Canada. Son père était un très bon joueur d'échecs et les a enseignés à Frank lorsqu'il avait dix ans. Le jeune Marshall se montrant prometteur au jeu, on l'encouragea à se rendre au « Hope Coffee House » (« Café de l'espoir » le bien nommé !), où se réunissaient les meilleurs joueurs d'échecs de la ville.

Dans son autobiographie, « Marshall's Best Games of Chess » (« Les meilleures parties d'échecs de Marshall »), il écrit : « Une opposition plus sévère a de nouveau développé mon jeu et avant très longtemps, j'ai pu battre facilement les joueurs de café »

1890 À l'âge de 13 ans, Frank Marshall est déjà le meilleur joueur de Montréal,

1892 à l'âge de 15 ans il remporte le championnat du « Club d'échecs de Montréal ».

1893, William Steinitz donne une partie simultanée, à laquelle Frank Marshall participe. Bien qu’il ait perdu la partie en seulement 26 coups, il a néanmoins été félicité par l'ex-champion du monde : « J'ai rarement eu un adversaire aussi jeune, qui m'a causé autant de problèmes ».

1896 à 19 ans, Marshall retourne aux États-Unis et vit à Brooklyn, qui ne fait pas encore partie de New York. Il s'inscrit au « Brooklyn Chess Club » (premier club officiel dédié au jeu était le « Brooklyn Chess Club » créé en 1869 pour promouvoir les échecs comme activité récréative et organiser des tournois d'échecs annuels) et au « Manhattan Chess Club » (deuxième plus ancien club d'échecs des États-Unis après le « Mechanics Institute Chess Club de San Francisco » avant sa fermeture 2002).

1897 à 22 ans, il remporte les championnats des deux clubs !

Lesquels financent le voyage de Marshall au « Tournoi de Londres en 1899 ». Marshall n'était pas assez connu pour participer au tournoi « A », il prend donc part au tournoi principal et le remporte.

1898 Marshall participe au célèbre « Tournoi de Paris » (au « Grand Cercle » sur le boulevard Montmartre, durant l’ « Exposition Universelle »). Il termine troisième ex-aequo avec Marozcy derrière Lasker, alors champion du monde, et Pillsbury.  

La victoire sur Lasker par l'Américain, inconnu en Europe, fait sensation et Marshall est catapulté sous les feux de la rampe.Démonstration :


https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Lu+IIT2DpWYWI0C5Ro+ogHyKIJOV6NP3Tghxmds9qnTLFzSpf/LdY3ZGaBwdwVPO

À peine trois ans plus tard, Marshall était déjà assez fort pour défier Lasker pour le titre de champion du monde. Cependant, il ne pouvait pas répondre aux exigences financières de Lasker : 5000 dollars !

1904 En avril-mai, Frank remporte le « Tournoi international de Cambridge Springs » devant le champion du monde Lasker (2e) et les champions américains Showalter (5e) et Pillsbury (8e-9e).

En octobre de la même année, il sort vainqueur du « Septième congrès américain » à Saint-Louis ; mais ce Tournoi ne comptait pas pour le titre de champion des États-Unis car Showalter et Pillsbury n'y participaient pas. Marshall, dans la trentaine, n'accepte pas le titre en raison de l'absence de Pillsbury, malade de la syphilis.

Frank s'impose toutefois avec deux points d'avance sur Lasker et Janowski.

1905, Marshall affronte deux autres challengers possibles du champion du monde : David Janowski et Sigbert Tarrasch. S'il bat le premier par +8=4-0, il est battu par le second par +1=8-0.

1906  Pillsbury meurt, Frank Marshall prétend récupérer le titre.

Il remporte le « 15ème congrès de la Fédération allemande des échecs » (« 15. Kongress des Deutschen Schachbundes ») à Nuremberg (deuxième plus grande ville de l'État allemand de Bavière après sa capitale Munich) devant Tarrash et Janowski.

Frank écrit dans « My Fifty Years of Chess » (page 16), sur l'extraordinaire expérience de contrôle du temps que les organisateurs du « Tournoi de Nuremberg 1906 » ont tenté de mettre en œuvre :

« Une chose qui a rendu ce tournoi difficile était une autre expérience : une tentative d'abolir le temps limite !  Je remarque que « The Year Book of Chess » a dit sur le sujet : « Les règles étaient : Pas de limite de temps pendant les six premières heures d'une partie, ensuite 15 coups par heure et une pénalité d'un shilling pour chaque minute en plus »  pour éviter ces restrictions absurdes, Leonhardt et Przepiorka, à un moment de leur partie, se sont mis d'accord pour faire un certain nombre de coups sans signification afin d'échapper à l'amende et de gagner du temps !  D'autres joueurs ont copié cette procédure ! 

L'incident le plus amusant s'est produit dans la partie Salwe-Tarrasch. Non seulement le Dr Tarrasch a subi une défaite dans cette partie, mais ayant consommé beaucoup de temps pour tenter d'éviter ce désastre, il a dû payer 4 livres et 15 shillings pour ce privilège !  Après cela, la règle a été modifiée comme suit : « Aucune limite de temps ne sera appliquée le premier jour, mais seulement lors des parties ajournées »pour ma part, je n'ai pas laissé ces règles bizarres me déranger beaucoup, mais j'ai simplement continué à jouer de bons échecs. »
Démonstration :


https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Bjcc0iXhydqwQxAgVv6fxFt5Bjuf4z9lS+h0Q+hL6aOqSLuN+2jqIooZ+ePel/MH

1907 Comme les compétitions possibles pour le championnat du monde contre Tarrasch et Maroczy n'avaient pas abouti, Lasker, qui vivait alors aux États-Unis, a finalement accepté le défi de Marshall et espérait financer la compétition via des sponsors américains.

Le match se déroule de janvier à avril 1907, le premier à huit victoires (les nuls ne comptent pas), avec des parties jouées à New York, Philadelphie, Baltimore, Chicago et Memphis. L'échec de Marshal fut spectaculaire, puisque Lasker lui infligea un score dévastateur : +8 =7

-0.

1909 le Cubain José Raul Capablanca, vainqueur en match de Marshall et soutenu par la « New York Chess Association », revendiqua le titre national américain en promettant de demander la nationalité américaine. Les deux joueurs désignèrent le juriste et amateur d'échecs Walter Shipley pour trancher quel était le champion après la mort de Pillsbury et Shipley reconnut Showalter comme le champion légitime que devaient affronter les prétendants.

Après avoir remporté un match contre Jackson W. Showalter, Marshall accepta le titre de « Champion des Etats-Unis ». https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Lu+IIT2DpWYWI0C5Ro+ogN8H5jvkKtjGwwwd8PheVVYNeS/lsgKUJu/mCXLUIVKQ

Titre qu’il conservera jusqu’en 1936.À l'approche de la Première Guerre mondiale, Marshall rencontre l'artiste "dada" Tristan Tzara


[NDLR : Tristan TZARA (né Samuel Rosenstock) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tt11 (1896-1963) était un poète, essayiste et artiste d'avant-garde français d'origine roumaine. Il se signalait également en tant que journaliste, dramaturge, critique littéraire et d'art, compositeur, réalisateur de films. Il fonde à Zurich le « mouvement dada » (dadaïsme) qui sert de pôle d'attraction à l'avant-garde internationale. C'est un mouvement intellectuel et artistique qui apparut à New York et à Zurich (1916), se diffusa en Europe jusqu'en 1923 et exerça, par sa pratique subversive, une influence décisive sur les divers courants d'avant-garde.

Quel est le but du dadaïsme ? L'objectif du dadaïsme est de renverser les conventions, dont celles de la littérature. Il se révolte contre la guerre et prône la liberté de création.

La liberté absolue, l'immédiateté, la contradiction et la spontanéité du dadaïsme visaient à renverser les lois de la logique, la pensée immobile, les concepts abstraits, l'universalité et l'éternité des principes.

C’est un mouvement précurseur du « surréalisme », mouvement, défini par André Breton Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Ab11  (1896-1966) - poète et écrivain français, principal animateur et théoricien du mouvement - dans le « Manifeste du surréalisme » publié en 1924 il définit le surréalisme comme un « automatisme psychique pur » permettant d'exprimer la réalité de ses pensées, sans censure, que ce soit par l'écriture, le dessin, ou de toute autre manière. Ainsi repose-t-il sur le refus de toutes les constructions logiques de l'esprit et sur les valeurs de l'irrationnel, de l'absurde, du rêve, du désir et de la révolte].

Il rencontre également Marcel Duchamp qui s'est pris de passion pour les échecs à New York, où il s'est beaucoup occupé de ce jeu. Plus tard, il abandonnera sa carrière d'artiste pour devenir un professionnel des échecs.

Henri-Robert-Marcel Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... France15 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Images12 DUCHAMP Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Usa_bi12  (1887-1968), est né à Blainville, en Normandie. C'était un artiste français qui a brisé les frontières entre les œuvres d'art et les objets du quotidien. Son irrévérence à l'égard des normes esthétiques conventionnelles l'amène à concevoir ses célèbres « ready-mades » (« prêts à l'emploi ») et annonce une révolution artistique.

Duchamp était ami avec les dadaïstes, et dans les années 1930, il aida à organiser les « Expositions surréalistes ». Il deviendra citoyen américain en 1955.

Ses premières peintures de figures sont influencées par Matisse (peintre, dessinateur, graveur et sculpteur français) et le fauvisme (le fauvisme (ou les fauves) est un mouvement pictural né en France au début du XX siècle. Les artistes de ce mouvement privilégient les qualités picturales et une utilisation de la couleur forte. Le mouvement en tant que tel n'a duré que quelques années) ...


1911 Marcel Duchamp crée une marque personnelle de cubisme combinant des couleurs terreuses, des formes mécaniques et viscérales, et une représentation du mouvement qui doit autant au futurisme qu'au cubisme.

Son Nu descendant un escalier, Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Nu_des11 exposé en 1912 au « Philadelphia Museum of Art », fait sensation à l’« Armory Show de New York » en 1913.

Après la sensation provoquée par ce « Nu descendant un escalier », il a peint peu d'autres tableaux.

La même année Marshall termine quatrième du « Tournoi de Karlsbad », remporté par Richard Teichmann devant Schlechter et Rubinstein.

1912 Dans une partie jouée à Biarritz contre David Markelovitch Janowski, Frank Marshall opéra (avec les Noirs) joue un sacrifice de Dame spectaculaire :

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Bjcc0iXhydqwQxAgVv6fxGPb+H7aGsv/NNKNISCZbOdqa9CpdBdufo1r+hvzxIl9

En février-mars 1912, Marshall finit sixième du « Tournoi de Saint-Sébastien » où (en l'absence de Capablanca), il finit troisième du « Tournoi de Pistyan » (mai-juin 1912).

En juin, fut organisé un tournoi thématique à Budapest qui dura une semaine. Marshall finit premier ex æquo avec Schlechter, devant Duras, Maroczy, Teichmann et Vidmar.

1913, Duchamp crée son premier "ready-made". Il s'agit d'objets ordinaires d'usage quotidien, parfois légèrement modifiés Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Pisso11 (!) désignés comme « œuvres d'art » (sic) par l'artiste

Duchamp continue d'être un personnage d'une importance capitale dans le monde de l'art.

Il consacre également beaucoup de temps à la pratique des échecs en tournoi.

Pendant ce temps, Marshall a fondé ce qui allait devenir le « Marshall Chess Club », toujours en activité, à New York Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Mcc11


Selon les calculs du statisticien Jeff Sonas, Marshall a atteint son pic de force en 1913 et était, après Akiba Rubinstein, le deuxième meilleur joueur de cette époque. Dans la liste des meilleurs joueurs de l'histoire, Sonas a placé Marshall au numéro 29, derrière Mikhail Chigorin, devant Peter Leko.

Démonstration :

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=X2jTWYHsKb7dZU7x6wq1KYVSakCxh6xgreSagwkCww8TdLOVBGxRvQsXnbUOa3D1

1914 Frank Marshall fait partie des joueurs qui ont été surpris par le déclenchement de la « Première Guerre mondiale » alors qu'il participait à un tournoi à Mannheim.

À Saint-Pétersbourg en 1914, Marshall fut l'un des cinq joueurs à participer à la finale, les autres étant Lasker, Capablanca, Alekhine et Tarrasch. Frank finit cinquième du tournoi préliminaire (+3 -1 =6) et dernier de la finale (+1 -5 =2).

C’est alors que l'Allemagne déclare la guerre à la Russie (le 1er août), la France (le 3 août), la Grande-Bretagne se joignant à elle le lendemain. Le congrès est arrêté le 1er août 1914.

Le tournoi se déroulait dans la « Ballhaus » (« Salle de bal »), un bâtiment situé dans les jardins du château de Mannheim.

Marshall quitta l'Europe et resta en Amérique pendant dix ans.

Le « 19. Kongreß des Deutschen Schachbundes » (« 19e Congrès de la Fédération allemande des échecs » ou « 19e congrès du DSB »), comprenant plusieurs tournois, débute le 20 juillet à Mannheim.

Marshall jpue dans le « Meisterturnier » (« Tournoi des maîtres ») pour les États-Unis.

Contrairement aux joueurs russes comme Alexander Alekhine et Efim Bogoljubov, qui sont détenus, Marshall, en tant que citoyen des États-Unis initialement neutres, reçoit une compensation de 375 Marks allemands et retourne aux États-Unis.

Avec Lasker, Capablanca, Tarrasch et Alekhine, il reçoit le titre de « Grand Maître » décerné par le Tsar Nicolas II de Russie aux 5 premiers du « Tournoi de Saint-Pétersbourg ».

1915 Un événement va prendre de l’importance au fil des années : c’est la fondation du « Marshall's Chess Divan » au « Keene's Chop House », à New York. L'objectif était d'établir un lieu de rencontre central pour les amateurs d'échecs.

« J'avais l'idée », dira Marshall, « de faire du Divan un lieu d'instruction où les jeunes joueurs seraient encouragés et où tous les joueurs d'échecs pourraient se sentir libres de se réunir ».

La vie échiquéenne en Europe s'arrête pendant et après la « Première Guerre mondiale ».

1923 Ce qui n’empêche pas Marshall de remporter, aux États-Unis, le « Tournoi de Lake Hopatcong » (plus grande étendue d'eau douce du New Jersey), ex æquo avec Abraham Kupchik.

 

FIN de la première partie
À suivre …
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 24.07.22 10:10

DEUXIÈME PARTIE
 
La « Flamboyance » du style en action …
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Fm_215
Frank James MARSHALL (1877-1944) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Usa_bi17
La vie échiquéenne reprend tardivement en Europe
[b]après la « Première Guerre mondiale » (1914-1918)[/b]
1925 les grands tournois sont à nouveau organisés.

Marshall joue à Baden-Baden (Allemagne dans le Bade-Wurtemberg en Forêt Noire).

Puis ce sera une 5ème place partagée à Marienbad (station thermale de Bohème du district de Cheb, dans la région de Karlovy Vary, en Tchéquie).

C’est aussi l’année où le « Tournoi international d'échecs de Moscou » est organisé par Nikolaï Krylenko du 10 novembre au 8 décembre. Il est remporté par Efim Bogoljubov devant les champions du monde José Raúl Capablanca et Emanuel Lasker.

Il s'agit du premier tournoi international financé par l’« État soviétique » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Soviet11.

Frank termine 4ème/21 joueurs derrière Bogoljubov, Lasker et Capablanca.

1926 il finit sixième et dernier (+1 -9 =10) du « Tournoi de New York » remporté par Capablanca devant Alekhine.

Les expériences de Marshall dans les ouvertures furent critiquées par Nimzowitsch comme des « extravagances ». Néanmoins, il parvint à établir l'égalité avec les Noirs contre Capablanca grâce à une ouverture qui deviendra populaire 30 ans plus tard (!) sous le nom de « Défense Benoni moderne ».

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=CZm79zd8hQ8HWyefmxJn8N2+pky5ErdFhbp4/8Ts/H+Slv49PjctTVwzU4CF1Vh/

[NDLR : selon « wiki » : « l'ouverture tient son nom d'un manuscrit allemand publié en 1825 par Aaron Reinganum sous le titre de « Ben-Oni oder die Vertheidigungen gegen die Gambitzüge im Schache » soit « Ben-Oni ou les défenses contre les coups de gambit dans l'échec ».

« Ben oni » vient de l'hébreu qui signifie « Fils de ma douleur » tiré de la Torah (Genèse 35:18).

La « Défense Benoni moderne » (codes ECO A60 à A79) est définie par les coups : 1. d4 Cf6 2. c4 c5 3. d5 e6 4. Cc3 exd5 5.cxd5 d6.

Elle est parfois aussi appelée « Système Hromádka », du nom du joueur d'échecs tchécoslovaque Karel HROMÁDKA Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Hromat12 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tchzoq17(1887-1956).

La défense Benoni moderne fut popularisée par les champions du monde Mikhaïl Tal et Bobby Fischer »].

1927 à 50 ans, Marshall revient en Europe et finit 3ème sans défaite (+4 =7) du « Tournoi de Londres » remporté par Nimzowitsch et Tartakover.

1928 il termine 7ème du « Tournoi de Bad Kissingen » (au nord de l'État libre de la Bavière) avec moins de la moitié des points ; puis 4ème (+2 -1 =6) du « Tournoi de Brno » (en Tchéquie région de Moravie-du-Sud).

À Budapest Marshall finit 2ème (+4 -1 =4) derrière Capablanca car il dut renoncer à la première place après sa défaite contre Steiner

Marshall finit 7ème et dernier du « Tournoi de Berlin ».

1929 entre le 24 octobre et le 29 octobre, l'économie américaine est frappée par le « Krach de Wall Street ». Plus de la moitié de la valeur des actions américaines est détruite d'un seul coup.

Les échecs américains ont également été durement touchés par le manque de parrainages. Le club d'échecs de Marshall est alors en difficulté. Il est obligé de déménager, mais il survit grâce à l'aide de ses mécènes.

Marshall remporte le « Tournoi d’Hastings » (+4 -1 =4), ex æquo avec Colle et Takacs.

Il finit 6ème avec la moitié des points, lors du « Tournoi international de Bradley Beach » remporté par le champion du monde Alekhine.

Le « Quatrième Tournoi International des Maîtres d'échecs » (« Fourth International Chess Master Tournament »), qui s'est tenu dans la station thermale de Karlsbad (Tchécoslovaquie), était un tournoi auquel participaient 22 des meilleurs maîtres d'échecs du monde. Toutefois, le champion du monde Alexander Alekhine et l'ancien champion du monde Emanuel Lasker manquaient à l'appel. La liste des joueurs comprend des noms tels que Jose Capablanca, Efim Bogoljubov, Frank Marshall, Akiba Rubinstein, Milan Vidmar, Aron Nimzowitsch et Rudolf Spielmann.

Parmi les invitations restantes, on notera la participation de Vera Menchik Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tchzoq17 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Vm_214 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Royuni14 (1906-1944), 1ère « Championne du Monde Féminine », de 1927 à sa mort.

[NDLR : (sources diverses) « Vera Menchik, est née d'un père tchèque et d'une mère anglaise. La famille s’installe en Angleterre alors qu’elle à quinze ans (en 1921). La même année, elle remporte le championnat féminin junior d'Angleterre (« British Girls Championship »). Elle devient l'élève de Géza Maróczy Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Marocz13 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Dr_hon12 (1870-1951), qui s'était installé à Hastings en 1922. Il était professeur de mathématiques et ingénieur. Bien qu'il n'eût jamais disputé de match pour le championnat du monde d'échecs, il fit partie de l'élite mondiale pendant 40 ans (de 1895 à 1936). « Champion de Hongrie en 1932 », il remporta les olympiades d'échecs de 1927 et 1936 avec son pays et finit deuxième de l'olympiade de 1930. La FIDE lui décerna le titre de Grand Maître International (GMI) lors de la création du titre en 1950]. 

À partir de 1927, la « Fédération Internationale des Échecs » (FIDE) organise en marge des Olympiades d'échecs masculines (il n'y a pas encore d'Olympiades réservées aux femmes) un tournoi individuel féminin, considéré comme un véritable championnat du monde d'échecs féminin. Le premier eut lieu à Londres en 1927. Vera le gagne.

« Première championne du monde d'échecs féminin », elle a également participé à plusieurs tournois d'échecs avec certains des plus forts maîtres masculins de l'époque, en battant plusieurs d'entre eux, y compris le futur champion du monde Max Euwe

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=QQ4YZLotFin1YerZ61quAOTH5Kqc1cSrPi4Rn+2RKv22Fp53h0M20R6mVXktFg2W

Vera Menchik remportera tous les tournois d'avant-guerre, ne laissant aucune chance à ses concurrentes : en sept tournois consécutifs et 83 parties, elle enregistra 78 victoires, 4 nulles et 1 seule défaite. Son règne dura 17 ans (jusqu’à sa mort, avec sa mère, dans un bombardement de Londres …)

Elle s'est donc jointe au tournoi au grand dam de certains collègues masculins, dont Albert Becker.

[NDLR : autant par la trouille de la rencontrer un jour sur l’échiquier, qu’atteint d’une misogynie basique … !]

Le tournoi s'est déroulé à l'hôtel « Kurhaus Imperial » du 30 juillet au 28 août. Ce fut l'heure de gloire de Nimzowitsch, avec une victoire sensationnelle sur Savielly Tartakower qui le propulsa à la première place et au grand prix de 20 000 couronnes

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=W55k1PnhMTnrRwhDZ4UHbGs2pssqW66q+o/z56cIu1y1So/z2Phm00JutKS5MhwC

Bien qu'il ait utilisé cette victoire pour faire campagne pour son droit à défier Alekhine pour le championnat du monde, des défaites contre le champion du monde à San Remo (1930) et Bled (1931) réduiront ses chances de concourir pour la couronne mondiale.

Néanmoins, cette victoire parmi un tel groupe de maîtres d'échecs restera comme le point culminant de sa carrière.

Au « Tournoi de Karlsbad », Marshall finit 18ème/22 joueurs, (deux de ses parties reçurent des prix de beauté).

Par ailleurs, Marshall partage la 4ème place au « Tournoi de Moscou » gagné par Alekseï Gontcharov.

1930 Dans les années 1930, il participa à 5 olympiades d'échecs. Lors de ces Olympiades, l'équipe des États-Unis finit sixième en 1930 à Hambourg, puis remporta quatre médailles d'or par équipe : en 1931 à Prague ; en 1933 à Folkestone ; en 1935 à Varsovie et en 1937 à Stockholm.

Ces succès ne furent plus répétés par l'équipe américaine avant plusieurs décennies. Les États-Unis ne remportèrent la compétition à nouveau qu'en 1976 (en l'absence de l'équipe soviétique) et en 2016.

Lors de l’ « Olympiade de Hambourg 1930 », il n'y avait pas d'ordre établi dans les équipes et Marshall joua alternativement au premier et au deuxième échiquier avec Isaac Kashdan.

Il finit 4ème du classement individuel, tous joueurs confondus, avec 12,5 points sur 17, derrière Rubinstein (15/17), Flohr (14,5/17) et son coéquipier Kashdan (14/17).

L'équipe américaine, avec Herman Steiner et deux autres joueurs plus modestes (en l'absence de Al Horowitz, Abraham Kupchik et Edward Lasker), finit sixième de la compétition.

[NDLR : à l’époque, les Olympiades sont des compétitions mondiales par équipes et par pays organisée par la FIDE. Les pays s'affrontent sur 4 échiquiers. Les points ne sont pas attribués au regard des résultats des matches inter-nations, mais en fonction des résultats individuels sur chaque échiquier (un point par partie gagnée, un demi-point pour une nulle, zéro point pour une défaite)].

Suivent :

1933 « 5ème Olympiade » du 12 au 23 juin à Folkestone (Angleterre), vainqueur Etats-Unis, la France termine 8ème/9 …

1935 « 6ème Olympiade » du 16 au 31 août à Varsovie (Pologne) avec 20 nations. Vainqueur les Etats-Unis. La France se classe 10ème. Les organisateurs avaient demandé, en vain, à Moscou d'y envoyer une équipe soviétique. En revanche, la Lituanie, alors en conflit avec la Pologne est bien présente, tout comme la Palestine (futur état d'Israël), première nation non-européenne, en dehors des participations régulières des États-Unis et de l'Argentine. En revanche l'Allemagne nazi qui ne fait plus partie de la FIDE est absente. La compétition se déroule en poule unique, toutes rondes.

1937 « 7ème Olympiade » du 3 juillet au 14 août à Stockholm (Suède). Les États-Unis sortent vainqueurs devant la Hongrie, la Pologne, l’Argentine et la Tchécoslovaquie.

La France n'est pas présente …

1942 Le « Marshall Chess Club » est durement touché par l'entrée des États-Unis dans la « Seconde Guerre mondiale ». De nombreux membres sont recrutés, dont le fils de Marshall, Frank Rice.

Cette année-là, José Raúl Capablanca y Graupera, meurt le 8 mars 1942 à Harlem (New York), à la suite d’une seconde attaque au « Marshall Chess Club ».

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tombe_16
[NDLR : En 1914, à l'issue du grand « Tournoi de Saint-Pétersbourg », José Raúl Capablanca y Graupera, qui venait de livrer un chassé-croisé d'anthologie avec le Dr Emanuel Lasker pour la première place (à voir absolument :  https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=bVp3gUfEIpN++JAHa/QHrQirc5s1jb23AGpYEbyM/Pr5jugwpgOfyJdUiZLtjO3M )

... défia publiquement ce dernier pour le titre de champion du monde, prophétisant que le prochain champion serait lui-même ! Le Dr Lasker, le géant prussien champion du monde depuis vingt ans, ne daigna par répondre au défi lancé par son jeune adversaire natif du « Nouveau Monde » (un peu de nostalgie pour les mélomanes : https://www.youtube.com/watch?v=x8put9qMkBQ )

Quand Capablanca prend sa plume en 1919 pour rédiger son ouvrage « Ma Carrière échiquéenne », il s’investit d'une « mission de reconnaissance » :

. lui, Capablanca, le champion incontesté des Amériques ;

. lui, le champion des Alliés qui viennent d'obtenir sur les champs de bataille de la « Grande Guerre » la reconnaissance par l'Empire allemand de sa défaite ;

. lui, Capablanca, doit obtenir à présent du « géant prussien » (Lasker) sa reconnaissance dans l'univers des soixante-quatre cases …

Capablanca va donc renouveler son défi au Dr Emanuel Lasker et, pour ce faire, il va rédiger l'ouvrage que voici

   Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 97818415  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 23220915
C’est un superbe recueil de ses meilleures parties commentées par lui-même.

Cet ouvrage fut le livre de chevet du jeune Anatoli Karpov qui écrira : « Sa fascinante intuition permettait à Capablanca de découvrir, parfois avec une grande facilité, les conceptions stratégiques les plus complexes, ainsi que leurs solutions ».

Champion du monde des échecs de 1921 à 1927, Capablanca est réputé pour la clarté de son jeu, donnant l'impression de jouer avec une facilité déconcertante, ainsi que pour son art de jouer les finales. Au cours de sa carrière, il perdit rarement des parties. Il resta invaincu de 1917 à 1923 ! … ce qui lui valut d'être surnommé « The Chess machine » (« La machine à jouer aux échecs » !)]

1944 le 9 novembre, Frank Marshall se rend à Jersey City, où il veut passer la soirée au « Bingo » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bingo11. Dans la rue, il s'effondre victime d'une crise cardiaque et décède. Il avait 67 ans.

Ses funérailles ont lieu le 13 novembre 1944.
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Images16
 

Le « Marshall Chess Club » a continué d’être dirigé par Carrie, Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Carry13 la veuve de Marshall, jusqu'à sa mort en 1971.

Au fil du temps, dix livres sont parus sous le nom de Marshall. La plupart d'entre eux ont été écrits par Fred Reinfeld sur la base des notes manuscrites de Marshall, « The Immortal Games of Capablanca » (« Les parties immortelles de Capablanca ») Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image116 est le plus célèbre.

En définitive, Frank James Marshall utilisait un style d'attaque romantique, avec lequel il pouvait submerger de nombreux joueurs, mais contre certains spécialistes de la « défense », il avait du mal. C'est également la raison de son nombre élevé de défaites contre Tarrasch et Lasker.

[NDLR :  Jusqu'à la fin, Frank Marshall a apprécié le jeu d'échecs. Il l’exprimait ainsi :

« J'y joue depuis plus de 50 ans, j'ai commencé à l'âge de dix ans, et je suis toujours aussi fort. Pendant tout ce temps, je ne crois pas qu'il se soit passé un jour sans que je joue au moins une partie d'échecs - et j'y prends toujours autant de plaisir ».

Comme nous en avons, chers amis lecteurs, certainement eu en le côtoyant ici …]

 

 

À suivre …
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Message par JeanFrancoisE 02.08.22 22:33

Akiba Rubinstein - Première partie
A la recherche de la perfection absolue
de la pureté aux échecs …
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empire10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Polska16 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Akiba_10 Akiba RUBINSTEIN (1880-1961) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Belgiq10 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Akiba_Rubinstein


De sources diverses :
« Akiva Kiwelowicz (en Polonais ou Kivelevich en Russe) Rubinstein est né en 1882, à une date imprécise (le 30 septembre ? Le 12 octobre ? Le 30 octobre ?) à Stawiski, en "Pologne russe". Sa famille déménage peu après à Bialystok. Son père meurt peu après leur arrivée. Akiba se retrouve le cadet d'une fratrie de 12 enfants.
Il apprend à lire et à écrire dans l'école de la communauté juive Il entre ensuite dans la Yeshivah, où il étudie le Talmud et la Torah. A ce moment, il ne parle que le yiddish et l'hébreu. La voie vers le rabbinat semble toute tracée (comme son père et son grand-père).
 
Comment il a été amené à lire un premier livre d'échecs relève du mythe, mais il est clair qu'il s'est intéressé à ce jeu bien plus tard qu'un Reshevsky ou un Capablanca (quelque part entre ses 14 et 18 ans). Il a appris à jouer aux échecs à l'école avec ses camarades.
 
Né dans une famille juive, Rubinstein était destiné à devenir rabbin. Ofr, il ne termina pas ses études, préférant se consacrer exclusivement aux échecs. Cette décision survint après sa cinquième place obtenue lors d'un tournoi disputé en 1903 à Kiev. Son succès provint, pour une large part, de son entraînement avec le très fort joueur Henryk Jerzy Salwe.
Son premier « initiateur » était un joueur de Bialystok (ville du nord-est de la Pologne, chef-lieu du District administratif - voïvodie - de la région de Podlasie), Gregory G Bartoszkiewicz. Sa plus ancienne partie, issue du « JpC », connue de Rubinstein remonte à 1897 face à son mentor
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aT3OQA/L3SgvuHtt+gaPuWxdCrhNqctQck9yo7QS1W0Txtmfn5fgq/aI/9asLMZI
De figure aux traits épais, trapu, large d'épaules, Akiba est connu pour ses prouesses fantastiques à trouver de belles combinaisons. Il avait une façon tout à fait originale de déplacer les Cavaliers ! Au lieu de les lever pour les changer de place, il les poussait en avant avec l'index et l'annulaire réunis ! Cela semblait bizarre et a donnait une impression de force calme et de pression dynamique …
Trois fois champion de Russie (en 1907-1908, 1909 et 1912), il était un maître réputé au début du XXe siècle. En 1950, la FIDE lui décerna le titre de « Grand Maître International des échecs » alors qu'il avait arrêté sa carrière de joueur 18 ans plus tôt !
En l'absence du champion du monde Emanuel Lasker, qui n'a disputé qu'un tournoi entre 1905 et 1913 (celui de Saint-Pétersbourg 1909),
Il était considéré comme le meilleur joueur du monde, particulièrement habile dans les finales de partie, spécialement dans celles de tours, où il a apporté d'importantes contributions.
Sa victoire dans cette phase de la partie contre Rudolf Spielmann à Saint-Pétersbourg en 1909 lui valut l'éloge de son adversaire : « Akiba, si vous aviez vécu au Moyen Âge, on vous aurait brûlé sur un bûcher, car ce que vous accomplissez dans les finales de tours ne peut être que de la sorcellerie ! ».
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=5BnFxc0iG+MtUhf96PKEWcZRa9LT5iR5mW5Cl/+ZydZFHZqHJizufdz6dNPpsQ43
Il est l'un des premiers joueurs d'échecs à choisir l'ouverture en fonction de la finale
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=IimQmgb35IA7/ylv7ogeotKJ1uY6zUxFOgLy6ujJFFS4so2bhj7XYAQP4bhWCTBN
 
Il a créé le système Rubinstein contre la « Défense Tarrasch du Gambit de la dame refusé » : 1.d4 d5 2.Cf3 c5 3.c4 e6 4.cxd5 exd5 5.Cc3 Cc6 6.g3 Cf6 7.Fg2 cxd4 8.Cxd4 Db6 (Rubinstein – Tarrasch, 1912)
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=n5GPRueDLS7SqqFnwhdbi0KVdYi2aJVbKkrXc2/ER+HoiOC5gdOCQAc9oo2AQfNY
Il est aussi le créateur de la « variante de Méran » : qui peut commencer comme un « Gambit de la dame refusé » mais qui permet d'atteindre une position qui survient dans le « Gambit de la dame accepté », avec toutefois un coup d'avance pour les Noirs.
[NDLR : (sources diverses) « la « variante de Méran » est une sous-variante de la « Défense semi-slave ». Elle est ainsi dénommée car elle a été pratiquée lors de la partie Ernst Grünfeld - Akiba Rubinstein qui eut lieu dans la ville de Merano (Meran en allemand) en 1924.]. Merano est située dans la province autonome de Bolzano dans la région du Trentin-Haut-Adige dans le nord-est de l'Italie. Surtout connue pour être la principale station thermale au nord de la plaine du Pô]. https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=tbuv//NCwPNHHH15ktb3hSj3Z4921XBjcIkPpBTMSs9X2OEpH1n0NV1vUAE1Wn2b
Le terme « attaque Rubinstein » est souvent utilisé pour désigner 1.d4 d5 2.c4 e6 3.Cc3 Cf6 4.Fg5 Fe7 5.e3 0-0 6.Cf3 Cbd7 7.Dc2.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=n5GPRueDLS7SqqFnwhdbiy+HmLoJJ4Nem+RACe/ve9FJ/AO/dSC1elGKAkdYweE3
Au XXIème S., plusieurs lignes de jeu sont nommées en son honneur :
La variante Rubinstein de la « Défense française » survient après 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 (ou 3.Cd2) dxe4 4.Cxe4.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=24JBxicbyqNWmPKyASrsc78u/CxJKJGmPIpl9f2CD3XXsSMXj2YuWQrUCOqttxtR
La variante Rubinstein de la « Défense Nimzo-indienne » est une ligne régulièrement utilisée : 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 Fb4 4.e3.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=24JBxicbyqNWmPKyASrsc2spKgQEnCrH4EE4OunNkVbpYy0OoU5JZQb0OY+kq67E
Le « piège de Rubinstein » dans le « Gambit dame refusé » est nommé ainsi après que Rubinstein soit tombé dedans par deux fois (!) :
… contre Euwe à Bad Kissingen en 1928
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=z+W7St0EFB9hFv6/8M57Orb8K1hjtXMwtJRRwOlQGE7JkIFm6dAaL510/bfhCT08
… contre Alekhine à San Remo en 1930 
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=ggGNhBaQdfLIibReMzV2tDpzacWthX6hPDCQ0IPhXjYB/luUIE/bJZ5m8Td29YKq
Après quelques années de développement de ses compétences, Rubinstein entre sur la scène internationale en étant d’une force suffisamment puissante pour affronter les joueurs dominants le monde échiquéen des années 1905 à 1912.
Il s'est, en effet, particulièrement distingué ces années-là, où Il obtint ses premières grandes victoires :
1905 à Barmen (ex æquo avec Duras),
1906 Sa carrière a atteint son apogée 1906-1912; Pendant ce temps, il a remporté presque tous les grands tournois internationaux, y compris:
  •  Lódź ; 1907 Ostende (Ex aequo avec Spielmann) et Karlsbad ; 1909 łódź, Pétersbourg et Vilnius ; 1910 Varsovie ; 1912 San Sebastián, Piešťany, Wroclaw, Varsovie et Vilnius.

·       Cette série de cinq victoires consécutives dans la même année de 1912 est un record inégalé. Dans cette période, beaucoup espéraient un match entre Rubinstein et le Champion du Monde Emanuel Lasker avec le titre en jeu. Lasker a toujours évité de le rencontrer : Rubinstein était sans aucun doute l'un des rares challengers dont il avait peur . En 1914, il a finalement commencé une négociation, mais avec le déclenchement de la guerre l'initiative a échoué …
 
1907 c’est par le sacrifice de pratiquement chacune de ses pièces (!) qu’Akiba Rubinstein a conclu une attaque irrésistible face à Gersz Rotlewi. Elle est connue comme étant « la partie immortelle » de son auteur !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=DLxCcmHqffNBOfPBzE+AhDwGX3g17CXUZ5i3vZ3s5SCNXtkHk1/vR43IEIy8bR/f
 
Classement final du « Congrès Panrusse ou Tournoi de Maîtres de toute la Russie 1907 » : 1er Akiba Rubinstein, 2ème Semion Zinovievitch Alapine (maitre Russe important théoricien), 3ème Gersz Salwe (maître polonais), et 4ème Eugène Alexandrovitch Znosko-Borovsky (maître Français d’origine Russe (1884-1954) également professeur et chroniqueur échiquéen, auteur de nombreux livres à succès, dont les fameux « Comment » de l'échiquier » tomes 1 à 6, critique musical et théâtral).
à Ostende (ex æquo avec Bernstein, tournoi B avec 29 participants sans Tarrasch, ni Schlechter, Marshall, Janowski, Burn et A qui participaient au tournoi A)
À Carlsbad devant Maroczy, Leonhardt, Nimzowitsch, Schlechter, Vidmar, Duras, Teichmann, Salwe, H. Wolf, Douz-Khotimirski, Marshall, Spielmann, Tartakover, Janowski, Mieses et Tchigorine.
Et une 1ère place au « Championnat de Russie » à Łódź (Lodz) en décembre.
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Karlsb11
Tournoi d'échecs de Karlsbad (Tchéquie) de 1907 : (assis) Rubinstein, Marco,  Fähndrich, Tschigorin, Schlechter, Hofter,  Tietz, Maróczy, Janowski, Dr. Neustadtl, Drobny, Marshall, (debout) Niemzowitsch, Wolf, Mieses, Cohn, Johner, Leonhardt, Salwe, Vidmar, Berger, Spielmann, Dus-Chotimirski, Tartakower, Dr. Olland.
 
1908 lors de l'édition précédente à Saint-Pétersbourg en 1906, il avait terminé deuxième-troisième ex æquo.
1909 St Petersbourg
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Stpete10
 
1911, Rubinstein  terminé à la 2ème place du « Tournoi de San Sebastian » avec un score invaincu de +9 =14 -0.  Il termine à 0,5 point de Capablanca (première victoire de celui-ci en tournoi international), mais devant Marshall, Tarrasch, Schlechter, Nimzowitsch et d'autres.  Rubinstein a infligé à Capablanca sa seule défaite du tournoi.  Dans cette partie, Rubinstein surpasse Capablanca dans l'ouverture et le début du milieu de jeu (avec le mémorable 17. Qc1 !), et gagne un pion.  Il fait ensuite preuve d'une technique fantastique en finale pour remporter le point https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=DLxCcmHqffNBOfPBzE+AhOFEn4HpFL12EcanYJQA5PhBlFXHX1YVutagQ99PhNlC
Rubinstein a terminé à la 2ème place du tournoi de San Sebastian avec un score invaincu de 9/14.  Il termine à 1/2 point de Capablanca (première victoire de Capablanca en tournoi international), mais devant Marshall, Tarrasch, Schlechter, Nimzowitsch et d'autres.  Rubinstein a infligé à Capablanca sa seule défaite du tournoi. 
Dans cette partie, il surpasse Capablanca dans l'ouverture et le début du milieu de jeu (avec le mémorable 17. Qc1 !), et gagne un pion.  Il fait ensuite preuve d'une technique fantastique en finale pour remporter le point ! A voir absolument
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=LjRuzhO2QpCPwLxpowpZ27+WWFvfZOX03m43DCmrO8dllT6AS5MeoHHOR7uRGxYE
C'est donc par le sacrifice de pratiquement chacune de ses pièces qu’Akiba Rubinstein a conclu une attaque irrésistible.
1912, Rubinstein remporte tournoi après tournoi : il gagne quatre tournois internationaux consécutifs ! San Sebastian, Pistyan, Breslau, Varsovie et Vilna.
En Juillet, à l’ « Université de technologie de Poznań », il a joué 16 matches contre Radosław Wojtaszek et Baadur Džobava (remporté par ce dernier qui a obtenu 5 points sur 8). Ces matches, organisée pour le célébrer, comptaient 8 rencontres : 4 à cadence classique et 4 en jeu rapide.
L’année 1912 fut surnommée l'année Rubinstein ! Ce qui n'avait jamais été fait auparavant dans l'histoire des échecs !
Ce fut une année florissante dans la carrière d’Akiba. Il a terminé premier de 4 tournois majeurs consécutifs :
·       Saint-Sébastien 1912, devant Nimzowitsch, Spielmann, Tarrasch, Marshall, Duras, Schlechter et Teichmann,
·       Pistyan, devant Spielmann, Marshall, Duras, Schlechter et Teichmann
·       Breslau « Dix-huitième congrès international allemand », ex æquo avec Duras, devant Teichmann, Schlechter, Tarrasch, Marshall et Spielmann
·       Vilna « Championnat de Russie », devant Bernstein, Levitski, Nimzowitsch, Flamberg, Alekhine, Levenfisch, Freiman, Alapine et Salwe
 
 À l'époque, il s'agit d'un exploit sans précédent. Selon « chessmetrics » (http://www.chessmetrics.com/cm/CM2/PlayerProfile.asp?Params=199510SSSSS3S112008000000111000000000000010100).
Rubinstein était alors le meilleur joueur du monde de 1912 à 1914
En 1914 un match fut convenu entre le champion du monde Emanuel Lasker et Rubinstein. Malheureusement cet événement n'eut jamais lieu en raison de la « Première Guerre mondiale » …
Rubinstein est toujours considéré comme l'un des joueurs les plus forts à n'avoir jamais remporté le championnat du monde devant celui en titre Emanuel Lasker.
Cette période est sans aucun doute celle de l'apogée de Rubinstein, car personne ne pouvait l'arrêter. 
Voici un exemple de sa victoire à Breslau, où il s’approprie (sic !) les pions de Marshall dans le milieu de partie avant de la convertir en une finale gagnante de Tours et pions !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=0nXgZ9L8Xqi2ss0Dj+Kpil1xi3gUBbLbPjXsreWPAW8O+08UUCepn542H+DNYUYM
Après son impressionnante série de victoires en tournoi en 1912, le champion du monde Lasker accepte le défi de Rubinstein de jouer pour le titre.  Ils conviennent de jouer leur match en 1914.  Malheureusement, la « Première Guerre mondiale » a éclaté et le match n'a jamais eu lieu. Ce sera la première fois que Rubinstein ne pourra pas disputer le titre de champion du monde, bien qu'il ait gagné sa place pour ce faire.
Pendant et après la Première Guerre mondiale, il a continué de jouer dans des événements et des tournois en Pologne.
1914 il devait jouer un match avec Emanuel Lasker pour le championnat du monde d'échecs en 1914, mais il fut annulé en raison du déclenchement de la « Première Guerre mondiale ».
Voici une partie de l’époque qu’il perdit, non sans combattre âprement, face à un Alekhine en pleine ascension de son art. Les commentaires en rapport sont de Tarrasch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=U1Bol/maB6Ft4w6kFGpVk0XVD54FFpBpAm5omT3VHDX2jQkYnlDzvkuz5j8jrfTF
Il n’a jamais été en mesure de retrouver de manière cohérente la même forme après la guerre car sa vie devint la proie de la maladie mentale.
Rubinstein a continué à bien jouer tout au long des années 1920, mais n'a plus jamais eu les résultats réguliers qu'il avait avant la guerre. 
1921 Ainsi, bien qu'il soit resté l'un des joueurs les plus forts du monde jusque-là, sa timidité pathologique et l'érosion de sa confiance en lui ont conduit à une désintégration progressive de ses pouvoirs.
1922 Rubinstein termine à la 4ème place du « Tournoi de Londres », puis à la 2 ème place du « Tournoi d’Hastings » et il remporte le « Tournoi de Vienne » devant Alekhine. 
Le champion du monde Capablanca lui propose de jouer un match, mais ce dernier n'est pas en mesure de réunir les fonds nécessaires.  C'est la deuxième fois que Rubinstein aurait pu (ou même dû) jouer pour le titre de champion du monde …
Par la suite Rubinstein a toujours réussi à obtenir un bon classement dans les tournois majeurs. Cette année-là, il remporte le « Tournoi de Vienne » devant Alekhine et Reti. Cependant, il ne pourra pas répéter l'extraordinaire exploit des années précédentes, car sa santé devint de plus en plus précaire.


À suivre …
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Message par JeanFrancoisE 03.08.22 19:04

Akiba Rubinstein – Deuxième partie
A la recherche de la perfection absolue
de la pureté aux échecs …
     
Akiba RUBINSTEIN (1880-1961)
 
En 1921, José Capablanca bat Emanuel Lasker, qui détient toujours le record de la plus longue détention du titre mondial de l'histoire : 27 ans ! Après l'échec des négociations avec Akiba Rubinstein et Aron Nimzowitch, Capablanca finit par accepter un match contre Alekhine - qui n'a pas encore gagné une seule partie contre le Cubain.
1927 Alekhine écrit un ouvrage remarquable à l’issue du Tournoi :
     Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Chant_22 [url=https://servimg.com/view/18918960/1058]Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Chant_23 [url=https://servimg.com/view/18918960/1059]Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Chant_24[/url][/url]
Éditions connues …
4ème de couverture de la dernière édition :
« En gagnant brillamment au début de l'année le prestigieux « Tournoi de New York 1927 » que relate ce livre, avec 2,5 points d'avance sur le second, José Raúl Capablanca, le troisième champion du monde d'échecs, va réaliser une des meilleures performances de sa carrière. Hélas, les plus grandes gloires précèdent souvent les chutes les plus amères et c'est également durant cette années 1927, en automne, que Capablanca va perdre son titre mondial contre le second du tournoi de New York, à savoir Alexandre Alekhine.

Ainsi s'explique le sous-titre de cet ouvrage, « Le chant du cygne de Capablanca ». Dans cet ouvrage, Alekhine va non seulement retracer le tournoi de New York 1927, mais aussi expliquer comment à ce moment-là, malgré le succès retentissant de Capablanca, pouvait-on déjà distinguer dans son jeu les stigmates de fragilités qui allaient le conduire à sa terrible chute quelques mois plus tard.

Alekhine va s'employer à déconstruire, de manière méthodique et parfois à la limite de la mauvaise foi, le mythe de « joueur invincible » qui nimbait Capablanca à cette époque. Outre relater le tournoi de New York 1927, véritable marathon échiquéen en 20 rondes, ce livre constitue le récit d'une intense rivalité entre deux hommes, entre deux formidables champions que tout sépare. Une œuvre qui a fait date dans l'histoire des échecs ».
En quoi Akiba Rubinstein est-il concerné par ce livre, me direz-vous ?!
Tout simplement au vu d’un retour historique (voir supra) :
En 1912, Akiba Rubinstein apparaît comme un challenger potentiel lorsqu'il remporte les trois tournois les plus forts cette année-là, à San Sebastian, Breslau et Pistyan.
À la fin de 1912 Lasker a entamé des négociations pour un match pour le titre mondial avec Rubinstein et les deux joueurs ont accepté de jouer un match si Rubinstein pouvait lever les fonds. Rubinstein a eu du mal à trouver l'argent ; finalement un match a été organisé pour octobre 1914, mais il n'a pas eu lieu à cause du déclenchement de la « Première Guerre mondiale ». Cependant, la performance relativement médiocre de Rubinstein au tournoi d'échecs de Saint-Pétersbourg 1914 en avril et mai 2e, Rubinstein 7e), signifiait que Capablanca était à nouveau considérée comme le challenger le plus méritant.
De fait, Akiba ne fut que « spectateur » de ce mémorable Tournoi et « lecteur attentif » du livre d’Alekhine … !
1930, il joue au premier échiquier pour l'équipe polonaise qui remporte la médaille d'or aux « Olympiades d'échecs de Hambourg », Akiba a donné, dans un ultime sursaut, la preuve de son talent extraordinaire en marquant 15 points/17 des matches joués (+13 = 4), ce qui conduisit la Pologne à la victoire ! 
1931, il joue à nouveau au premier échiquier pour l'équipe polonaise de 4 joueurs à la « 4ème Olympiade » du 11 au 26 juillet à Prague, en Tchécoslovaquie.
[NDLR : (sources diverses résumées) : « Les points ne furent pas attribués au regard des résultats des matches inter-nations, mais en fonction des résultats individuels sur chaque échiquier, soit un point par partie gagnée, un demi-point pour une nulle, zéro point pour une défaite »].
1932 Rubinstein se retire des tournois d'échecs.  Son état mental s'est sensiblement détérioré, car il souffre de plus en plus de troubles d'anxiété sociale et de schizophrénie
Enfin, il quitte le jeu actif. Il doit être admis dans un sanatorium en raison de l’évolution de sa maladie.
[NDLR : ce livre et le site suivant dédiés à Rubinstein, sont très intéressants 

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 51sn8f10

https://www.chesshistory.com/winter/extra/rubinstein1.html]
En effet, son anthropophobie reconnue montrait des traces de schizophrénie. Ainsi, durant cette période, après avoir joué son coup dans la partie, il allait se cacher dans le coin de la salle du tournoi en attendant la réponse de son adversaire …
Après 1932, Rubinstein n'a plus jamais participé à des tournois d'échecs, bien qu'il ait été invité à le faire.
La lutte qu'il menait depuis toujours contre sa santé mentale s'était aggravée et il dût passer un certain temps dans un « sanatorium » https://www.chesshistory.com/winter/extra/rubinstein1.html
Cependant, il y eut un bon côté à cela, du fait de son isolement éloigné
il fut protégé des tueurs Nazis …
[NDLR : au sujet des problèmes mentaux et du jeu d’échecs, consulter le fil
En 1950, la FIDE a reconnu Rubinstein comme l'un des 27 premiers joueurs à recevoir le titre de Grand Maître.  Son héritage est d'une grande portée, car nombre de ses innovations et idées d'ouverture sont encore utilisées aujourd'hui. 
Les « variantes Rubinstein » de la « Défense Nimzo-Indienne », de la « Défense Française » et de la « Défense Tarrasch » sont toutes considérées aujourd'hui comme les lignes principales de ces ouvertures. 
Ses contributions au « Gambit de la Dame » sont également toujours pratiquées.  Sa « courte mais bonne » partie contre Rotlewi en 1907 est considérée comme l'une des meilleures de tous les temps, et son jeu en finale est toujours utilisé dans de nombreux livres et vidéos !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=dipiSgqEQY+I9NIjbOc7TxTDdedzZpaJ/R5vkYtHhdnPME6zHql3079q93+sql79
[NDLR pour « courte mais bonne », consulter le fil : https://latribunedesechecs.pro-forum.fr/t1752-courtes-mais-bonnes]
En témoignage de cette « légende des échecs », le « Tournoi commémoratif Rubinstein » est organisé chaque année depuis 1963.
Rubinstein s'est particulièrement distingué de 1905 à 1912. Il obtient ses premières victoires :
à Barmen en 1905 (ex æquo avec Duras),
à Ostende 1907 (ex æquo avec Bernstein, tournoi B avec 29 participants sans Tarrasch, ni Schlechter, mais avec Marshall, Janowski, Burn et Tchigorine qui participaient au tournoi A)
à Carlsbad en 1907 (devant Maroczy, Leonhardt, Nimzowitsch, Schlechter, Vidmar, Duras, Teichmann, Salwe, H. Wolf, Douz-Khotimirski, Marshall, Spielmann, Tartakover, Janowski, Mieses et Tchigorine),
à Lodz (Łódź « bateau » en Polonais, d’où son écusson ) 1907 première place au « Championnat de Russie » en décembre1907-janvier 1908 (lors de l'édition précédente à Saint-Pétersbourg en 1906, il avait terminé deuxième ex æquo avec Blumenfeld derrière Salwe).
Ses scores :
Au total, sur 772 parties retenues : +48% =34% -18%
Avec les Blancs 388 parties : +56% =30% -14%
Avec les Noirs 384 parties : +39% =39% -22%
Pour conclure
Le style de Rubinstein formait un pont entre le style de Steinitz et celui des joueurs d'aujourd'hui.
Une maîtrise des ouvertures, une profonde compréhension des conséquences des différents types de structures de pions, et une habileté dans les fins de parties qui n'a jamais été surpassée, couvrent l’ensemble de son répertoire.
Le plus remarquable, cependant, était sa capacité à relier les ouvertures qu'il jouait avec les types de fins de parties qui pouvaient en découler. Cette planification incroyablement profonde est couramment observée chez les champions modernes, mais elle était pratiquement inconnue à l'époque de Rubinstein.
Le style de jeu de Rubinstein était, répétons-le, à la fois positionnel et orienté vers les fins de partie. Il était particulièrement talentueux dans les phases d'ouverture et de finale, sa connaissance et sa compréhension des fins de tours étaient très en avance sur son temps. L'IM Jeremy Silman l'a classé parmi les cinq meilleurs joueurs de fin de partie de tous les temps. 
Le style de Rubinstein ne se limitait pas uniquement au jeu positionnel et à la finale. Dans cet exemple nous voyons Rubinstein mener une attaque brillante. Combien de fois a-t-on l'occasion de voir les pions blancs sur h6 et g6 simultanément ?!
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=0nXgZ9L8Xqi2ss0Dj+KpijmgGc1gLpEKdpSzEbsiDaXI
La caractéristique essentielle de son style était la recherche de la perfection absolue, de la pureté.
Rubinstein est le seul joueur au monde à avoir laissé maintes parties modèles, citées dans les manuels d’échecs comme des exemples de clarté dans la manière de traiter certains types de position.
Il ne jouait un coup que s’il était certain que ce coup était non seulement satisfaisant, mais aussi qu’il correspondait à la logique de la position.
En plus d'avoir produit de grandes contributions à la théorie des ouverture, Rubinstein est connu pour son style brillant et impétueux dans une perfection poussée à l’extrême.
Ceci par un travail solitaire acharné dans l’Histoire des échecs. Cet exemple restera unique jusqu'à ce qu'un autre joueur se distingue en ce sens dans les années 50/60 :
Robert James Fischer  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bobby-14  alias Bobby Fischer
(1943-2008)
Or, tous les autres grands champions doivent leur progrès à la confrontation
avec des joueurs supérieurs, non à un repli sur eux-mêmes.
Le jeune Rubinstein acquit la reconnaissance de la force d’un maître, au vu et au su de tous, quand il battit le champion du club de Lodz, George Salwe en 1903 : https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Dysz9CxkJVmAM4vxYXzaUxSfAo1tF7zl14d0apJteLUib/Cm7KPmq/3ggRTIyM7X
Akiba Rubinstein, champion d'échecs génial, aura été marqué par un destin tragique ...
[NDLR : se pose l’éternelle question de la mince « frontière » entre le génie et la folie … ?
À consulter éventuellement :
https://www.cerveauetpsycho.fr/sd/neurosciences/emile-zola-entre-genie-et-folie-8350.php]
Dès son plus jeune âge, il a montré des signes de troubles mentaux : il souffrait d’« antropofobia » (peur des gens et des contacts sociaux) et même d’hallucinations (lors des tournois il croyait que quelque chose volait autour de lui en permanence ...). Sa mauvaise santé mentale était manifestement un handicap extrêmement difficile à gérer et lui a causé d'énormes souffrances tout au long de sa vie. Mais, malgré son handicap, Rubinstein a été capable de rivaliser brillamment pendant de nombreuses années avec les meilleurs joueurs d'échecs du monde et ses parties sont étudiées et appréciées jusqu'à ce jour.
Ce qui n'e l'empêchait pas, dans ses années d'or, d'avoir un jeu précis et lucide.
Son style de jeu était à la fois positionnel et orienté vers les fins de partie.
Il était particulièrement talentueux dans les phases d'ouverture et de finale. Sa connaissance et sa compréhension des « finales de Tours » étaient très en avance sur son temps.
L'IM Jeremy Silman l'a classé parmi les cinq meilleurs joueurs de fin de partie de tous les temps.  Malgré le calibre de l’adversaire de Rubinstein, futur 4ème Champion du Monde, il a réussi à remporter une finale de Tour qui reste un modèle pour tous aujourd’hui.
Dans cette finale, nous voyons de belles illustrations d’idées fondamentales de fin de partie telles que « le principe de ne pas se dépêcher », le « principe de deux faiblesses », le « processus d’induction des faiblesse », la « prophylaxie et le roi actif ».
Ces principes peuvent sembler abstraits, mais dans les mains d’Akiba, c’étaient des « outils » aussi naturels que le sourire d’un bébé ! [NDLR : à consulter https://www.pousseurdebois.fr/cours/jeu-d-echec-strategie/]
Voici deux parties remarquables
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Airia3RoFvtQN2qDJ9A/wsUxO4HKH/CpI4lt+7XBJ/hoc6wH3sBuP0QbAoVv6TfK
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Airia3RoFvtQN2qDJ9A/wltuznf0FCwBN9yEoV32If4sNxWXNMcmMVak78GUR2iZ
[NDLR nous pouvons dire, au vu de ces exploits, que Rubinstein était meilleur plus tôt et qu’Alekhine est devenu meilleur plus tard !]
Le style de Rubinstein ne se limitait pas uniquement au jeu positionnel et à la finale. Dans cet exemple
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=TUIm7LkZLwanxAjECC5S6m+ZHeR8oFpy13Pitxrp1VB4nT8NmX5z2XbqCDbeM/Tq
nous voyons Rubinstein mener une brillante attaque.  Combien de fois a-t-on l'occasion de voir les pions blancs sur h6 et g6 simultanément ?!
La Pologne a produit quelques-uns des plus grands champions de l’histoire des Echecs, bien qu’aucun ne soit devenu champion du monde.
Akiba Rubinstein est considéré comme l'un des plus grands joueurs n’ayant jamais été champion du monde en raison d'un destin tragique qui l’a empêché d’accéder au triomphe suprême.
[NDLR Si auparavant, Rubinstein était considéré comme le meilleur non-champion, notons que plus près de nous, Paul Keres (1916-1975) a été considéré comme le meilleur joueur à ne pas être devenu champion du monde. Il n’a jamais joué de match pour le titre, mais il a (mal) joué dans le « Tournoi pour le championnat du monde en 1948 » (https://www.europe-echecs.com/art/championnat-du-monde-1948-7290.html).

Plus récemment encore, Viktor Kortchnoï (1931-2016) méritait cet égard. Quant à lui, il a joué deux matchs de championnat avec Karpov en 1978 (https://chess24.com/fr/read/news/le-match-le-plus-sale-de-l-histoire-des-echecs-korchnoi-karpov-1978)

et en 1981 (https://fr.wikipedia.org/wiki/Championnat_du_monde_d%27%C3%A9checs_1981)]

[NDLR : pour la « petite histoire : Akiba Rubinstein est mentionné, avec un rôle important, dans le roman de Paolo Maurensig (1943-2021) romancier italien qui a écrit :

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Varian13

(Déroulé de l’intrigue : « Un dimanche matin, le corps de Dieter Frisch, riche industriel allemand, est trouvé inanimé aux abords de l’échiquier-jardin qui orne le parc de sa villa viennoise. Suicide ? Homicide ? Exécution d’une sentence capitale ? Certes, il n’existe pas de sport plus violent que les échecs, et le jeune Hans Mayer devra payer le prix de sa passion pour cette armée déployée sur les cases blanches et noires. Quant à son maître, le juif Tabori, il ne peut oublier l’interminable partie jouée dans le bureau d’un officier SS, alors que les cheminées des fours assombrissaient le ciel de Bergen-Belsen. Les voix qui alternent pour démêler cette histoire ont une seule et même obsession, grâce à laquelle le cercle finira par se refermer : un coup magistral, périlleux mais efficace, « la variante de Lüneburg »].
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Statue11
Akiba le penseur …
[NDLR : tout au long de cet exposé, nous avons vu que « les caractéristiques essentielles de son style étaient la recherche de la perfection absolue et de la pureté. Rubinstein est le seul joueur au monde à avoir laissé autant de parties modèles, citées dans les manuels d’échecs comme des exemples de clarté dans la manière de traiter certains types de position. Il ne jouait un coup que s’il était certain que ce coup était non seulement satisfaisant, mais aussi qu’il correspondait à la logique de la position »]
Akiba Rubinstein a passé les dernières années de sa vie (jusqu'à sa mort en 1961), dans un grand dénuement,
auprès de sa famille en Belgique ...
Lettre pathétique de Kaethe Aschkenes
parue à la page 1 de Chess Review, mars 1948
(Los Angeles, CA)
« S. O. S. Je vous écris au nom du maître d'échecs Akiba Rubinstein. Lui et sa famille ont survécu à l'occupation Nazie en Belgique de la manière la plus héroïque. Rubinstein a été caché dans un sanatorium pendant plus de quatre ans.
Les Rubinstein ne sont pas seulement appauvris mais sont aussi en mauvaise santé.
Mme Rubinstein, la principale pourvoyeuse de la famille depuis quinze ans, est très malade et Maître Rubinstein est en mauvaise santé. Je suis sûre que cela est connu de vous.
J'ai reçu une lettre très déprimante de Mme Rubinstein l'autre jour, un véritable SOS au monde des échecs. Elle me demande de contacter les amis américains des échecs pour soutenir son mari, le dernier des anciens Maîtres restants en Europe, en détresse et impuissant. Il a perdu sa précieuse bibliothèque ; ainsi il est privé de tout. »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Rubins12
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image117
Akiba Rubinstein a été inhumé dans le carré Juif
du cimetière d’Etterbeek à Wezembbek (banlieue de Bruxelles), en Belgique.
 
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Message par JeanFrancoisE 07.08.22 15:09

1ère partie
Le pédagogue des échecs
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Aaron NIMZOWITSCH
(1886-1935)
Né à Riga (en Lettonie alors annexée à la Russie), d'origine juive, yiddishophone et germanophone, il apprit à jouer aux échecs à 8 ans auprès de son père Shaya Abramovich Nimtsovich (1860-1918), qui était marchand de bois, de sa mère Esfir Nimtsovich et de sa sœur Tsilya-Kreyna Pevzner.
Il fit ses études en Allemagne. 
En 1897, la famille vivait à Dvinsk.,
1904 il s'inscrivit à Berlin afin d'étudier la philosophie. Mais il interrompit ses études dans leur première année pour se consacrer à une carrière de joueur d'échecs professionnel.
1914 Aaron Nimzowitsch s'est fait connaître dans le monde des échecs juste avant la « Première Guerre Mondiale » ; après les années tumultueuses et souvent infructueuses qui s’ensuivirent, il obtint la nationalité danoise, pays où il vécut jusqu'à sa mort en 1935
[NDLR : Le Royaume du Danemark est le plus petit et le plus méridional des pays nordiques. Le Groenland et les îles Féroé, régions autonomes, lui sont rattachées. Armoiries et devise du Danemark : Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Nation10 « L’aide de Dieu, l’amour du peuple, la force du Danemark » (« Guds hjælp, Folkets kærlighed, Danmarks styrke »)]
1922 il commença à jouer les premiers rôles alors qu'il s'installait au Danemark en 1922.  Après les années tumultueuses et souvent infructueuses de la « Première Guerre mondiale », il commença à jouer les premiers rôles alors qu'il s'installait au Danemark en 1922.
Monstre sacré du jeu d'échecs, figure de proue des hypermodernes, les théories échiquéennes de Nimzowitsch allaient à l'encontre des conventions. Il eut un conflit long et quelque peu amer avec Siegbert Tarrasch sur les idées qui constituaient un jeu d'échecs correct. Alors que Tarrasch affinait l'approche classique de Wilhelm Steinitz, selon laquelle le centre devait être contrôlé et occupé par des pions, Nimzowitsch brisait ces hypothèses dogmatiques et proposait de contrôler le centre avec des pièces éloignées. De cette façon, l'adversaire est invité à occuper le centre avec des pions qui deviennent ainsi les cibles de l'attaque. Cette idée est connue sous le nom d’« École hypermoderne de la pensée échiquéenne ».
Nimzowitsch, avec d'autres penseurs hypermodernes tels que Richard Reti, a révolutionné les échecs, en prouvant au monde que le contrôle du centre de l'échiquier était plus important que son occupation effective selon la stratégie impliquée par sa célèbre maxime : « D'abord retenir, puis bloquer, enfin détruire » !  
En 24 ans de carrière Nimzo a joué dans 15 Tournois importants et les parties « modèles » rattachées ne le sont pas moins ! …                                                      
1               Karlsbad (Tchéquie)                1907     1er Rubinstein, 2ème Maroczy, 3ème Leonhardt, 4ème Nimzowitsch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=vzWi0PLgdNzTAMqPK/UV/YNDIT3/BB5Lw4Nd1e8R1dKzNL8oUAsM6Xa0bANytS9x
2               Ostend-B (Belgique)              1907     1er Rubinstein, 2ème Teichùann, 3ème Mieses, 4ème Nimzowitsch      
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=27zL64FGILZIG9cJS0Fu/SyO/ar1kf3G45zTu8OD0YC8cI3XIZQAUkXDwr5LExjj
3               Hamburg (Allemagne)          1910     1er Schlechter, 2ème Duras, 3ème Nimzowitsch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=27zL64FGILZIG9cJS0Fu/T0Sd88yMoYugVRgz4OUB+7oJ9EdgTCj93CFh7faLlqq
4               Karlsbad (Tchéquie)                1911     1er Rubinstein, 2ème Schlechter, 3ème Rotlewi, 4ème  Marshall, 5ème Nimzowitsch           
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=27zL64FGILZIG9cJS0Fu/fjpApfNsbthDqxLgFQdkqEVJxtkIxYvLXgSWbmpvCUA
5               San Sebastian (Espagne)     1912     1er Capablanca, 2ème Rubinstein, 3ème Vidmar, 4ème Marshall, 5ème Tarrasch,, 6ème Schlechter, 7ème Nimzowitsch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=CItSWmyBuyGBfmPkj0k3pKAWplbswRoLNVhU1aqFZr9MYHEi6K1EGuDQiiEVTnkC
6               Karlsbad (Tchéquie)                1923     1er ex-aequo Alekhine, Bogoljubav, Maroczy 4ème ex-aequo Reti, Grünfeld, 6ème ex-aequo Nimzowitsch, Treybal
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=CItSWmyBuyGBfmPkj0k3pD0Yl5N8+u/tJGeJSFqfCUg00XV10RzL4XLD8r3Jqs+Y
7               Marienbad (Tchéquie)           1925     1er Nimzowitsch, 2ème Rubinstein, 3ème Marshall
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=CItSWmyBuyGBfmPkj0k3pJjNhZ4f7z5ryF71YAINw8PuhuaSqUZUn0jVXdypK+An
8               Dresden (Allemagne)            1926     1er Nimzowitsch, 2ème Alekhine, 3ème Rubinstein
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=x1ItyBVEN/PEl+HyeM9jvfBNQRbHq9TZN1ERAZYX0045Tb7QfQbsx4A/wnwVNVGp
9               Semmering (Autriche)          1926     1er Spielmann, 2ème Alekhine, 3ème Vidmar, 4ème Nimzowitsch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=x1ItyBVEN/PEl+HyeM9jvavJkavFr9H6hGtRt3a56mH0cZO1Bn6FHCwn7UKpTGS9
10            Kecskemet (Hongrie)            1927     1er Alekhine, 2ème Nimzowitsch, 3ème Steiner
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=oyZ0aJ5XnPMhYgl2suo6anzuxarrWJ3huHnAPmpBK1nCS1OgpDy7DQHWpbT16Or1
11            Berlin BSG (Allemagne)        1928     1er Capablanca, 2ème Nimzowitsch et 3ème Spielmann     
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=QAzInsAsTrWiT9omlcspCQN5B+yNiZPJ0w0gA3Q+7yRRX9bDLzGiMQB7Buhac6DR
12            Karlsbad (Tchéquie)                1929     1er Nimzowitsch, 2ème Capablanca, 3ème Spielmann
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=qtQvZsbWikRP1rft5dsSWXCcnsCOSDpNVpwMtf2gp9+X446ry1GszCreMjeERjka
13            Frankfurt (Allemagne)          1930     1er Nimzowitsch, 2ème Kashdan, 3ème ex-aequo List, Ahues
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Xf6zuU7n4Hp4eOZTFOQYFMElPcuGqMGJ7pgE//CKS+eM9Q3JH0DVwr6CgJ7SdRnA
14            San Remo (Italie)                    1930     1er Alekhine, 2ème Nimzowitsch, 3ème Rubinstein
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=71kRqSRdg7obl/ruytpif7iaPZba1kQ8TqOrYg1s7AVO6+8VJo8ApA6ZW5iqVJzM
15            Bled (Slovénie)                        1931     1er Alekhine, 2ème Bogoljubov, 3ème Nimzowitsch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=tCNNTWf6KRX3G6xhMgSxtXJuyK/6gp0RBUW0VHbC3ZPmtEwLbYkcysJS7Y6BNrD3
1906 : 1er à Munich, devant Rudolf Spielmann et Dawid Przepiórka ;
1913 Il est champion de Russie 1913 (conjointement avec Alexander Alekhine) à Saint-Pétersbourg.
1914 : 1er ex æquo avec Alexandre Alekhine au « Championnat de toutes les Russies », Saint-Pétersbourg.
Par la suite, il sera 1er à Copenhague en 1923, 1924, 1928, 1933 et 1934 ;
1920 Il remporte une série de compétitions internationales au milieu des années 1920
1923 « Tournoi de Coppenhague »
1925 : 1er-2e avec Akiba Rubinstein à Marienbad. Ce qui l'amène à défier Jose Raul Capablanca pour un match de « Championnat du Monde », mais les négociations sont rompues faute de pouvoir trouver un soutien financier.
1926 : 1er à Dresde avec un point et demi d'avance sur Alekhine ;  1er à Hanovre devant Rubinstein
Selon certains analystes, cette partie est le point de départ de l'école hypermoderne
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=QAzInsAsTrWiT9omlcspCaH9/ruERrJGfv8BavtN5BOQia7uLzPRgLABOCAAPM8I
1927 : 1er-2e avec Xavier Tartakover à Londres (« British Empire Club Masters ») ;  1er-2e avec Tartakover à Bad Niendorf ; 1er à Londres (« Imperial Chess Club »)
1928 : 1er devant Efim Bogoljubow à Berlin (« Berliner Schachgesellschaft ») ;
1929 : 1er devant José Raúl Capablanca, Spielmann et Rubinstein à Carlsbad ;
1930 : 1er à Francfort devant Isaac Kashdan ;
San Remo 1930 : 1er Alekhine, 2ème Nimzowitsch, 3ème Rubinstein
1931 : 1er à Winterthur.
En tant que profond théoricien, Nimzowitsch a laissé un héritage d’ouvertures et variantes dont beaucoup sont encore populaires aujourd'hui.
La « Défense Nimzo-Indienne » (1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 Fb4) porte son nom, tout comme plusieurs variantes de la « Défense Française ». On lui doit également la « Sicilienne, Nimzovich-Rubinstein » « (B29) (1.e4 c5 2.Cf3 Cf6), l’« Attaque Nimzovich-Larsen » (A01) (1.b3), la « Défense Nimzowitsch » (1.e4 Cc6), et bien d'autres …
Bien qu'appartenant à l'élite échiquéenne de l'époque, Nimzowitsch est surtout connu et respecté pour ses talents de pédagogue. Il est l'un des fondateurs de l'école hypermoderne et l'auteur d'un ouvrage didactique, toujours étudié de nos jours, « Mon système » (« Mein System »), dans lequel il présente les bases de sa théorie. Datant de 1926, l'ouvrage a donné lieu à une suite : « Pratique de mon système » (« Praktisches aus meinem System »).
[NDLR : ces ouvrages feront l’un des objets de la 2ème partie]
Dans cette partie, à voir absolument, François LE LIONNAIS a qualifié le 18ème coup des Blancs comme étant « le plus terrible coup d’attaque du monde « !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=ydphGLWftLQdXLTSoB/U8EeNZ3ftFokzB+QKdvwb9QL++8s91w7FnLz/hwPFwJwj
Parmi ses nombreux apports, analysés en détail dans son ouvrage de référence, on peut citer l'approfondissement des concepts de prophylaxie, de surprotection et de louvoiement.
Les principales idées du « système « (illustrées par l'auteur de multiples exemples) s'articulent ainsi :
-          nécessité de contrôler le centre. Cette idée, déjà présente chez les classiques (Steinitz, Tarrasch), doit cependant être mise en pratique avec discernement : contrôler le centre ne signifie pas nécessairement y amasser du matériel...
-          gêner les mouvements de l'adversaire par un blocage : une attaque ne réussit en effet qu'avec un avantage de mobilité. En fermant (par des menaces) les lignes de communication entre les pièces adverses, on crée des affaiblissements structurels décisifs et même, à un stade ultime, on impose à l'adversaire des coups forcés (généralement mauvais) : c'est le zugzwang.
-          manœuvres prophylactiques : il s'agit, après avoir détecté la (ou les) case(s) importante(s) (celles les plus contrôlées par les deux camps), d'accroître soi-même le contrôle de ces positions et d'y surpasser l'adversaire (manœuvre que Nimzowitch appelle « surprotection «).
-          rôle du pion dame isolé et des pions liés : Nimzowitch réfute la prétendue menace que présente le pion dame isolé, dont Tarrasch avait fait l'une de ses armes favorites. Il développe par contre la théorie des pions liés, qui sont une arme à maîtriser absolument.
-          le louvoiement : ce stratagème consiste à repérer deux faiblesses ennemies et à les attaquer alternativement. Comme il est impossible d'attaquer et de défendre à la fois (a fortiori sur deux points différents), ce louvoiement va susciter chez l'adversaire des affaiblissements structurels qu'il conviendra de reconnaître et d'exploiter par la suite.
-          le « développement élastique « dans l'ouverture, c'est-à-dire conserver le plus longtemps possible la faculté de transposer d'un type de contrôle du centre à un autre type.Plusieurs ouvertures aux stratégies assez élaborées sont attribuées à Nimzowitch : la « Défense nimzo-indienne » et la » Défense Nimzowitsch du pion-Roi », par exemple, voici un magnifique exemple d’attaque élégante : https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Vg4pxmA810rEKMyT/mvJ3yXP1P0QgZ/OaOC0CAKp+WjibpO/wxRslflkJliCqG7X
 
À suivre …
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Message par JeanFrancoisE 08.08.22 4:11

2ème partie
 
L’analyste, l’écrivain

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Nimzow13
Un premier ouvrage incontournable que tout amateur se doit de posséder : « My System » !
[NDLR : (sources diverses) au sujet de : « Mon système » (ed. Kurt Rattmann, Hambourg). C’est un livre paru en 1925 dont, selon Alex Dunne, Nimzowitsch aurait élaboré ses idées vers 1910.
Le livre a été traduit en anglais en 1929 (en notation descriptive), et une édition américaine en notation algébrique est parue en 1991. Editions diverses :


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys13 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys14 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys15
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 418zlx11 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys16
Le copyright pour la traduction française (par Norbert Engel) date de 1979 et est détenu par les Éditions Hatier. La plupart des critiques placent cet ouvrage parmi les écrits ayant permis les avancées les plus décisives de la technique échiquéenne, avec ceux de Philidor et de Steinitz.
Nimzowitsch y pose les bases de son « système ». Il distingue huit éléments comme autant de fondements de la stratégie échiquéenne : 1. le centre, 2. le jeu sur les colonnes ouvertes, 3. le jeu sur les septième et huitième rangées, 4. le pion passé, 5. le clouage, 6. les échecs à la découverte, 7. l'échange, la chaîne de pion et 8. le jeu positionnel où il explique comment jouer pour un avantage.
Il défend la thèse selon laquelle le centre peut être contrôlé efficacement avec des pièces au lieu des pions. Ce concept - aujourd'hui largement accepté - est un des principes fondamentaux de l'hypermodernisme (conteste les idées échiquéennes des maîtres d'Europe centrale, telles que l’approche du centre de Wilhelm Steinitz et les règles établies par Siegbert Tarrasch dont les représentants novateurs furent Rudolf Charousek, Gyula Breyer, Isaac Kashdan, Albin Planinc, Henrique Mecking et, bien entendu, les plus grands porteurs d'idées : Nimzo, Reti et Tartakover.
Dans le chapitre des « parties illustratives », il regroupe et se réfère à une cinquantaine de ses propres jeux tout au long de sa carrière
Mikhail Tal a dit : « En parcourant de nouveau ce livre, je regrette de l'avoir lu trop tard, alors que j'étais déjà candidat-maître. C'est peut-être pour cela qu'il m'a parfois fallu réinventer la roue ».
Au moment de sa parution, il tranchait sur les conceptions très dogmatiques en cours, comme celles de Siegbert Tarrasch. Les deux hommes d'ailleurs se détestaient. Dans la préface de l'édition française, le traducteur n'hésite pas à comparer l'impact de l'ouvrage dans le monde des échecs avec celui du quasi contemporain « Manifeste du surréalisme » d'André Breton Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Breton11 (1896-1955) en littérature : https://www.toupie.org/Biographies/Breton.ht
[NDLR : Le « Manifeste du surréalisme » renferme une définition sur laquelle l’auteur n’est jamais revenu : "Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer (…) le fonctionnement réel de la pensée (…) dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison… ».

Sous l’impulsion des artistes qui s’y reconnurent, ce texte théorique non dénué d’exaltation ni de poésie, marqua officiellement la naissance du groupe surréaliste].
Un deuxième ouvrage de Nimzowitsch, « Die Blockade » (consacré au principe du « blocus «, cf. supra)
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image018 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image019 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image020
n'est pas moins important.
Une partie de mise en pratique du « blocage » selon Nimzo ! À voir absolument !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=COumRVepmWuYHM9OjhNjwkn9Furtq5ODlSQRgD+yVJbxvldJwTfFg5nGZ57VYvVA
Un troisième ouvrage de Nimzowitsch a fait date en complément du premier : « My System & Chess Praxis » (« Pratique de mon système »). Il n’y donne pas de recettes mais réapprend au lecteur l'art fondamental de la réflexion.
[NDLR : (source Wiki) « écrit en allemand en 1929, traduit en français par Céline Roos en 1995.
Céline (1953-2021) est une joueuse d'échecs française (de la grande famille alsacienne renommée) puis canadienne. Médaillée d'or individuelle à l'Olympiade d'échecs de 1988, elle avait le titre de maître international féminin depuis 1985 »].
  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image021  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image022 et un quatrième ouvrage mérite attention Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image024
 
Par ailleurs, Nimzowitsch a rédigé ou participé à la rédaction de plusieurs livres de tournois et autres ouvrages :
« Das Grossmeisterturnier zu St. Petersburg 1914 » (Tarrasch) ; « Kongressbuch des Internationalen Schachturniers zu Marienbad 1925 » ; « Hannover 1926 » (Kübel) ; « Internationales Schachmeisterturnier Bad Niendorf 1927 » (Kübel) ; « IV. Internationales Schachmeisterturnier Karlsbad 1929 » (Nimzowitsch, Spielmann, Becker, Tartakower, Brinckmann, Kmoch) ; « Schachmeisterpartien des Jahres 1914 » (Bernhardt Kagan) ; » Szachista Polski 1914 » (Alexander Flamberg), etc.
La plupart d'entre eux n'ont pas été traduits et sont demeurés assez confidentiels. Signalons cependant la parution en 2017 d'une traduction du livre du « Tournoi de Carlsbad 1929 » rédigé par Nimzowitsch (paru à l'origine en russe en URSS en 1930), sous le titre « Ma victoire à Carlsbad en 1929 » ou « le triomphe de mon système »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image025
 
Voici un aperçu de la contribution de Nimzowitsch à la théorie des ouvertures :
[NDLR : il y aura grand profit à consulter les parties de Nimzo, mêmes dépassées aujourd’hui, qui restent  talentueuses, dont j’ai traduit les commentaires éclairés toujours pertinents et instructifs)]
    La défense Nimzo-indienne : E20 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 Fb4.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/q/XE0+dbXr4wFafovMUyKBrk98vJqVZYHfnFdcWePLz
    La variante Nimzowitsch de la défense ouest-indienne : E15 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 b6 4.g3 Fa6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/vOENImpDEqmWIneShVPNBJsl5yq0rUXRJGrVOPEV8e2
    La variante Nimzowitsch de la défense Bogo-indienne : E11 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 Fb4+ 4.Fd2 De7.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/rJhByWzDq9FAZ79zrZFbRxbs6DhTIyRojnCev48kmcT
    La variante de Marienbad : B20 - 1.d4 Cf6 2.Cf3 b6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/mFsf+2mrkcyR9QOZ4ATSkfBluE/tbOqIks3VLbeBiL1
    La variante Nimzowitsch du contre-gambit Falkbeer : C31 - 1.e4 e5 2.f4 d5 3.exd5 c6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=0hGd7vjPecJw2pGEMS5sAkkyGuFMlicr62684n4EY/NKeqACiC9TJUCci4GoqIHH
    La variante Nimzowitsch de la défense Philidor : C41 - 1.e4 e5 2.Cf3 d6 3.d4 Cf6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpNd0TsEmkuGfW8cxbTbDS1mSr00nA90qwhOXeGhQ6+Jy
    La défense Nimzowitsch du pion-Roi : B00 - 1.e4 Cc6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpDt0+Of4Eaqaip90gTTVa+Q+uhDd8elZU2cEMAjf4/2H
    La variante Nimzowitsch de la défense Caro-Kann : B29 - 1.e4 c6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Cf6 5.Cxf6+ gxf6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpOZfRUOOwUaqFvPC
    La variante Nimzowitsch de la défense sicilienne : B32 - 1.e4 c5 2.Cf3 Cf6.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpDWSCTr5eaSLok85+8RJ7+MQBWnJxlrsbcU/j888mZhJ
    Le début Nimzowitsch-Larsen : A01 -  1.b3. Son nom composé vient du fait qu'il fut employé plus tard avec succès par le grand-maître danois Bent Larsen (1935-2010).
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpD1cHYHm2WsqgwuE/ZaFser8iC4ct9QMRWrmgFKpV744
    L'attaque Nimzowitsch : A01 - 1.Cf3 d5 2. b3.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=UuiOu6xTwxLlF5uUzIa0L8JwT73NTRK44VoPqgclU7fKcq+yH+ER13bXbaWSbqcA
    Le système de Dresde-Nimzowitsch de l'ouverture anglaise : E21 - 1.c4 c5 2.Cf3 Cf6 3. Cc3 d5 4.cxd5 Cxd5 5.e4.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=UuiOu6xTwxLlF5uUzIa0L3HNwIpDmdORiZfwMEzDjFcbbvxKWiH8uajtiFGCVPoP
    La variante Nimzowitsch de la défense Benoni (encore appelée « pirouette de Nimzowitsch » !) : A61 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 c5 4.d5 exd5 5.cxd5 d6 6.Cf3 g6 7.Cd2 avec l'idée 8.Cc4.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=EZDnnN3UbnvH/sxy4xjyR9qYQbL7zpFEP1l38tUZ0WX9+RleEso2GvOJVvYZ2gbL
    La variante Winawer de la défense française : C02 - 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Fb4 appelée, dans certains ouvrages, « variante Nimzowitsch de la défense française ».
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=EZDnnN3UbnvH/sxy4xjyR9pScfKzncw3h1iJv/gvfElD5vvx/VKpZObioeGjwqyV
    Par ailleurs, Nimzowitsch a réhabilité la « variante d'avance de la défense française » : C02 -  1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5. Elle porte son nom dans certains ouvrages.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=JsHuBrrV2Z0sKO5NVKE+oYe5LW9vNMuBFV5cet/hm6+VgXbXKrp/5Vpn/SNd8HHB
Commentant la « Défense Caro-Kann », B15, Aaron Nimzowitsch disait avec ironie : « 1... c6 ! Une audacieuse tentative pour réfuter la poussée prématurée 1. e4 ! ».
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=irbOzh84ceAAN0m8c6EwqnQz1kRyD4IgcFFZR4FdvKkfBoUQFJ9MODNCopZNQUty
 
[NDLR : au sujet du célèbre axiome « La menace est plus forte que l'exécution » !
Une croyance répandue attribue cette citation à Nimzowitsch. Ce n'est pas le cas. Georg Marco, à la fin de ses commentaires de la partie « Lasker - Napier, Cambridge Springs, 1904 » (Wiener Schachzeitung, mars-avril 1908, page 111) écrit que : « Ce principe, appliqué instinctivement depuis longtemps, fut formulé pour la première fois par Karl Eisenbach (1836-1894), secrétaire de la Société viennoise des échecs ».
La légende raconte l'histoire ainsi :
« Lors d'un tournoi officiel où il était interdit de fumer, Emanuel Lasker posa un cigare sur le bord de l'échiquier. Aaron Nimzowitsch qui en était l'adversaire se lèva ; il se dirigea vers l'arbitre pour lui signaler le fait et lui demande d'appliquer le règlement. L'arbitre rappela alors à Lasker qu'il était interdit de fumer, et ce dernier de répondre : « Mais je ne fume pas ! » L'arbitre, se tournant vers Nimzowitsch, rétorque « C'est vrai, il ne fume pas ! ». Nimzowitsch répond alors : « Mais vous savez très bien qu'aux échecs la menace est plus forte que l'exécution !»].
 
Il obtint la nationalité danoise et vécut au Danemark jusqu'à sa mort.
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Il fut emporté par une infection pulmonaire fulgurante en 1935.
 
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Ses cendres reposent au cimetière Bispebjerg à Copenhague (Danemark)
 
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 08.08.22 5:38

2ème partie
 
L’analyste, l’écrivain
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Nimzow16

Un * premier ouvrage incontournable que tout amateur se doit de posséder : « My System » !
[NDLR : (sources diverses) au sujet de : « Mon système » (ed. Kurt Rattmann, Hambourg). C’est un livre paru en 1925 dont, selon Alex Dunne, Nimzowitsch aurait élaboré ses idées vers 1910.

Le livre a été traduit en anglais en 1929 (en notation descriptive), et une édition américaine en notation algébrique est parue en 1991.Editions diverses :       
Le copyright pour la traduction française (par Norbert Engel) date de 1979 et est détenu par les Éditions Hatier. La plupart des critiques placent cet ouvrage parmi les écrits ayant permis les avancées les plus décisives de la technique échiquéenne, avec ceux de Philidor et de Steinitz.

Nimzowitsch y pose les bases de son « système ». Il distingue huit éléments comme autant de fondements de la stratégie échiquéenne : 1. le centre, 2. le jeu sur les colonnes ouvertes, 3. le jeu sur les septième et huitième rangées, 4. le pion passé, 5. le clouage, 6. les échecs à la découverte, 7. l'échange, la chaîne de pion et 8. le jeu positionnel où il explique comment jouer pour un avantage.

Il défend la thèse selon laquelle le centre peut être contrôlé efficacement avec des pièces au lieu des pions. Ce concept - aujourd'hui largement accepté - est un des principes fondamentaux de l'hypermodernisme (conteste les idées échiquéennes des maîtres d'Europe centrale, telles que l’approche du centre de Wilhelm Steinitz et les règles établies par Siegbert Tarrasch dont les représentants novateurs furent Rudolf Charousek, Gyula Breyer, Isaac Kashdan, Albin Planinc, Henrique Mecking et, bien entendu, les plus grands porteurs d'idées : Nimzo, Reti et Tartakover.

Dans le chapitre des « parties illustratives », il regroupe et se réfère à une cinquantaine de ses propres jeux tout au long de sa carrière

« En parcourant de nouveau ce livre, je regrette de l'avoir lu trop tard, alors que j'étais déjà candidat-maître. C'est peut-être pour cela qu'il m'a parfois fallu réinventer la roue » Mikhail Tal.]
Au moment de sa parution, il tranchait sur les conceptions très dogmatiques en cours, comme celles de Siegbert Tarrasch. Les deux hommes d'ailleurs se détestaient. Dans la préface de l'édition française, le traducteur n'hésite pas à comparer l'impact de l'ouvrage dans le monde des échecs avec celui du quasi contemporain « Manifeste du surréalisme » d'André Breton Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Breton13 (1896-1955) en littérature : https://www.toupie.org/Biographies/Breton.ht
[NDLR : Le « Manifeste du surréalisme » renferme une définition sur laquelle l’auteur n’est jamais revenu : "Automatisme psychique pur, par lequel on se propose d’exprimer (…) le fonctionnement réel de la pensée (…) dictée de la pensée, en l’absence de tout contrôle exercé par la raison… ».

Sous l’impulsion des artistes qui s’y reconnurent, ce texte théorique non dénué d’exaltation ni de poésie, marqua officiellement la naissance du groupe surréaliste].
Un * deuxième ouvrage de Nimzowitsch, « Die Blockade » (consacré au principe du « blocus «, cf. supra)
   n'est pas moins important.
Une partie de mise en pratique du « blocage » selon Nimzo ! À voir absolument !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=COumRVepmWuYHM9OjhNjwkn9Furtq5ODlSQRgD+yVJbxvldJwTfFg5nGZ57VYvVA
Un * troisième ouvrage de Nimzowitsch a fait date en complément du premier : « My System & Chess Praxis » (« Pratique de mon système »). Il n’y donne pas de recettes mais réapprend au lecteur l'art fondamental de la réflexion.
[NDLR : (source Wiki) « écrit en allemand en 1929, traduit en français par Céline Roos en 1995.

Céline (1953-2021) est une joueuse d'échecs française (de la grande famille alsacienne renommée) puis canadienne. Médaillée d'or individuelle à l'Olympiade d'échecs de 1988, elle avait le titre de maître international féminin depuis 1985 »].
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys30 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys31
 et un * quatrième ouvrage mérite attention 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys32
Par ailleurs, Nimzowitsch a rédigé ou participé à la rédaction de plusieurs livres de tournois et autres ouvrages :
« Das Grossmeisterturnier zu St. Petersburg 1914 » (Tarrasch) ; « Kongressbuch des Internationalen Schachturniers zu Marienbad 1925 » ; « Hannover 1926 » (Kübel) ; « Internationales Schachmeisterturnier Bad Niendorf 1927 » (Kübel) ; « IV. Internationales Schachmeisterturnier Karlsbad 1929 » (Nimzowitsch, Spielmann, Becker, Tartakower, Brinckmann, Kmoch) ; « Schachmeisterpartien des Jahres 1914 » (Bernhardt Kagan) ; » Szachista Polski 1914 » (Alexander Flamberg), etc.
La plupart d'entre eux n'ont pas été traduits et sont demeurés assez confidentiels. Signalons cependant la parution en 2017 d'une traduction du livre du « Tournoi de Carlsbad 1929 » rédigé par Nimzowitsch (paru à l'origine en russe en URSS en 1930), sous le titre « Ma victoire à Carlsbad en 1929 » ou « le triomphe de mon système »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... My_sys33
Voici un aperçu de la contribution de Nimzowitsch à la théorie des ouvertures :
[NDLR : il y aura grand profit à consulter les parties de Nimzo, mêmes dépassées aujourd’hui, qui restent  talentueuses, dont j’ai traduit les commentaires éclairés toujours pertinents et instructifs)]
    La défense Nimzo-indienne : E20 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 Fb4.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/q/XE0+dbXr4wFafovMUyKBrk98vJqVZYHfnFdcWePLz

    La variante Nimzowitsch de la défense ouest-indienne : E15 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 b6 4.g3 Fa6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/vOENImpDEqmWIneShVPNBJsl5yq0rUXRJGrVOPEV8e2

    La variante Nimzowitsch de la défense Bogo-indienne : E11 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 Fb4+ 4.Fd2 De7.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/rJhByWzDq9FAZ79zrZFbRxbs6DhTIyRojnCev48kmcT

    La variante de Marienbad : B20 - 1.d4 Cf6 2.Cf3 b6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=aGc6WZkEOOAmA2WWR+Y1/mFsf+2mrkcyR9QOZ4ATSkfBluE/tbOqIks3VLbeBiL1

    La variante Nimzowitsch du contre-gambit Falkbeer : C31 - 1.e4 e5 2.f4 d5 3.exd5 c6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=0hGd7vjPecJw2pGEMS5sAkkyGuFMlicr62684n4EY/NKeqACiC9TJUCci4GoqIHH

    La variante Nimzowitsch de la défense Philidor : C41 - 1.e4 e5 2.Cf3 d6 3.d4 Cf6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpNd0TsEmkuGfW8cxbTbDS1mSr00nA90qwhOXeGhQ6+Jy

    La défense Nimzowitsch du pion-Roi : B00 - 1.e4 Cc6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpDt0+Of4Eaqaip90gTTVa+Q+uhDd8elZU2cEMAjf4/2H

    La variante Nimzowitsch de la défense Caro-Kann : B29 - 1.e4 c6 2.d4 d5 3.Cc3 dxe4 4.Cxe4 Cf6 5.Cxf6+ gxf6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpOZfRUOOwUaqFvPC

    La variante Nimzowitsch de la défense sicilienne : B32 - 1.e4 c5 2.Cf3 Cf6.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpDWSCTr5eaSLok85+8RJ7+MQBWnJxlrsbcU/j888mZhJ

    Le début Nimzowitsch-Larsen : A01 -  1.b3. Son nom composé vient du fait qu'il fut employé plus tard avec succès par le grand-maître danois Bent Larsen (1935-2010).

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/79Gxdg/cNmDJYCX8QeFpD1cHYHm2WsqgwuE/ZaFser8iC4ct9QMRWrmgFKpV744

    L'attaque Nimzowitsch : A01 - 1.Cf3 d5 2. b3.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=UuiOu6xTwxLlF5uUzIa0L8JwT73NTRK44VoPqgclU7fKcq+yH+ER13bXbaWSbqcA

    Le système de Dresde-Nimzowitsch de l'ouverture anglaise : E21 - 1.c4 c5 2.Cf3 Cf6 3. Cc3 d5 4.cxd5 Cxd5 5.e4.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=UuiOu6xTwxLlF5uUzIa0L3HNwIpDmdORiZfwMEzDjFcbbvxKWiH8uajtiFGCVPoP

    La variante Nimzowitsch de la défense Benoni (encore appelée « pirouette de Nimzowitsch » !) : A61 - 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cc3 c5 4.d5 exd5 5.cxd5 d6 6.Cf3 g6 7.Cd2 avec l'idée 8.Cc4.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=EZDnnN3UbnvH/sxy4xjyR9qYQbL7zpFEP1l38tUZ0WX9+RleEso2GvOJVvYZ2gbL

    La variante Winawer de la défense française : C02 - 1.e4 e6 2.d4 d5 3.Cc3 Fb4 appelée, dans certains ouvrages, « variante Nimzowitsch de la défense française ».

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=EZDnnN3UbnvH/sxy4xjyR9pScfKzncw3h1iJv/gvfElD5vvx/VKpZObioeGjwqyV

    Par ailleurs, Nimzowitsch a réhabilité la « variante d'avance de la défense française » : C02 -  1.e4 e6 2.d4 d5 3.e5. Elle porte son nom dans certains ouvrages.

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=JsHuBrrV2Z0sKO5NVKE+oYe5LW9vNMuBFV5cet/hm6+VgXbXKrp/5Vpn/SNd8HHB

Commentant la « Défense Caro-Kann », B15, Aaron Nimzowitsch disait avec ironie : « 1... c6 ! Une audacieuse tentative pour réfuter la poussée prématurée 1. e4 ! ».
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=irbOzh84ceAAN0m8c6EwqnQz1kRyD4IgcFFZR4FdvKkfBoUQFJ9MODNCopZNQUty
[NDLR : au sujet du célèbre axiome « La menace est plus forte que l'exécution » !

Une croyance répandue attribue cette citation à Nimzowitsch. Ce n'est pas le cas. Georg Marco, à la fin de ses commentaires de la partie « Lasker - Napier, Cambridge Springs, 1904 » (Wiener Schachzeitung, mars-avril 1908, page 111) écrit que : « Ce principe, appliqué instinctivement depuis longtemps, fut formulé pour la première fois par Karl Eisenbach (1836-1894), secrétaire de la Société viennoise des échecs ».

La légende raconte l'histoire ainsi :

« Lors d'un tournoi officiel où il était interdit de fumer, Emanuel Lasker posa un cigare sur le bord de l'échiquier. Aaron Nimzowitsch qui en était l'adversaire se leva ; il se dirigea vers l'arbitre pour lui signaler le fait et lui demande d'appliquer le règlement. L'arbitre rappela alors à Lasker qu'il était interdit de fumer, et ce dernier de répondre : « Mais je ne fume pas ! » L'arbitre, se tournant vers Nimzowitsch, rétorque « C'est vrai, il ne fume pas ! ». Nimzowitsch répond alors : « Mais vous savez très bien qu'aux échecs la menace est plus forte que l'exécution ! »].
 
Il obtint la nationalité danoise et vécut au Danemark jusqu'à sa mort.
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Immunodéprimé, il fut emporté par une infection pulmonaire fulgurante en 1935.

Ses cendres reposent au cimetière Bispebjerg à Copenhague (Danemark)
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Message par JeanFrancoisE 16.08.22 22:56

1ère partie
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Cn604113
       L’originalité hyper-moderne
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image004 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image006 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tarta_25 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Clip_image010
Xavier TARTAKOVER (1887-1956)
Un homme d'exception !

Xavier, Ksawery TARTAKOVER (selon la francisation de Tartakower) naquit le 21 février 1887 (le 9 février selon le « calendrier Julien ». Calendrier solaire utilisé dans la Rome antique, introduit par Jules César en 46 av. J.-C et encore en vigueur dans l’Empire Russe à cette époque) à « Rostov-sur-le Don » (« Rostov-on-Don », ville portuaire et centre culturel important de la Russie du Sud sur le fleuve Don, près de la mer d'Azov)

Ses parents vivaient dans l’« Empire Austro-hongrois » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Imperi15avant de s’établir à Rostov-sur-le-Don. Xavier passa toute son enfance dans cette ville où vivait plus d’une dizaine de milliers de juifs.
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tartak13raconte : « Un beau jour j’ai appris qu’il y avait un club d’échecs à Genève qui se trouvait au « Café de la Couronne ». J’y suis allé et j’ai pu affronter le deuxième meilleur joueur du club, le professeur J. Lyon (Docteur ès sciences de l’Université de Genève), un éminent chimiste réfugié politique de la Russie tsariste. À la surprise générale, j’ai gagné la première partie avant de perdre les trois suivantes ».
Tigran Petrosian dira :
« Si la stratégie est un bloc de marbre, la tactique est le ciseau que manie le maître Tartakover pour créer des chefs-d'œuvre »
1889 Tartacover étudie, en compagnie de son frère cadet Arthur (né en 1888) à Genève, la Rome protestante, au
« Collège Calvin »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Collzo12
À cette époque, après avoir appris avec son père les rudiments du jeu, qu’il se met sérieusement à étudier les échecs.
Il dira : « Ma progression fut rapide de sorte que je pus bientôt vaincre non seulement le bon professeur Lyon mais aussi le champion de Genève H. Guyaz, un grand théoricien et fort joueur par correspondance. J’étais devenu à cette époque le meilleur client pour les maîtres Julius Perlis (1880-1913) et Milan Vidmar (1885-1962) ! »
Tartakover était quelqu’un de brillant. Il maitrisait trois langues, le russe, l’allemand et le français, sans compter le latin et le grec.
1900 Richard Reti déclare : « Vienne du début du siècle jusqu’à la première guerre mondiale, fut certainement la ville où se retrouvaient la majorité des maîtres de renom, et spécialement les jeunes les plus doués, en une concentration telle qu’il n’en exista jamais en autre lieu ni autre temps »
 1904 il déménage à Vienne (Autriche), où il étudie le droit en vue d’une carrière d’avocat.
« Vers la fin de 1904, je m'étais inscrit dans une université à Vienne, mais pas à la faculté de médecine, ce que mes parents voulaient, mais à la faculté de droit, ce qui plus tard m'a donné plus de temps pour les échecs ainsi que pour… le poker. Aux échecs, qui se pratiquaient au célèbre « Café Central », j'étais devenu à cette époque le meilleur client pour les maîtres Julius Perlis (1880-1913) et Milan Vidmar (1885-1962) ! ».
Dans la capitale autrichien, cinq ans plus tard, il obtient son diplôme de « Docteur en Droit ». Il commence à fréquenter le « Wiener Schachclub » où il profite des compétences de tous les joueurs pour des « folies d'échecs » !
Plus tard, il découvrira par hasard à Genève le « Café de la Couronne ». Dans ses souvenirs (« Chess Review 1951 ») il expliquera que le contact avec le jeu d’échecs lui joua des tours quant à ses résultats de fin d’étude au collège !
1905 Tartakower débute dans l’arène internationale au « Tournoi Principal de Barmen » (aujourd’hui « Wuppertal », ville allemande du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie).
1906 Il obtient son premier grand succès dans le « Tournoi principal de Nuremberg » où, après s’être qualifié pour le tournoi des vainqueurs des poules préliminaires, il remporte l’épreuve invaincu en devançant Abraham Baratz (1895-1975), Paul F. Johner (1887-1938) et Leopold Löwy (1871-1940).
Tartakover décrocha ainsi le titre de « Meister des Deutschen Schachbundes » (« Maître de la Fédération allemande d’échecs »)
[NDLR : Après avoir été vaincu, Abraham Baratz se vengea plus tard à sa façon en le caricaturant !


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tarta_26
A noter toutefois que Baratz connut des déboires pas seulement avec Tartakover … !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=BQodzGb9cn6c1tNQAm7HfTd0IhrS2jn5wSglkfLcawlGLrUALmLGDUaeVKlAPwdW]
 
1909 Tartatakower devient « Docteur en Droit de l’Université de Vienne » et citoyen de l’« Empire austro-hongrois »
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Emp_au11
Lors du « Tournoi de Carlsbad », Il obtient la 9ème place en compagnie de Duras (1882-1957) et du futur champion du monde Alekhine (1892-1946) !
 


1911 en février, il reçoit un télégramme lui apprenant l’assassinat de ses parents  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tarta_27
« dans un pogrom » (mouvement populaire antisémite) à Rostov.
Mais comme le démontrera clairement Sergey Voronkov (illustre historien échiquéen qui a écrit la magnifique Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Voronk12 "Masterpieces and Dramas of the Soviet Championships" retraçant les championnats d'URSS entre 1920 et 1937), …
« ceci n’a absolument aucun lien avec un quelconque pogrom contrairement à ce qui se disait. Le seul pogrom connu à Rostov date de 1905 durant la première révolution russe ».
La presse locale parlera de l’affaire durant de longues semaines, en évoquant des détails sordides : un cambriolage qui tourne très mal avec la complicité de plusieurs domestiques de la famille.
Les enfants Tartakover reviennent à Rostov pour assister aux funérailles de leurs parents et se partager l’héritage important qu’ils ont laissé.
Savielly (Xavier) profite de son séjour à Rostov pour publier un recueil de ses poésies, sa deuxième passion. Il s’agit d’un petit livret divisé en deux parties : 1. « les dissonances » et 2. « les accords ».
Dans « les dissonances », le début de sa dernière poésie, sur la mort des parents, peut se traduire ainsi

« Tout un siècle de labeur, de peine et de larmes !
Et pour qui ? Les enfants qui vivaient sans souci
Sur la terre étrangère (…)
 »
Serguey Voronkov (joueur et écrivain russe) indique avoir trouvé ce recueil de poésies à la « Bibliothèque Lénine de Moscou ».
Savielly (Xavier) publia deux autres recueils à Berlin en 1922 puis à Paris en 1928

Le recueil publié à Paris en 1928.
1914, Dans les années précédant la « Première Guerre mondiale » il participe à des tournois majeurs tels que :
« Karlovy Vary 1907 » (la plus grande station thermale de la République tchèque et la principale des trois qui composent le « triangle de bien-être » avec « Mariánské Lázně » et » Františkovy Lázně.)
« Baden-Baden 1914 », où il obtient son premier prix de beauté.
Puis, c’est la guerre : Tartacover se porte volontaire dans l’ « Armée Austro-Hongroise ». Il est promu lieutenant Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Lt_xt12 dans le célèbre régiment d’infanterie impérial « Hoch-und Deutschmeister »   .
1918 il s'installe en France à Paris et, dès que la Pologne recouvre son indépendance, il prend la nationalité polonaise (alors qu'il ne parle pas cette langue !).
Il devient ainsi une sorte d'ambassadeur honoraire de ce pays, capitaine et entraîneur de l'équipe d'échecs polonaise dans six tournois internationaux.
1920 Malgré l'apparente jovialité conférée par son humour, il possède un caractère irascible qui lui vaut quelques inimitiés, et surtout, la solitude, seule compagne de sa fin de vie …
1923 Vainqueur du Tournoi de Vienne (+7 -0 =4)
1924, Dans le Bulletin de la FFE 1924-25, il est écrit :
« Au « Cercle des Échecs du Palais-Royal » le maître Tartakower venant de New-York, a donné le 3 mai, une séance brillante de 10 parties simultanées « sans voir » que la grande presse parisienne a longuement commentée. Après les maîtres Alekhine et Znosko-Borowsky, qui sont déjà des nôtres depuis plusieurs années, voici encore un maître de renommée mondiale qui vient de fixer sa résidence à Paris. La capitale devient ainsi un centre d’échecs de première grandeur. Le Dr Tartakower est aussi l’auteur de remarquables ouvrages sur les échecs »
La Pologne devenant communiste, il opte pour la nationalité française (changeant son nom en Tartacover). Il décide de devenir joueur d'échecs professionnel. Avec d'autres grands maîtres, tels Aaron Nimzowitsch et Richard Reti, il fait partie de l'école hyper-moderne et ne dédaigne pas de pratiquer des débuts dits « irréguliers » comme la « Défense Hollandaise » 1.d4 f5.
Il remporte le « Tournoi d’Hastings » (ville du sud de la Grande-Bretagne dans le comté du Sussex de l'Est)
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=c1P3sR3w7ScoOdBP50Dx+Hscp8CcbtrnPu+tjLAJAF13u5EYzAj1NZYN73LPExv/
1925 À cette époque, la notion de « Grand-Maître » est encore assez floue …
Georges Renaud (1893-1975 - maître d'échecs, théoricien et organisateur français. « Premier champion de France d'échecs à Paris en 1923 »), rappelle dans l’« Éclaireur de Nice » :
« En 1925 sont Grands-Maîtres ceux qui ont remporté un premier ou un second prix dans un véritable grand tournoi international. Alekhine, Bernstein, Bogoljubov, Capablanca, Duras, Janowski, Lasker, Maroczy, Marshall, Nimzovic, Réti, Rubinstein, Saemisch, Spielmann, Tarrasch, Tartakower, Torre, Vidmar auxquels on peut ajouter, bien qu’ils n’aient pas remporté de premier prix ni de second prix, Kostich et Grünfeld ».
[NDLR : soit une vingtaine de joueurs dans le monde. Une autre époque !]
1926 Le « Septième congrès annuel d'échecs de Hastings » se réunit, à la fin de l'année, pour organiser un tournoi toutes rondes. Dix joueurs sont invités à concourir, dont Savielly Tartakower, Richard Réti, Edgar Colle, George Alan Thomas, Frederick D Yates, George Marshall Norman, Edward G Sergeant, Reginald Pryce Michell, Victor Berger et Alfred Teller. 1er Tartakower 6/9  (+3  =6 -0).
1927 Hastings – Tartakover vainqueur : 5,5/7 (+5 =1 -1).
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=qahlmh4xXIqnhOSZlo/1SNyRiDspNPM1brZqLHRzjcUgQST8OG7bedHFF9BzyUqL
Rappel : Tartakover a remporté le titre en 1924, 1926, 1927 et 1945 !
Londres : il partage la première place 8/11 (+6 -1 =4) avec Nimzowitsch
A l'automne, le « British Empire Club » organise un tournoi international des maîtres qui se tient à Londres du 10 au 24 octobre. Les participants sont parmi les plus forts maîtres réunis à l'époque. Nimzowitsch et Tartakower ont pris la première place à égalité après une course qui a commencé avec Tartakower en tête. Nimzowitsch rattrape son retard dans la seconde moitié de la course, laissant tous les autres sur le bord du chemin. La partie Yates vs Nimzowitsch, reçoit le prix de la meilleure partie du tournoi
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=qahlmh4xXIqnhOSZlo/1SAXUoIsLYogKAn4ytxnOEyJ+wWNyV56bHtLUTqOLjiwP
1929 Scarborough 1ère place partagée avec Harold Saunders.
C’est alors qu’un Polonais invente la Catalane ! Pour 150 pesetas (0,90 € actuels …), le 24 septembre 1929, Savielly Tartakower crée l’ « Ouverture catalane », également nommée « Gambit catalan », « Début catalan », « Catalan system »... dite « la Catalane » qui s’obtient après 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.g3. Il met à profit la première partie du « Tournoi International de l'Exposition de Barcelone », alors qu'il a pour adversaire le champion d'Italie Mario Monticelli (1902-1995) - joueur d'échecs, ancien chef des services extérieurs du journal « Corriere della Sera »)
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=8fbFI0D+oLaetIcjVe8GEeBC0wHK6L9yN6Ux2dLPHpc++qBHWw5XhqWQoudIEHch
Concomitamment, il s’agit de participer à un concours lancé par le joueur espagnol Francesc Armengol Burgués... Celui-ci a décidé que son pays natal, la Catalogne, aurait son ouverture tout comme la Sicile (Sicilienne), l'Inde (Indienne)ou la France (Française). Armengol cherche à promouvoir une appellation du genre « début catalan », alors qu'il est en quête d'une ouverture nouvelle.
C’est Tartakower qui réussit : en combinant le coup initial 1. d4 et le fianchetto du Fou du Roi, il offre un exemple d'équilibres parfaits entre la stratégie d'hier et l’« l'hypermodernité » naissante qui, à cette époque, avait pour défenseur Nimzovitch.
L’essentiel de l'idée de Tartakower est d’occuper le centre avec les pions d4 et ç4 (ce qui sort du champ hypermoderne !) et faire pression sur d5 avec le Fou en g2 (ce qui ramène dans le champ hypermoderne !).
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=uGGfmX10JlmUlMHyMoxFtjmpnFqBivexiS3fimpH5J/27lea2ldaJqgax3UgOBvj
Cette ouverture fut le début favori de joueurs tels que Smyslov ou Sosonko.
Botvinnick, Petrossian et Kortchnoï s'en servirent même en finale du « Championnat du monde » !
À Vienne, au début du siècle, au cours de parties amicales ou de blitz, Tartakower, Reti et Breyer avaient déjà tenté de marier ce fianchetto du Roi au gambit de la Dame... c'étaient alors un trio qui ne cessait d'expérimenter !
Un « Joc català de escacs » (« Jeu d'échecs catalan »), a été conçu,

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Jeu_de12
coïncidant avec la création de l'ouverture catalane, durant
l’« Exposition Universelle de Barcelone de 1929 »

Palais National
1930 La FIDE réintègre les joueurs professionnels à la compétition, mais le champion du monde en titre Capablanca n'est pas présent. Les États-Unis sont la seule nation non-européenne.
L’« Olympiades de Hambourg » réunit 18 nations. La compétition se déroule en poule unique, toutes rondes. Tartakover est au 2ème échiquier (+ 9−1 = 6).
À Liège, il remporte le tournoi avec deux points de retard sur le phénomène indien

Mir Sultan Khan
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Mir-su10
devant Rubinstein, Nimzowitsch et Marshall.
[NDLR : à consulter https://www.chessgames.com/perl/chess.pl?tid=92188

Encore une de ces « étoiles filantes » qui embellissent le Jeu d’Échecs !]




A l’issue du match qui les opposèrent, Tartakover déclara avec élégance :

« Mon match avec Mir Sultan Khan - qui est resté indécis jusqu'à la dernière partie gagnée par mon adversaire - a été un triomphe pour lui qui a démontré que dans la compétition il possédait une ténacité et une imagination sans égal ».

Bel hommage d’un « imaginatif » à un autre !].

Magnifique partie connue sous le nom de « La colère de Kahn ! » :

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=12GIBrr30J7sFe+lKq8j8oT0yF0wzuVEVZmtASrF6jRYnFZv8sJ1JGabg54OEJN+
Tartakover défend les couleurs polonaises bien que non-polonais et ne parlant pas la langue de sa mère, originaire de ce Pays.
À noter que dans les années 1930, il a représenté la Pologne dans six « Olympiades d'échecs » et il a représenté la France en 1950. Il a remporté 3 médailles individuelles (or en 1931 et bronze en 1933 et 1935), ainsi que 5 médailles par équipe (or en 1930, argent en 1931 et 1939 et bronze en 1935 et 1937).
« Aux Jeux Olympiques » médaille par équipe en or. Au deuxième échiquier de la « 3ème Olympiade d'échecs à Hambourg » (+ 9−1 = 6)
1931 il est médaillé d’or par équipe au deuxième échiquier de la « 4e Olympiade d'échecs à Prague » (+ 10−1 = 7)
Rappel : Il participe six fois aux Olympiades avec la Pologne, et donne cinq médailles à son équipe. 
1931 au deuxième échiquier de la « 4ème Olympiade d'échecs à Prague » (+ 10−1 = 7)
Rappel : il participera 6 fois aux « Olympiades » avec la Pologne et donnera 5 médailles à son équipe.
1933 Médaille de bronze par équipe. Au premier échiquier à la « 5ème Olympiade d'échecs à Folkestone » (+ 6−2 = 6)
Tartakover n’étant jamais à court d’idées, il réactualise le coup : 1.Ch3, oups ! Le début « Amar » …
[NDLR (sources diverses) : l’« Ouverture Amar », également nommée « Ouverture de Paris », « Ouverture du Cavalier saoul » (hips !), et « Ouverture Ammonia » est une ouverture d'échecs irrégulière. Si l’on appelle parfois cette ouverture « Ammonia » (Ammoniac en français - gaz incolore très irritant à l'odeur piquante) c'est parce que « NH3 est la formule chimique de l’ammoniaque (en anglais, on note CH3 en NH3). Le joueur d'échecs amateur parisien Charles Amar la jouait dans les années 1930.
C’est probablement le grand maître Xavier Tartakower qui rendit courant l’usage des deux noms, bien que l’auteur échiquéen Tim Harding ait suggéré, non sans humour, qu’ « AMAR » est un acronyme pour « Absolutely Mad And Ridiculous » (c’est-à-dire « complètement fou et ridicule »).
Bref, c’est un peu « le cirque » quoi … !]
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=ONomVO+Y66f/aWl5l0fThNVatfjBJRbSVA77pDfuMPJpbhaFnYaGW7jHg9PViObn
1935 il fut l'un des principaux organisateurs de l’ « Olympiade d'échecs à Varsovie ». Médaille en bronze par équipe. Au premier échiquier (+ 6−0 = 11)
En outre, il gagne le « Championnat de Pologne » toujours à Varsovie.
1937 premier échiquier à la « 7ème Olympiade d'échecs à Stockholm » (+ 1−2 = 10)
Il gagne le « Championnat de Pologne » à Jurata (station balnéaire polonaise, sur la Péninsule de Hel-Jastarnia et Hel, en mer Baltique, Comté de Puck, en Voïvodie de Poméranie).                       
1939 le déclenchement de la « Seconde Guerre mondiale » le trouve à Buenos Aires, où il joue la « 8ème Olympiade d'échecs », représentant la Pologne dans une équipe qui comprend Miguel Najdorf, qui l’appelle toujours « mon professeur » !
Médaille en argent par équipe. Premier échiquier à la « 8ème Olympiade d'échecs » (+ 7−3 = 7)

1940 Tartacover, à 52 ans (!), sert dans la Légion étrangère Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tarta_29 en tant que Lieutenant.

Après la défaite de la France, il se retrouve en Afrique du Nord puis, via Casablanca, se rend ensuite en Grande-Bretagne pour devenir traducteur dans les rangs de la « France libre de Charles de Gaulle » : il est alors un « Français Libre » parmi 62.214 … !

Il participe à la Résistance, sous le pseudonyme de « Lieutenant Cartier ».

1948 Il joue dans le premier « Tournoi Interzonal de Saltsjöbaden » (commune de Nacka, dans le comté de Stockholm, province de Södermanland en Suède, sur la mer Baltique), mais ne se qualifie pas pour le « Tournoi of Candidates ».
1950 Il représente la France au premier échiquier à la « 9ème Olympiade d'échecs à Dubrovnik » (ville de Croatie, capitale du comitat de Dubrovnik-Neretva)  7,5/15 (+ 5−5 = 5)s
1953 Champion de France à 63 ans ! 7/10 (+6 = 2 -0)
 
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Message par JeanFrancoisE 17.08.22 9:36

2ème partie
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     Le lettré, l'écrivain, le pédagogue
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Austro17 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Polska30 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1933_t12 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... France22
Xavier TARTAKOVER (1887-1956)
Tartacover était une personnalité accomplie dans de nombreux domaines. Il n’était pas seulement Docteur en Droit, maître d’échecs et auteur prolifique d’ouvrages échiquéens, mais il avait gagné une réputation certaine dans la littérature mondiale. Il écrivait également pour le cinéma.
Il est particulièrement connu pour ses traductions en allemand et en français de poésie moderne russe.
Sa brillante intelligence s’exprima rapidement en aphorismes et en paradoxes, produisant une impression fascinante. 
Il disait :
« Si Montaigne, à en croire ses Essais, fuyait et haïssait le jeu des Echecs, c’est parce qu’il en reconnaissait le haut degré de fascination ; si un homme moderne s’aperçoit qu’une chose est fascinante, il ne la fuit, ni ne la hait, mais la maîtrise. C’est ma réponse et le motif de mon optimisme ».
Et, devant un échiquier où toutes les pièces étaient sur leur case de départ : « Toutes les erreurs sont là, prêtes à être commises ».
Une partie, riche en commentaires, à voir et à revoir !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=xFRL07KPgFgq40+nq/zMaEVIXSVRFC0iwthOBZ70O3yn4FQYo3CqxxcOVE8VBxhN
[i][NDLR : Souvenirs personnels … Quand j’étais Secrétaire Général de la FFE, sous l’égide de mon regretté ami Raoul BERTOLO, je vins un jour rendre visite à Madame Chantal Chaudé de Silans Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Chanta15
[/i]
- dont les années n’altéraient pas la beauté distinguée - (https://www.europe-echecs.com/art/chantal-chaude-de-silans-2-6851.html )

Elle venait de prendre à Paris la direction du « [i]Cercle Caïssa » à la suite du décès de
[/i]
Madame Jeanne Le Bay Taillis
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Img_4812.
Il avait été convenu entre les deux femmes que Chantal se retire de la compétition pour se consacrer à la formation des « Jeunes Bébés de Caïssa » ! … Elle animera le Cercle pendant 30 ans, où plusieurs générations de jeunes talents seront formées.
Nous évoquâmes le glorieux passé du Cercle et, entre autres, Xavier Tartacover  qui eut une bien triste fin de vie. Elle me confia que le soir, il balayait les locaux et vidait les cendriers. Ainsi pouvait-t-il, sans offenser sa fierté, se faire quelques pièces afin de s’acheter de quoi manger …
On touchait là les grandeurs et décadences où peuvent conduire parfois l’addiction au Noble Jeu … À voir : https://www.jedisjeux.net/article/petite-histoire-dune-addiction-ludique]
Ce texte, extrait de l’hebdomadaire de l’époque « Libération » , exprime parfaitement la présence de Chantal :
« La muse vit casée sur l'échiquier » : « Chantal Chaudé de Silans dirige le plus vieux Cercle parisien. Elle fume des Gitanes. Elle aime les polars, s’emballe devant un western, et le jazz la passionne. Mais le reste est consacré aux échecs. Chantal Chaudé de Silans, 76 ans, incarne autant qu'elle dirige le « Cercle Caïssa », du nom de la muse des échecs Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Cazuss12 inventée par un poète anglais du XVIIIe siècle ». Pour beaucoup, Caïssa, c'est elle !
Le cercle est d'ailleurs chez elle. On y accède au détour d'une rue parisienne, près des grands boulevards. Le parquet crisse, les murs parlent de légendes. L'air est saturé. Un bouquet de marguerites est égaré sur sa table. La présence de cette femme à la beauté intacte semble aussi incongrue que ces fleurs.
Mais le plus ancien club de la capitale né en 1939 (la plupart trouvent en banlieue, les loyers sont moins chers), ne doit sa survie qu'à des femmes. Les échecs, haut lieu de la misogynie, ne s'en remettent toujours pas ...
Après la dernière guerre, c'est donc une femme qui a soustrait le club à l'éphémère. De sa devancière, Jeanne Le Bay Taillis , Chantal Chaudé de Silans dit qu’elle est morte à un âge canonique
[NDLR âge de quarante ans (le minimum pour être servante chez un ecclésiastique !) Souvent confondu avec l’âge de 80 ans …].
À la mort de Jeanne, en 1970, personne ne voulait reprendre le Cercle. Mais les joueurs d'échecs sont des enfants assistés. Aucun ne voulait voir mourir Caïssa, mais pas un n'était prêt à oser quelque chose pour forcer un peu le destin.  Chantal plonge. Elle a le temps. Elle a tiré un trait sur la compétition Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Chanta16
Elle a guerroyé au « Café de la régence ». Un endroit, dit-on, que Napoléon prisait au point de s'y être fait construire une table, et qui existe encore dans certains esprits. Des Américains débarquent en me demandant où se trouve le lieu. Je leur réponds que le passé l'a digéré.
En 1950, elle a manqué d'être couronnée lors de son premier championnat du monde. Elle l'aurait été si elle n'avait essuyé une défaite dans la dernière ronde. Mais elle a pris ça avec un sourire entendu. Le même, certainement, qui l'habitait à 10 ans :
« À cette époque, mon père, tous les soirs, me montrait une partie d'Alekhine. J'ai toujours été fascinée par ses positions. La plupart dessinaient un losange ».
La fille qui, à 14 ans, devient championne de France (trop peu d'adversaires, peu de mérite donc), retrouvera un jour la légende russe lors d’une simultanée, avant la guerre :
« Il était implacable. C'était un bulldozer de velours ; il écrasait les autres avec doigté. J'ai perdu, inutile de le préciser ». 
Depuis, elle a pris cette distance qui lui fait dire, comme Baratz (champion de France roumain dans les années 20, qui a, par une belle correspondance, écrit le « Testament d’Alekhine »)
[NDLR c’est dans ce livre que l’on découvre qu’Alekhine ne « voyait » que deux phases dans la partie : 1. La phase préparatoire ; 2. La phase d’exécution],
Testament dont l’on devrait voir d'avion, afin de mieux apprécier la répartition des masses et anticiper sur les mouvements à venir.
Elle n'a jamais puisé son savoir dans les livres :
« J'ai eu la chance de côtoyer les meilleurs joueurs ».
Elle en a tiré quelques fameuses caricatures, perdues dans un de ses nombreux déménagements. Elle a connu les échecs nomades. Les réunions dans les cafés qui acceptaient les pousseurs de buis, avant de les refouler. On nous boutait vite. Les cafetiers supprimaient les ampoules de fond de salle. On revenait avec des lampes à huile. Puis le club s'installe rue d'Angleterre. Un « McDo » lui succédera. L'époque est à l'économie. On joue en sous-sol. Les adeptes de ces veillées nocturnes se raréfient. Les 450 membres des années 60 se perdent dans la nature. Elle tente d'enrayer l'hémorragie en se fixant dans une MJC au début des années 70.
« On disputait l'endroit à des blousons noirs. J'en ai amené une dizaine au jeu. Je n'ai jamais compris les MJC ; elles fermaient quand on en avait besoin : pendant les vacances ».
L'âge d'or du cercle, c'est rue Pigalle, dans son premier appartement de 250m2. Des tournois en pagaille, une vie et des rencontres foisonnantes. Depuis, le cercle a une nouvelle fois déménagé, la surface, s'est réduite de moitié. Elle guette un hypothétique sponsor pour l'aider à régler son loyer, donc de son Club. Pour former ces jeunes (Lautier ou Renet ont fait leurs classes chez elle) à qui elle donnerait tout. Elle les couve encore du regard. Elle les appelle pour les conseiller, quand ils ont fait une partie détestable. Les plus grands noms des échecs ont croisé ses pas. Et ces personnages qu'on imagine perdus dans des exils intérieurs lui ont semblé d'une désarmante simplicité. Voilà pourquoi elle dit :
« On ne gaspille jamais son temps en jouant aux échecs. On découvre la vie à chaque fois. Il n'y a pas une situation qui se ressemble ».
Ce qui l'anime, au-delà, c'est d'avoir le sentiment que les pièces ne lui échappent pas, que son esprit pèse sur le déroulement du jeu. Elle appelle ça conduire une partie. On pourrait dire dérouler le fil d'une logique dans un labyrinthe de 64 cases. Elle avoue pourtant le comble de la cruauté, pour un joueur d’échecs : une mémoire par nature friable. Si faible qu'elle ait renoncé à ingurgiter les ouvertures. Sans elles, le jeu ressemble à des sables mouvants. Chaque avancée force l'imprévu. Mais madame Chaudé de Silans a une prédilection pour les combinaisons. Elle s'est ouvert des horizons comme on force des coffres. Elle s'est bâti un univers à coups de captures, de sacrifices, de batailles imaginaires. La fièvre ne l'a jamais lâchée. Elle ne regrette rien. Tout mon argent est passé dans le jeu. Pour rendre compétitif mon Cercle, j'ai même acheté des mercenaires. Mes enfants me le reprochent encore. Son mari l'a toujours soutenue. Il est mort il y a huit ans. A cause de la cigarette, première cause de mortalité chez les joueurs, dit un proche. Elle joue toujours dans l'équipe « A » de Caïssa. Parce qu'il faut une femme, relativise-t-elle. Parce qu'elle a toujours cette acuité singulière, disent des joueurs. Elle se bat contre deux pendules : le temps du jeu, le temps qui passe.
« Je fixe moins mon attention. Ma vision s'est rétrécie : je vois moins de choses. Moins vite aussi. Je l’accepte ; c'est cruel, mais c'est ainsi ».
Son niveau de jeu glisse lentement : 2000, 1990 au classement Elo. Mais ce genre de vanité l'a depuis longtemps quittée. Elle dit :
« Je suis à jamais captivée par cette capacité du jeu à délivrer quelque chose. Quoi ? Pour comprendre le jeu, il faut être prêt à en capturer l'âme ». Elle lui a donné la sienne ».
[NDLR : Bertrand (Bernard) Chaudé, l’époux de Chantal, (ancien grand résistant, alias « Bat Grégoire », ingénieur, poète, médecin, professeur Nimbus, inventeur du « Coca qui se refroidit à l'ouverture » et d'un espéranto échiquéen, etc.), éternelle cigarette en bouche, égayait les Conseils d’Administration de la FFE, par ses remarques pertinentes et ses traits d’humour portés par sa belle voix de basse aux sonorités d’airain].
Et maintenant ?
[NDLR : (sources diverses) : "Cette fois, c'est décidé, je m'y mets ! Mais par où commencer ? ..." Les ouvrages consacrés à l'étude des échecs sont nombreux mais le plus souvent parfaitement hermétiques pour le profane.
Synthétique, « Le Bréviaire des échecs » (cf. 3ème partie de ce fil) expose les principes fondamentaux du jeu d'échecs, puis décompose les trois grands types d'ouvertures qui conditionnent le style des parties : débuts ouverts, semi-ouverts, fermés. Milieux de parties et finales sont ensuite développés à l'aide de nombreux exemples illustrés. Enfin, un chapitre permet d'aborder la résolution de problèmes. Clair, complet, le manuel du grand maître international Xavier Tartakover reste LE grand classique, l'ouvrage de base le plus régulièrement conseillé au joueur novice ; un livre accessible, rédigé dans une langue pleine de poésie, une référence fidèle à l'esprit même du jeu d'échecs. Aujourd’hui, le Bréviaire des échecs reste le manuel le plus aisé à aborder pour les débutants et l’ouvrage de référence pour les joueurs confirmés. Le Bréviaire fascinera tous ceux qu’enthousiasme le Noble Jeu]
À compléter, pour mettre toutes les armes de son côté, par
Frits Van Seters (1913-1976)
« Le Guide Marabout des échecs »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Fvs_le12
 
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Message par JeanFrancoisE 19.08.22 9:50

3ème partie
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Cn604128
    Le patriote
et talentueux écrivain
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 310px-22    
Xavier TARTAKOVER (1887-1956)
« Ma première période qui s’étend de 1905 à 1930 inclusivement, année où j’ai atteint « le plafond » de mes succès, sinon ma vraie force échiquéenne »
1914 Lorsque survient la « Première Guerre Mondiale », Tartacover participe au tournoi de Mannheim. Le tournoi est interrompu après la 11ème ronde.
Tartacover se porte alors volontaire pour être mobilisé dans l’« Armée Austro-Hongroise », au célèbre régiment d’infanterie impérial
« Hoch-und Deutschmeister »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Xt_rzo12
qui a combattu dans les différentes guerres de la monarchie de Habsbourg.
Il participe notamment à la « Bataille des Carpates » contre l’armée impériale russe. Il est décoré à plusieurs reprises pour sa bravoure.
Il est promu
« Leutnant Dr. S. Tatakower »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Lt_xt20
En décembre 1914, son frère Arthur tombe au cours d’un assaut hors des tranchées … 
Le « Wiener Schachzeitung
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 13177e17
publie un article à ce sujet
1915 : La dure réalité n'a pas encore pu nuire à la joie de vivre de Tartacover. Cette ambiance, dans laquelle l'humour pallie la dure réalité quotidienne de l’atmosphère des tranchées, apparait dans le dessin que le caricaturiste Egon Sternfeld, réalise en accentuant le trait
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Lt_xt_17

1918 provoque l'effondrement de l’« Empire Allemand » ; plusieurs États proclament alors leur indépendance : la Tchécoslovaquie, la Hongrie, la Croatieet et la Serbie ; deux autres intégreront le « Royaume de Yougoslavie » : la « Galicie » et la « Nouvelle Pologne ».

Tartacover n’en poursuit pas moins sa carrière de joueur d’échecs à Vienne (Autriche).

1925 Tartacover écrit des articles dans des magazines d'échecs puis publie, avec un certain succès, plusieurs livres
Le principal ayant pour titre original allemand « Die hypermoderne Schachpartie », en français
« La partie d'échecs hypermoderne »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... B0193z11   Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 97832816
Extrait de l'avant-propos écrit par Hans REE    (journaliste et joueur d'échecs néerlandais) :
« Le jeu d'échecs hypermoderne est le livre le plus précieux de ma bibliothèque d'échecs (...) C'est un livre sérieux qui offre plus d'une centaine de parties bien annotées, des leçons de fin de partie et une analyse détaillée des ouvertures qui en font un manuel de toutes les ouvertures courantes de l'époque, ce qui était encore possible en 1924. C'est aussi un livre léger ; un trésor d'aphorismes, de photos et de brèves notices biographiques des grands joueurs, et de contemplations sur le monde extérieur aux échecs ».
Remarquable 4ème de couverture qui en livre toute « l’essence historique » :
« La décennie qui a suivi la Première Guerre mondiale a été marquée par des changements passionnants pour le jeu royal. Une nouvelle vague d'échecs dynamiques prenait forme, menée par les jeunes lions Alekhine, Reti, Nimzowitsch, Breyer, Euwe, Tartakover et autres.
Ils affirmaient avec succès leurs nouvelles idées contre la vieille garde.
C'est à cette époque que parut le magnifique ouvrage de Savielly Tartakower, « Die Hypermoderne Schachpartie ».
La première édition de ce tome massif de plus de 500 pages denses a été publiée en 1924. Ce fut un best-seller instantané et la deuxième édition suivit rapidement avec des corrections et du matériel supplémentaire.
Au premier abord, il semble être un manuel d'ouverture avec des notes incroyablement complètes. Mais en fait, c'est bien plus que cela. Il y a des essais sur la stratégie, la tactique, les finales, l'histoire et d'autres sujets liés aux échecs, tous présentés dans le merveilleux style de Tartakower.
Cependant, ne vous laissez pas tromper par les aphorismes et l'humour. L'étendue et la profondeur des annotations de Tartakover seront inégalées jusqu'à l'arrivée de « Chess Informant » dans les années 1960. Et malgré la montée des monstres de silicium, il y a beaucoup de théorie d'ouverture fertile à trouver et à explorer.
The « Hypermodern Game of Chess » est le premier ouvrage en langue anglaise de la deuxième édition. Plusieurs centaines de diagrammes ont été ajoutés et le texte a été reformaté pour répondre aux attentes des lecteurs du XXIe siècle. À tous les autres égards, l'ouvrage conserve l'intégralité de son contenu.
L'opus magnum [NDLR : la plus grande réalisation d'un artiste ou d'un écrivain] de Tartakower est, comme on dit, une légende... ».
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Message par JeanFrancoisE 20.08.22 19:02

4ème partie
finale
Et la "lumière" s'éteignit
doucement ...
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 112
Xavier TARTAKOVER (1887-1956)
Parmi tous les livres d'initiation aux échecs, le plus célèbre est son ouvrage
« Bréviaire des Échecs »
paru en 1937
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 212
Grâce à lui, Tartacover est passé à la postérité parmi les adeptes du « Noble Jeu »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 311 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 411 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 511 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 611 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 711 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 811
éditions diverses …
Cet ouvrage, maintes fois réédité, a formé des générations de débutants. Il est le condensé de l’admirable talent pédagogique de Xavier Tartakover qui écrivit :
« Si Montaigne, à en croire ses Essais, « fuyait et haïssait » le jeu des Échecs, c’est parce qu’il en reconnaissait le haut degré de fascination ; si un homme moderne s’aperçoit qu’une chose est fascinante, il ne la fuit, ni ne la hait, mais la maîtrise. C’est ma réponse et le motif de mon optimisme »
Outre son « Bréviaire », il écrira une trentaine d'ouvrages sur les échecs et collaborera à de nombreuses revues échiquéennes, gagnant ainsi le titre officieux de : « Champion des journalistes d'échecs » !
Robert Sugden (économiste anglais, connu pour ses travaux en économie comportementale et ses recherches sur la théorie des jeux dans son aspect expérimental, combinée avec la philosophie morale et politique) et Iakov Damsky (écrivain talentueux sur les échecs), déclarent :
« À l’instar des autres joueurs d’échecs de tous âges et de tous rangs (parmi lesquels on ne manque généralement pas d’idiosyncrasie ou de superstition …), Tartakower, avait un vieux chapeau avec lui de tournoi en tournoi
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 911
Il ne le portait qu’à la dernière ronde en pensant qu’ainsi il gagnerait ! »
[NDLR : l' « idiosyncrasie » est la réaction, le tempérament, la manière d'être de chaque individu]
Le portait-il ce jour-là ?!
... en revanche, ce chapeau ne lui garantissait pas le succès dans les Casinos ! Ils les visitaient comme s'il s'agissait d'aller au travail ! Ainsi, la « table de la roulette » recevait régulièrement, à la fois, ses prix glanés dans les tournois et les nombreux versements reçus de ses séries d'articles et divers droits d'auteur … ».
On se souvient également de Tartakover pour son sens de l'humour et son talent d'orateur.
L'un de ses aphorismes les plus célèbres est : « Le gagnant d'une partie est celui qui a fait l'avant-dernière gaffe ».
Lors des buffets mondains, il était tellement gourmand, que ses collègues le surnommaient malicieusement (sinon affectueusement) « Tartacaviar » !
Il est est considéré et restera comme l'une des personnalités du monde échiquéen parmi les plus remarquables de son temps.
Harry Golombek a écrit :
« Le Dr Tartacover est de loin le plus cultivé et le plus spirituel de tous les maîtres d'échecs que j'aie jamais rencontrés. Son esprit extrêmement bien agencé et son esprit indigène toujours fluide, font de la conversation avec lui un plaisir perpétuel. À tel point que je considère comme l'une des attractions les plus brillantes qu'un tournoi international puisse m'offrir, quand le Dr Tartacover est l'un des participants. Son discours et sa pensée sont plutôt comme un mélange modernisé de Baruch Spinoza [NDLR : philosophe néerlandais d'origine séfarade portugaise, traducteur de la Bible, fabricant d'instruments d'optique, politologue, grammairien, linguiste, théologien, écrivain ...] et François-Marie Arouet dit Voltaire [NDLR : Figure majeure de la « Philosophie des Lumières », anglomane, féru d'arts et de sciences, conteur, auteur de théâtre, pamphlétaire, poète, dramaturge, historien ...] ; avec tout cela, Tartakover fait montre d’une touche d'originalité paradoxale qui lui est propre et essentielle ».
[NDLR : à savoir : Il a été signée en présence du président de la FFE, Eloi Relange, une convention de partenariat entre l’« Union Nationale du Sport Scolaire » (UNSS) de Créteil, et la Ligue Ile-de-France pour la mise en place d'un projet de formation des collégiens et lycéens – « Tartakover Chess Formation » - « Ce projet a pour ambition d'aller au-delà de la dimension pédagogique du jeu d'Échecs et par l'exemple de la vie et les engagements de Xavier Tartakover de démontrer les vertus de l'engagement citoyen, de l'assimilation et de l'intégration dans les valeurs de la République » : http://www.echecs.asso.fr/Actu.aspx?Ref=13421]
Performances générales de Xavier Tartakover sur 1572 parties recensées
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1012
« La Der des Ders » …
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=nFnDmUB0lVUCgfdgcMWbBy4969lfHvpYDeex4lUlf9YjflRuI8W221PWdAG9ER4E
Il meurt seul, dans le plus grand dénuement (dans une chambre d'hôtel du le 10ème arrt. de Paris) ,
d'un infarctus du myocarde consécutif à l’exacerbation d’une crise d'asthme aiguë.
 Le 4 février 1956
 (18 jours avant son 69e anniversaire)
Son dernier et poignant aphorisme aurait été
« Cette fois, je suis vraiment très, très mat »
Lorsque c’était lui qui matait :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=NBfsbkdkGhYz+KwPMU9Y8lvPxT8JHn7nw4jhuzB+f4oJZWedkB0luMJgWcLrhS+2
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=NBfsbkdkGhYz+KwPMU9Y8jNGcWElsW8VblLlsZk+1s6I2Uziz9l8Imav8j9OmdBv
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=DMpK32dyvvuWait/tHM+g2vxa5HVUWlQ3IKjzUYrk5UGdrU+Q7j8Wj547lL9/DyO
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=DMpK32dyvvuWait/tHM+g94Qp7aJS5tVLT2JJzAv38DK2SBf5IRDy3cOIR6uWVz9
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=DMpK32dyvvuWait/tHM+g6xwA+MvSJKWPHNo0JbnMXMZzOdbTw8eBTQvvEFSo5QH
In Memoriam
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1111
Il est inhumé au cimetière de Pantin (plus grand cimetière de France de 107 hectares avec 1138 tombes), situé dans la banlieue Nord-Est de Paris, dans le département de la Seine-Saint-Denis (93).
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1211
L’emplacement de sa tombe existe toujours.
Il se trouve en bordure de la 136ème division.
C’est une tombe tristement anonyme …
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1311
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1411
ADDENDUM
[NDLR : comme tout un chacun, au vu de cet emplacement anonyme, je ressens une très grande tristesse.

La « Fédération Française des Echecs », dont le Président de la « commission culture et histoire » est en contact avec moi à ce sujet. Serait peut-être à même de faire remédier à sa réfection ?

Exemple : 1. un muret érigé pour en délimiter le pourtour ; 2. un gravillonnage intérieur ; 3. une plaque, avec photo, au nom de cet illustre personnage. Soit un minimum à peu de frais.

Cet homme a tant fait pour le bon renom de la France échiquéenne de son époque et même au-delà, qu’il mérite amplement qu'un effort soit fait envers lui afin de donner un peu de lustre à sa dernière demeure. Jean-François EPINOUX]
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Message par JeanFrancoisE 23.08.22 9:28

1ère partie
Premier en maints domaines
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bogo_110
Efim Dimitrievich BOGOLJUBOW (1889-1956)
Bogoljubov (qui signifie « bien-aimée de Dieu » en ukrainien), nait dans la famille d'un prêtre rural dans la ville ukrainienne de Stanislavchyk (village (selo) de Zolochiv, dans l'oblast de Lviv, en Ukraine occidentale).
Jeune homme curieux de nature il ne veut pas suivre les traces de son père et s'inscrit dans une « Université Polytechnique » à Kiev, en Russie (aujourd'hui Ukraine).
Né Russe, il deviendra citoyen Soviétique en 1917 et sera naturalisé Allemand en 1927.
Efim Bogoljubov est l'un des meilleurs joueurs de l'histoire des échecs, mais il a appris le jeu assez tard, à l'âge de 15 ans - aujourd'hui, certains juniors sont déjà grands maîtres à cet âge ! Bogoljubow avait 18 ans lorsqu'il a commencé à s'intéresser sérieusement aux échecs. Au début, il veut devenir prêtre et étudie la théologie à Kiev, puis il se sent attiré par l'agriculture qu'il étudie à l’ « Institut Polytechnique ». Finalement il ne termine pas ses études et se concentre sur les échecs …
1911 Son premier exploit sérieux aux échecs a lieu lorsqu'il termine à égalité pour la 1ère place du « Championnat de Kiev 1911 ».
1914 Il fait des progrès constants en tant que joueur et, en 1914, il joue dans le « Tournoi International de Mannheim ».
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bogo_112
Les participants du tournoi de Mannheim 1914
Las, le tournoi est écourté parce que la guerre est déclarée à la Russie. Bogoljubow et dix autres maîtres russes (dont Alekhine) sont détenus en Allemagne. Efim va y rester jusqu’à la fin de la guerre …
Après avoir remporté quelques succès en Russie, il décide de se rendre au « 19e Congrès de la Fédération allemande des échecs » à Mannheim
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Triber11
pour acquérir de l'expérience dans les tournois internationaux. Une décision fatidique ! Au cours du tournoi, le 1er août 1914, la « Première Guerre Mondiale » débute. Bogoljubov et les dix autres participants russes au Congrès - parmi lesquels Alexander Alekhine et Fedor Bogartyrchuk - sont arrêtés par les autorités allemandes. Après de courts internements à Mannheim, Ludwigshafen et Rastatt, Bogoljubov se retrouve à Triberg, un village de la Forêt-Noire, pendant toute la durée de la guerre ….
Toutefois, il est autorisé à jouer aux échecs pendant les hostilités et peut ainsi participer à de nombreux tournois de 1914 à 1916.
1919 Après la guerre, il remporte de nombreux tournois internationaux ; notamment à Berlin et à Stockholm. Dans la partie suivante du « Tournoi de Stockholm », il sacrifie tôt un pion pour créer des faiblesses sur les cases sombres des Noirs ; s’ensuit plusieurs sacrifices de pièces qui laissent finalement les Noirs dans l'incapacité de défendre le Roi ...
Il joue bien dans trois tournois importants en Suède en 1919-1920.
1920 Au début de l'année, Akiba Rubinstein et Bogoljubow disputent un match très relevé ; seules trois des douze parties sont nulles  Rubinstein l'emporte d'une seule partie
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=bfm8xbDeIvS3rz/Zi91Y+vcFMwWrJpCWKS5AtzWHS5L44IaUMzQMLoqR7QOlORK4
Plus tard dans l'année, il bat en match de manière décisive Aaron Nimzowitsch
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=bfm8xbDeIvS3rz/Zi91Y+kFA+JkB4hXIVG8P+CU4SJW6wydPr9hHOq2dbKp8mJPH
Il termine à la 1ère place du « Tournoi de Bad Pistyan » (ville située au bord de la rivière Váh, dans l'ouest de la Slovaquie) devant Alekhine.
1922 « Tournoi d’Hastings 1922 » où l’on retrouve l’élite échiquéenne du moment. Outre Efim Bogoljubow et Alexander Alekhine, sont présents : Siegbert Tarrasch, Akiba Rubinstein, George Allan Thomas et Fred Dewhirst Yates.
C’est là que se joue une partie extraordinaire, entre Alekhine et Bogoljubow, connue sous le titre de « Triple sacrifice de Dame » ! L' « Immortelle d'Alekhine »
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=4ERYlMLXtQnD+t6sLH9HTWe+HO0/cYj37ry2TvoyhMPIiK6MY8eR21TJGgLepngx
Classement final : Alekhine 7,5/10, Rubistein 7/10, Thomas et Bogoljubow 4,5/10, Tarrasch 4/10 et Yates 2,5/10.
Sa réputation est toutefois renforcée par son grand succès à « Bad Pistyan ».
1923 il partage la 1ère place à la 3ème place à Carlsbad avec Alekhine et Maroczy. À cette époque, il est considéré comme un joueur de classe mondiale et il retourne en Russie pour la première fois depuis la « Première Guerre Mondiale ».
1924 Il remporte le Championnat Soviétique.
Le Procureur Général Nikolaï Krylenko, qui dirige l'organisation des échecs soviétiques, obtient le retour de deux émigrés : Bogolioubov et Selezniov. La section des échecs - une unité du « Haut Conseil de la Culture Physique », nouvelle organisation des échecs en URSS - orientée politiquement et dirigée par Krylenko, organise son premier championnat, un « tournoi panrusse » (relatif à la Russie dans son entièreté).
Invaincu, Bogolioubov gagne avec 2,5 points d'avance sur Romanovski et 3,5 points sur Bogatyrchouk et Levenfisch.
Il gagne grâce à son expérience des tournois en Europe. À l'automne 1924, il écrase le précédent vainqueur Romanovski dans un match (+5 -1 =6). Voici une partie : https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=txW1FL2ayIfs6k7QUgLc2+R2AdoTtvVmq0oASFg16paRo3uMxnCvyEP5ROVP3IH0
1925 Il remporte le « Tournoi de Breslau 1925 », après avoir réitéré en tant que Champion Soviétique. Il remporte également le très fort « Tournoi de Moscou 1925 » devant l'ancien champion du monde Emanuel Lasker, le champion du monde en titre José Capablanca, Frank Marshall, Richard Reti, Akiba Rubinstein et autres.
Cette année-là, il remporte non seulement le « Tournoi de Moscou » et le « Championnat Soviétique », mais il termine également 1er du « Championnat Allemand ouvert de Breslau » devant Rubinstein et Nimzowitsch, ce qui fait de lui le seul joueur de l'histoire des échecs à avoir été Champion d'Allemagne et Champion Soviétique la même année !
Dans la partie suivante, du « Tournoi de Breslau », il sacrifie du matériel pour gagner une attaque sur le Roi de Siegbert Tarrasch, dans un chassé-croisé de la case e8 jusqu'à la case d5 avant d'être maté !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=gAobFewgQwPsSjWfMbt+laOtR9mlPJD4+P+46UyUjPd6W9O+ZmR2hES0BZFwTtAu
Lorsqu'on leur demande combien d'Allemands ont eu la chance de jouer un match pour le championnat du monde, la plupart des joueurs d'échecs en citent deux : Siegbert Tarrasch et Emanuel Lasker. Mais il y en a un troisième : Efim Bogoljubov !
Après ses grands succès en 1924 et 1925, Bogoljubow est considéré comme prétendant au « Championnat du Monde ».
1926 Bogoljubov fait ses adieux à l'Union Soviétique (SSSR) et demande la citoyenneté Allemande. En tant que citoyen soviétique, il doit obtenir une autorisation des officiels des échecs pour participer à tous les tournois auxquels il veut jouer - un obstacle sérieux pour sa carrière d'échecs et sa vie en tant que professionnel des échecs ...
Après sa « fuite », il devient en URSS une « non-personne » (!) - même la mention de son nom est interdite. « Selon l'usage communiste, le nom de Bogoljubov est rayé de toutes les listes, même les inscriptions de ses succès en Tournoi sont supprimées », écrit André Schulz, éditeur de « ChessBase », dans son remarquable ouvrage : « The Big Book of Chess World Championships » : 46 Title Fights from Steinitz to Carlsen »

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 51zqde11
4ème de couverture :
« Wilhelm Steinitz, le vainqueur du premier championnat du monde officiel d'échecs en 1886, se serait frotté les yeux d'incrédulité s'il avait pu voir à quel point les échecs sont populaires aujourd'hui. Avec des millions de joueurs dans le monde entier, des transmissions en direct sur Internet des compétitions majeures et mineures, et des programmes éducatifs dans des milliers d'écoles, les échecs sont véritablement devenus une passion mondiale. Et qu'aurait pensé Steinitz, qui a eu des problèmes financiers toute sa vie et est mort dans la pauvreté, de l'actuel champion du monde, Magnus Carlsen, devenu multimillionnaire au début de sa vingtième année simplement en jouant aux échecs ?! L'histoire du « Championnat du Monde d'échecs » reflète ces énormes changements. André Schulz raconte l'histoire des combats pour le titre avec des détails fascinants : les contextes historiques et sociaux, les prix et les règles, les seconds et autres aides, les guerres psychologiques sur et en dehors de l'échiquier. Revivez la magie de Capablanca, Alekhine, Botvinnik, Tal, Karpov, Kasparov, Bobby Fischer et les autres ! André Schulz a sélectionné une partie déterminante de chaque championnat et il explique les coups des champions d'une manière facilement accessible à tous les joueurs. C'est un livre qu'aucun véritable amateur d'échecs ne veut manquer ».
À suivre …
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Message par JeanFrancoisE 24.08.22 0:08

2ème partie
Visées sur le Graal …
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bogo_910
Alekhine vs Bogoljubow
sous l’œil expert d’Emanuel Lasker
1926 Efim Dmitrievitch Bogolioubov devient Allemand et vise le titre de champion du monde …
Il émigre donc en Allemagne où il s'installe définitivement. Il est marié à une Allemande : Freida. Il lui envoie l'argent gagné à « Bad Pistyan » à « Triberg », qu’elle investit dans l’achat d’une maison. Un bon investissement dans une période économiquement troublée. Cela garantit à la famille un revenu fiable en louant des chambres aux touristes et aux visiteurs de Triberg. Ils possèdent une maison et ont des enfants, mais officiellement il est toujours un citoyen soviétique …
Il termine 1er du « Tournoi de Berlin » devant Rubinstein.
1928 Il remporte le « Championnat du Monde d'échecs « Amateurs » organisé par la Fédération Internationale des Échecs en battant Max Euwe 3 à 2 avec cinq parties nulles.
Il devient ainsi le premier champion de la FIDE.
1929 il bat à nouveau Euwe par le score de 5 à 4,5.
Il déjà connu pour l'ouverture qui porte son nom : la « Défense Bogo-Indienne E11 » 1.d4 Cf6 2.c4 e6 3.Cf3 Fb4+. qui est une bonne arme de nulle : https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=ESCK8jP5y9/KeQMg/0S+fUQZ6ZcBM+MQGbtG8D8g0ad0YB4lrD4JV6p8lCNPkOxx
Et de confirmer sa célèbre citation :
« Quand je suis Blanc, je gagne parce que je suis blanc. Quand je suis Noir, je gagne parce que je suis Bogoljubow » !
En mai, il bat Max Euwe dans leur « 1er match du championnat de la FIDE »
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=bfm8xbDeIvS3rz/Zi91Y+iXEx3Y5Q6hX6v0O6+oP6WIo+oipiPo0HGs6wL/2zHnu
Il ne s'agit pas d'un Championnat du Monde, mais d'un match pour le titre de « Champion de la FIDE ».
Il remporte le « Tournoi de Kissingen » devant Capablanca, Nimzowitsch et d'autres joueurs de haut niveau.
De la fin de 1928 au début 1929, il bat de nouveau Max Euwe dans un match de 10 parties, soit le « 2ème Championnat FIDE ».
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=i3Nu6ulWxS0ekQTw7xbCG0KYfIKkUabfKMx4tRFl71JL2oO0Cd6r1VhKZTNtP/0R
1929 Le « Championnat du monde d'échecs 1929 » voit s'affronter Alexandre Alekhine, tenant du titre, et Efim Bogoljubov
Cet évènement se joue en Allemagne et aux Pays-Bas du 6 septembre au 12 novembre. Le vainqueur sera le premier à 15,5 points en 30 matchs …
Alekhine conserve son titre au terme du match. Parties remarquables :
Bogoljubow a tenu bon au début et après six parties, le score était à égalité 3 - 3.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=feinDb2XB7gT0FX3O4SC1FAzCNsJVE6J0ROdHhYNp0gcznvxlVfxAPkrsRyax7m5
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=q70I4RWuWZFnsPS8WCc7wWtT8AoRfXfFWQrJfbGF4FssX1/UNuq1dedTA5JaE3Sg
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=WRpBu0jh+xJTV9qQWm80OWEzTX9A3DVvFtryBX751Zmi7f2FqHStGsT/MFVhQZAn
Après la sixième partie, Alekhine élève le niveau de son jeu et Bogoljubow ne peut pas le contrecarrer.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=feinDb2XB7gT0FX3O4SC1KpEfrmm9Vl9vRdDd2LVQG26NrFYW4t4vcnmjji/54E/
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=feinDb2XB7gT0FX3O4SC1J6miUBjBxiNvvEQqgop0t915NKsXnG+1o5pGdHq4WzK
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=LCvGNjQTPY/xP9MW2DSfq8LTcByhtLW+6V+ixFi+7dAUGMnStmFgoE56Ecswxrs1
Le match, malgré qu’il l’ait perdu, montre que Bogoljubow est un joueur complet.
1931 Bogoljubov gagne le « 27ème Congrès Allemand d'Échecs », à Swinemünde (en Poméranie, région côtière au sud de la mer Baltique dans le nord-ouest de la Pologne et le nord-est de l'Allemagne).
Tournoi remporté après un match de départage qu’il gagne contre Ludwig Rödl et devant Kurt Richter.
Il est 2ème du « Tournoi de Bled 1931 » remporté par Alekhine.
À l’Olympiade, il joue au 1er échiquier de l’équipe Allemande - résultats : 12,5/17 (+9 =7 -1)
1933 la très ancienne fédération allemande d'échecs « Deutsche Schach Bund », fondée en 1877, est dissoute par le nouveau pouvoir Nazi ... (contraction de « national-socialisme » ou NAtionalsoZIalismus en allemand).
La même année, Bogoljubov gagne les tournois :
« Aix-la-Chapelle Bad Aachen » (tournoi national des maîtres), devant Richter, Ahues et Sämisch) ; et le « 1er Championnat d'Allemagne de Bad Pyrmont » devant Rödl et Carls.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=PMz3j/HdW7ZMX9REnwBHm703mEeV32cyk4VrKEKyLNlROYHOdkNMD9Bf4ib+Ibrn
1934 Bogoljubow remporte le « 1er Championnat d'Allemagne ». Un match revanche entre Alekhine et Bogoljubow est organisé.
Ce deuxième match de Championnat du Monde n'est pas aussi bien accueilli que le premier, car une nouvelle génération de maîtres est apparue entre 1929 et 1934. Alekhine remporte le match de manière convaincante
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=7MwDvE4clJVWNoJgHF4sk3Z6RouTpIQQcKGLcBbR3SFvQvHq0J+YKWEonnx+bZaZ
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=X7Q16WvPMRLDrncFellGEt7ZbO0q+Ln2OjJh9+U0PMssI+UwwIZJwqzFJy6ksBoV
… mais Bogoljubov n’est pas tout à fait en reste !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/0pfDzSgjpprVd6I2ADahy5EebAH2nH2zdDl7BogycAC/RGW3bDfLISYL9YdSWaw
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=+qYtg6859ysze+5HKiRy1BE67XG/qNFwURxkAjgDBwcbV6fnIonF/Vbl2QEe3AVf
 
À suivre …
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Message par JeanFrancoisE 24.08.22 6:05

3ème partie et fin
L’équilibre en tous points
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bogo_210
Dans la simple joie de jouer ...
1935 il gagne : « Bad Nauheim » (ville allemande dans le Land de Hesse, sur l'Usa, au pied du Johannisberg, pays du bon vin blanc ...) et « Bad Snarow » (commune allemande située dans l'arrondissement d'Oder-Spree, dans le Land de Brandebourg près de Berlin).
1936 Bogoljubov termine 10ème du « Tournoi de Nottingham ».
Ce tournoi compte parmi les plus forts de l'histoire avec la participation des huit meilleurs joueurs de l'époque et des cinq champions du monde de la première moitié du vingtième siècle !
Bogoljubov est nommé « Capitaine de l'équipe Olympique d'Allemagne ». Il participe à la préparation de son équipe pour l'Olympiade d'échecs officieuse de Munich, mais ne la dispute pas sur l'échiquier. L'Allemagne, sans son meilleur joueur, finit deuxième.
1937 Efim termine 2ème-3ème d'un Tournoi quadrangulaire de Bad Nauheim, Stuttgart et Garmisch-Partenkirchen, ex æquo avec Alekhine, derrière Max Euwe.
1938 c’est l’apogée des conflits régionaux avant la Seconde Guerre mondiale … Dans ce contexte, Bogoljubov craint que sa fille ne puisse accéder à l'Université … il décide alors, pour le lui permettre, de devenir membre du parti Nazi (contraction de « national-socialisme » ou NAtionalsoZIalismus en allemand) alors en pleine expansion …
Plus tard, après la Seconde Guerre mondiale, Efim sera traité de « fasciste » à cause de cela …
Il gagne le « Tournoi de Karlsruhe » devant Richter.
1939 Il participe de nouveau à la préparation de l'équipe d'Allemagne qui remporte l’« Olympiade d'échecs à Buenos Aires ».
Il perd un match contre Erich Eliskases, puis il gagne le « Tournoi de Stuttgart 1939 » devant Richter, Engels, Vidmar, Eliskases et Kieninger.
1940 Berlin 1er avec 7,5/9 ; devant : Kurt Richter 6.0/9 et Herbert Heinicke 5,5/9.
Cracovie-Varsovie « Premier Championnat du Gouvernement Général de Pologne », ex æquo avec Kohler.
1941 En juillet, Bogoljubov affronte Euwe dans un match. C’est la seule compétition qu’Euwe accepte de disputer en dehors des Pays-Bas durant la guerre. Euwe gagne le match 6,5 à 3,5.
1944 1er du « 6ème Championnat du Gouvernement Général de Pologne à Radom » (ville de Pologne située dans la voïvodie de Mazovie), devant Fedor Bogatyrtchouk.
1947 Après la Guerre, Bogoljubov finit 1er à :
Lunebourg 14,5/17 devant Ludwig Roedl 14/17 et Ludwig Rellstab 12,5/17 ;
Cassel 7,5/9 ;
Flensbourg 8,5/10.
1949 Tournoi de « Bad Pyrmont 1949 » dit championnat d'Allemagne occupée.
[NDLR : l’occupation de l’Allemagne après la Seconde Guerre mondiale résulte, durant la Guerre Froide (nom donné à la période de fortes tensions géopolitiques durant la seconde moitié du XXe siècle), de la volonté des États-Unis, de la France, du Royaume-Uni et de l'Union Soviétique, d'éliminer en profondeur le régime Nazi et de prévenir tout risque de résurgence du militarisme allemand].
Au Tournoi d’« Oldenbourg 1949 », Efim termine 1er ex æquo avec Elmārs Zemgalis.
1950 Lors du 1er championnat de la « République fédérale d'Allemagne 1950 », il finit 2ème-3ème après Unzicker.
1951 La FIDE lui attribue le titre de « Grand Maître International » (GMI)
Le style de Bogoljubow était agressif et tactique, bien qu'il restât équilibré dans toutes les phases du jeu. Il était très fort avec les combinaisons tactiques et avait un bon sens des sacrifices qui avaient des avantages durables.
Pourcentages de réussites sur 1274 parties répertoriées
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image310
---ooOoo---
Après la seconde guerre mondiale, il ne participe qu'à quelques tournois.
Après le championnat du monde de 1929, Bogoljubow continue d’obtenir de bons résultats en tournoi, mais il ne jouera plus pour le Championnat du Monde.
Il continue de remporter de grands succès en tournois entre 1935 et 1940. Après le début de la Seconde Guerre mondiale, il continue de jouer dans des tournois en Allemagne avec un succès modéré. Après la guerre, son jeu commence à décliner.
On se souviendra toujours de Bogoljubow pour avoir joué deux fois contre Alekhine pour le Championnat du Monde.
On se souviendra également de lui pour l'ouverture qui porte son nom :
La « Défense Bogo-Indian » (ECO E11 : 1.d4 Nf6 2.c4 e6 3. Nf3 Bb4+) qui est toujours jouée, ainsi que ses choix sur la « Queen's Indian » (« Indienne de la Dame » ECO E12–E19 : 1.d4 Nf6 2.c4 e6 3.Nf3 b6) et le « Queen's Gambit Declined » (« Gambit Dame décliné »  ECO D30–D69 : 1.d4 d5 2.c4 e6).
Bien que la plupart de ses réalisations soient éclipsées par celles des géants des échecs : Capablanca et Alekhine qui ont joué à la même époque, Bogoljubow reste une légende des échecs dont les parties sont encore étudiées dans les livres (Garry Kasparov en a sélectionné 11 jouées par Bogoljubow dans sa série en cinq volumes « Mes Grands Prédécesseurs »).
Premier champion FIDE, il fera toujours partie du groupe exclusif de joueurs de classe mondiale qui ont joué pour le Championnat du Monde d'échecs sans y parvenir.
[NDLR : dont je tâche de rendre hommage sur le Forum de l’AJEC ...].
« Il fut un chroniqueur échiquéen très prolixe. Sa correspondance ainsi que ses chroniques suffiraient à remplir un volume qui rendrait compte fort valablement des événements et péripéties de nombreux grands tournois du milieu du siècle » (1933 à 1960).
François Le Lionnais dit : « Bogoljubov, tels Tartakover et Karpov, est l'un des maîtres qui peut revendiquer le plus grand nombre de participations victorieuses à des tournois internationaux majeurs ».
Emile Diemer et Dany Sénéchaud lèvent un coin du voile (http://www.mjae.com/bogoljubov.html) :
« Pourquoi a-t-il gâché ses chances de gagner des parties qui lui étaient favorables en provoquant la nullité ? Et pourquoi a-t-il perdu des parties vouées à la nullité ? Il souffrait fréquemment d'un "complexes psychiques" qui lui ôtaient ses moyens. C'est pourquoi il ne pouvait jamais se concentrer entièrement sur ses parties ».
[NDLR : "complexes psychiques" ce sont des masses psychiques qui supplantent le contrôle de la conscience]. 
---ooOoo---
[NDLR : et le « JpC » direz-vous ? Entre 1911 et 1940, j'ai recensé 13 parties que Bogoljubow a jouées par correspondance avec le score de 11/13 (+11 = 1 -1). Voici la plus intéressante :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=GzCcLSyhCUsj31WpNswTz6dfqVGCz0xatZ9A+K6+Zyi7Gwxl/YKYNcgd+pRZyTy]
---ooOoo---
1952 le 18 juin, Bogoljubow décède d’un arrêt cardiaque durant son sommeil à « Triberg im Schwarzwald » (ville située dans le Bade-Wurtemberg, « État fédéré » du Sud de l’Allemagne dans la « Forêt-Noire »)
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Trimbe10 où se fabrique les fameux « coucous » … [url=https://servimg.com/view/18918960/1419]Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Trimbe12[/url]
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Message par Refalo 27.08.22 10:59

Merci Jean-François pour ces intéressants articles.

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Message par JeanFrancoisE 07.09.22 5:05

1ère partie
L’artiste de la recherche
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Reti_110
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Austri10 Richard RETI (1889-1929) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tchzoq18


1889 Richard RERTI nait le 28 mai à Bazin en Autriche-Hongrie, aujourd'hui Pezinok (ville du sud-ouest de la Slovaquie, à 20km de la capitale Bratislava).
[NDLR : la « République slovaque » (abrégé « Slovaquie », en slovaque : « Slovensko et Slovenská republika »), est un pays situé en Europe centrale, au cœur de l'Europe continentale et à l'est de l'Union européenne, dont elle est membre depuis 2004. Ses pays frontaliers sont la Pologne au nord, l'Ukraine à l'est, la Hongrie au sud, l'Autriche à l'ouest et la Tchéquie à l'ouest-nord-ouest. Cœur de la « Grande-Moravie », la Slovaquie fit partie du royaume de Hongrie à partir du XIe siècle]
Le père de Réti, juif hongrois, est un médecin au service de l'armée autrichienne. Il élève son fils avec une préceptrice française.
[NDLR : la belle épouse de Richard Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Femme_10  avait donné naissance à son frère aîné Rudolph Reti pianiste, théoricien de la musique et compositeur réputé. Il est l'arrière-grand-père du peintre allemand Elias Maria Réti]
1890 la famille vient à Vienne, où Réti après être sorti du « Gymnasium » (établissement scolaire, généralement secondaire), commence à étudier les mathématiques. Toutefois, il consacre bientôt plus de temps au jeu d'échecs qu'à ses études … Au « Café Central de Vienne », il en vient à oublier son travail universitaire et abandonne définitivement les mathématiques pour devenir joueur d'échecs professionnel.
Xavier Tartakover dit sur cette période de sa vie :
« Réti étudie les mathématiques sans être un mathématicien borné, il représente Vienne sans être Viennois, de naissance c'est un Vieux-Hongrois sans qu'il puisse parler hongrois, il répond avec une rapidité extraordinaire, mais agit avec d'autant plus de réflexion, et avec cela il devient le meilleur joueur d'échecs sans être champion du monde. C'est un artiste de la recherche qui s'occupe plus du pourquoi des choses que de leur essence. »
1895 Alors que Reti atteint ses 6 ans, le « Tournoi de Hastings 1895 » est considéré comme l'un des plus forts tournois de l'histoire des échecs. C'est l'un des premiers à inclure tous les meilleurs joueurs du monde, y compris l'ancien champion du monde Wilhelm Steinitz, le champion en titre Emanuel Lasker, Mikhaïl Tchigorine, Siegbert Tarrasch, Carl Schlechter, Joseph Henry Blackburne, David Janowski et d'autres. Le résultat de ce tournoi de 22 rondes fut une surprise, l'Américain Harry Nelson Pillsbury le remporte avec 16,5/22 alors que c'était son premier tournoi international.
1901 À l'âge de 12 ans, il soumet un problème d'échecs à la rubrique d'échecs de « Über Land und Meer » dirigée par Hermann von Gottschall. Von Gottschall lui conseille de continuer à travailler les échecs.
1902 le jeune Réti, alors âgé de 13 ans, est présenté à Carl Schlechter qui remarque que « pour son âge, il est certainement exceptionnel ». Il se comporte bien lors du « 2ème tournoi national hongrois à Székesfehérvár » (anciennement « Albe Royale » (en latin : « Alba Regia »), est le chef-lieu de la région de Transdanubie centrale et du comitat de Fejér).
1907 l'intérêt de Réti pour les échecs s'est émoussé à la suite de quelques résultats décevants en tournois. Ses principaux intérêts sont alors les mathématiques et, dans une certaine mesure, la physique. Il est sur le point de terminer son doctorat lorsque la « Première Guerre mondiale » éclate. Réti est affecté à un travail de bureau en raison de sa « constitution quelque peu faible ».
1908 Contrairement à d'autres maîtres des échecs, Réti n'est nullement un enfant prodige, malgré son talent indiscutable. Il doit beaucoup travailler pour les résultats qu'il atteindra par la suite. C'est en apprenant par lui-même et en pratiquant qu'il accroit considérablement ses capacités de jeu entre 1908 et 1912.
Dans son « 1er Tournoi international de Vienne », il ne peut faire que 3 parties nulles sur 19 ; la 2ème fois il obtiendra 5,5 points sur 10.
Les années suivantes, il nouera une amitié étroite avec un joueur très doué, Gyula Breyer Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Gyula_11 (1893-1921) qui sera plus tard avec lui l’un des « champions de l'école hypermoderne ».
1910 Elle est courte, mais elle est bonne !
[NDLR : Richard Réti vs Xavier Tartakover Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 11000l10 , Vienne, 1910]
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=m5elI6yJ5XTerRqZGEdmccSXS0iHKh327AJRja+Eys5LDFAwHS0afmk4+8z2qeN7
Dans son « Bréviaire des Échecs », le grand-maître Tartakover a le panache de reproduire cette partie sous le titre « Un mat splendide ». Il l'accompagne d'intéressants commentaires.

Le sacrifice de Dame effectué par Réti dans cette « miniature » (partie comportant moins de vingt coups (vingt-cinq pour certains auteurs) n’est pas nouveau. Il était déjà apparu auparavant, notamment dans au moins quatre autres parties (https://chesshistory.com/winter/extra/retitartakower.html).

De plus, les circonstances qui accompagnent la partie Réti-Tartakover ne sont pas toutes élucidées : il a publié la
partie dans son livre « Schachmethodik » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 97832817 (Berlin, 1929) avec la seule précision : « partie libre » disputée à Vienne en 1910. La partie a été publiée auparavant en par Georg Marco à la page 10 du « Neues Wiener Tagblatt », du 1er avril 1910, avec la conclusion : « 10. Fg5+ Abandon ». « La partie fut jouée pour une mise mineure (dix couronnes) et avec une cadence de jeu de 15 coups par heure »]
1911 au début de sa carrière, Reti (22 ans) privilège les ouvertures agressives et les positions tactiques. Ici, il sacrifie une pièce complète dans une ligne du « Gambit Roi » et plus tard (au 15ème coup), il déclenche une combinaison dévastatrice
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=68/KCNPPVGWmjdEu3Lsc2y7078qJGpjrJ/J8dy4mamOua2jCWidBGcK3dPPK31t/
1914 Pendant la « Première Guerre mondiale », la vie échiquéenne s'arrête sur le plan international et Réti ne participe qu'à des tournois locaux.
Après la guerre, il s'installe à Prague. Comme son contemporain Aaron Nimzowitsch, il critique la façon de jouer dogmatique des maîtres plus âgés.  Mais il ne va pas aussi loin dans l'agressivité que ce dernier, qui se querellera publiquement avec Siegbert Tarrasch (dit le « Praeceptor Germanie »), l'avocat du vieux style dogmatique.
[NDLR : Précepteur (également Praezeptor et Praeceptor, du latin « précepteur » = prescription, enseignement) était le nom donné au Moyen Âge et au début des temps modernes à l'enseignant, en particulier au précepteur ou préceptrice (personne chargée de l'éducation, de l'instruction d'un enfant, de famille noble, et/ou riche, à domicile).

« Praeceptor Germaniae » (« Lehrmeister Deutschlands » (« Maître d'apprentissage de l'Allemagne ») est un terme désignant les personnes suivantes : Rabanus Maurus (vers 780-856), ecclésiastique allemand, archevêque de Mayence ; Philipp Melanchthon (1497-1560), réformateur allemand ; Siegbert Tarrasch (1862-1934), joueur d'échecs allemand].
1915
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/t5qa8Nl9f3iHEhw+5eevXNZaS+8P3LWSuiKG7vPT3GiKYvPLBLAp2Wt7KJ4mVVe
1916 En « JpC »
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=OEHAtR+z+MoXNXxA/1+ohhnzwxKkOgrPArRmV7zR6mYe6ReE/prR3cj5VDwBgJWn
1917
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/t5qa8Nl9f3iHEhw+5eevQkH+jiCU+K/4XZEBcMefK59WFtY/2PaGurNomsBlszM
1918 Reti remporte le solide « Tournoi de Košice » (score 10/12, face à des joueurs comme 2ème Vidmar 8/12 ; 3ème Breyer 7,5/12.
Il partage ensuite la 2ème place au « Tournoi de Budapest » avec 1er Balla 5,5/8 et 3ème Breyer 4,5/8.
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=hPjj6ZbpVCmOs0NIdcLN2CiIJJy4xVZyD2VQ+DSllmaLmDnpH03MaQMNs/mVxPtt
A cette époque, Reti considère encore les échecs comme un passe-temps.
La même année, il remporte le puissant « Tournoi de Košice » (Kaschau). Mais il considère toujours les échecs comme un passe-temps. Il prévoit de terminer son doctorat en mathématiques à l'université de Vienne. Il transporte sa thèse de doctorat dans un petit livret, qu'il perd et n’a jamais retrouvé. Cela le conduit au bord du suicide … comme il l'a confié plus tard à son frère aîné Rudolph. À cette époque, Richard a reçoit une invitation à se rendre aux Pays-Bas en tant que « Maître d'échecs en résidence ». Il accepte l'invitation, et décide de poursuivre une carrière échiquéenne plutôt que de devenir un universitaire. Au sujet de cette décision, Rudolph déclare : « Cela l'a hanté toute sa vie, et il n'a jamais trouvé de réponse définitive à cette question ». Cependant, peu après, il reçoit une offre de la Hollande pour être « Maître d'échecs en résidence », ce qu'il accepte.
À partir de ce moment-là, les échecs dominent sa vie.
 
À suivre …
Amici Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... NUEqWmdgwbsPXCEB+IHqGDyrvGErx5tZj87iHDFXg2RHBIsisBSyUy4l1GUumGIw60N3hBN2Jv8D2jMnPO2z71LAAAAAElFTkSuQmCC sumus
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Message par JeanFrancoisE 08.09.22 15:05

ADDENDA et RECTIFICATIFS
au sujet de la « 1ère partie - L’artiste de la recherche »
1901 À l'âge de 12 ans, il soumet un problème d'échecs à la rubrique du Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Algeme15 « Über Land und Meer » dirigée par Hermann von Gottschall Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Allema17 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Von_go12(1862-1933). Von Gottschall lui conseille de continuer à travailler les échecs.
1902 Il rencontre le légendaire Carl Schlechter Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Austro18 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Carl_s11 (1874-1918) qui l’aide à entrer dans le « Club d’Échecs Viennois ».
Cette rencontre contribue à éveiller sa passion pour les échecs et, quelques années plus tard, elle sera une rampe de lancement dans les compétitions, telle que, par exemple le « 2ème Tournoi National Hongrois 1907 » …
1er Leó Forgács 11/14, 2ème Istvan Abonyi, 3ème Jeno Szkely, 4ème Z. Barasz … 7ème-8ème Exner et Reti 7,5/14.
Reti a 18 ans au moment où cette partie est jouée, donc on ne peut pas s'attendre à un jeu « hypermoderne » ...
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=9XWSHl4vGS/Lx/ivpngQEIHincNPWkolPOztjkucYJMVJ1vb2Dd+ZeI2F6A7rvC1
1912 « Tournoi à thème du Gambit du Roi accepté d’Abbazia 1912 »
Ce tournoi sur le thème du « Gambit du Roi Accepté » (1.e4 e5 2.f4 exf4) est organisé par Georg Marco et se déroule à Abbazia sur la côte Adriatique (ancienne Autriche-Hongrie), connue aujourd'hui sous le nom d’« Opatija » en Croatie. Le lieu est surnommé le « Casino des Étrangers », un endroit approprié pour le Gambit du Roi !
Des 12 joueurs, qui se rencontrent, seuls Spielmann, Duras, Cohn et Leonhardt sont considérés comme des maîtres. C'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles aucun livre de tournoi n'a été publié et que de nombreuses parties sont perdues : 120 jouées, 77 disponibles et 43 perdues …
Le tournoi a un grand succès pour Rudolf Spielmann, mais c’est une tragédie pour le Gambit du Roi … Les Blancs n'obtiennent que +40 -59 =21 (pire qu'à « Vienne 1903 » avec +32 -37 =20).
Ce ne sont pas seulement les systèmes de défense "modernes" (avec d5 précoce) qui causent des problèmes aux Blancs … Le Gambit Roi serait-il au bout du rouleau ?
1er Rudolf Spielmann 15/21 (+13 -4 =4), 2ème Oldrich Duras 13.5/21 (+12 -6 =3), 3ème Erich Cohn 11.5/21 (+10 -8 =3) , ex aequo avec Richard Reti 11.5/21 (+10 -8 =3).
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=AGrHVkbU55YylMvJOJHZidrJzBUjIKLjxcUGC4zz4oXT7UZyDsjlANGlvh7ar48x
Malgré tout, le « Gambit Roi » reste une ouverture tranchante et risquée pour les Blancs. Car l’on tend aujourd’hui à considérer que les Noirs conservent de bonnes contre-chances.
« 2.f4 » n'est qu'un pseudo-sacrifice ! Certains joueurs se compliquent la vie en entrant dans des « Espagnoles » compliquées alors que le Gambit du Roi offre toujours un jeu attrayant à jouer.
De nos jours on le retrouve encore au plus haut niveau
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=AGrHVkbU55YylMvJOJHZiYmLSyxEgY13tyF8286pAiJtgLek97slPEnMq2Fpk0x6
1920 « Tournoi de 1ère Classe de Berlin 1920 »
Réti gagne ce tournoi avec 9,5/13 points. Il bat Tarrasch ainsi que Rubinstein, Bogoljubov, Mieses et Nimzowitsch ! Excusez du peu !
Il est dans « la fleur de l’âge » et devient une menace pour n’importe quel joueur.
1921
À ce stade de sa carrière, Richard Reti s‘éloigne brièvement des échecs de haut niveau.
Il devient moins actif en tant que joueur parce que, selon les mots de Harry Golombek Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... United11 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Golomb11 (1911-1995) dans « Richard Reti's Best Games » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Best_g13, il « est victime d'une maladie qui est souvent fatale à un maître d'échecs - il est devenu « journaliste d'échecs » (sic !).
En plus de travailler comme chroniqueur régulier de journaux autrichiens et allemands, il écrit « Modern Ideas in Chess » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Modern11. Et, cerise sur le gâteau, cette année-là, il compose sa plus célèbre étude de finale.
À suivre …
[1922

Reti revient au jeu actif. Il participe à presque tous les grands tournois. II partage la 1ère place avec Rudolf Spielmann au « Tournoi de Teplitz-Schönau 1922 » (aujourd’hui « Teplice » (en allemand : Teplitz) est une station thermale de la région d'Ústí nad Labem, en Tchéquie).

1923 

Il prend la 2ème place au « Tournoi de Mahrisch-Ostrau » (aujourd’hui « Ostrava » (en allemand : Ostrau) est une ville du nord-est de la Tchéquie), derrière Emanuel Lasker et à Vienne derrière Savielly Tartakower alors qu’il fait découvrir au monde l’« Ouverture Reti » !]
 
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Message par JeanFrancoisE 09.09.22 15:32

2ème partie
Le praticien hypermoderne
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 Richard RETI (1889-1929)  
1919 « Tournoi de Rotterdam 1919 »
1er Reti 9,0, 2ème Factor 1,0, 3ème Daum 0,5
Et une de perdue …
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=2XxsmpKm5x4pebFiok3LZtVZ7bqplxtF08DjnzwkfyuTebl2YD36u8whK0lZTQR7
1920
« Tournoi international »
Trois maîtres d'échecs Européens ont été invités à affronter quatre joueurs Néerlandais dans ce tournoi organisé à Amsterdam, aux Pays-Bas, du 25 au 31 mai. Parmi les participants figurent le maître hongrois Géza Maroczy, le maître tchécoslovaque Richard Réti, le maître Savielly Tartakover (Reti et Tartakover sont déjà considérés comme « hypermodernes » …) et le talentueux amateur Max Euwe, en tête du contingent néerlandais.
La victoire de Reti marque le début d'une série de succès pour le jeune « maître hypermoderne » qui s'étendront sur les années 1920.
Classement final : 1er Reti ½ ½ 1 1 ½ 1 4½, 2ème Maroczy ½ ½ 1 ½ ½ 1 4, 3ème ex aequo Tartakower ½ ½ ½ 1 ½ 1  4
« Match de Vienne 1920 » Ça tourne mal …
1er Tartakover Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tk11 4,5/6, 2ème Reti 1,5/6 …
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=2XxsmpKm5x4pebFiok3LZp378HfE3Ba7GybOcRHHiqmEamcgITlfWc5W8yetM5p2
« Tournoi de Göteborg 1920 » premier tournoi international fort où Reti peut prétendre au succès. Il n’a presque jamais eu l’occasion de le faire. A cette époque il n’est pas accepté par certains joueurs de haut niveau tels que Siegbert Tarrasch qui dépose une plainte officielle afin que Reti et Breyer soient déplacés dans un tournoi de moindre importance (sic !) …
« Tournoi de Berlin 1920 »
Reti gagne le « Tournoi de 1ère classe » avec 9,5/13 points.
Il bat Tarrasch (le plaignant de Göteborg ! et paf !) ainsi que Rubinstein, Bogoljubov, Mieses et Nimzowitsch !
Il est dans la « fleur de l’âge
(summum de sa maturité et de sa forme)
et il constitue une menace pour n’importe quel joueur.
Tarrasch vs Reti 0-1
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=TCwq/DG/f+bwTWy1AElti0gfeyXtb8AtZyi6A52lX2J9ogK8DjaoKt2Xo73bam2X
Cette année-là, Reti et Euwe jouent un match mémorable en 4 parties !
Reti offre DEUX fois le sacrifice, des 2 Tours dans le match ! Il gagne une belle miniature dans les deux cas ! Euwe (19 ans) est stupéfait
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Euwe_v11
de réaliser qu'il est victime du même thème dans la 1ère et la 4ème partie miniature du match ! …
Il réussit toutefois à frapper une fois en remportant la 3ème partie dans un style brillant
1ère partie : Reti vs Euwe - 1-0 en 19 coups !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=wrR7tSynFIsHORtBCStjRjtOtbQnrWftuzYETowGcAA83i2PFwKNqtKWdDLEFlAZ
2ème partie Reti vs Euwe - 1-0 en 30 coups
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=wrR7tSynFIsHORtBCStjRiGZxFdQ7CJePoSxCNgkyemhPYBqlOmlMT7oAURAtpRW
3ème partie Euwe vs Reti - 1-0 en 31 coups
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=cXkcpDcOLYhRfQ6McdZNYJanze9AHvIvTAckxq33zbNixZ+ZaS/Xsf8Rk0jyeJCD
4ème partie Reti vs Euwe - 1-0 en 17 coups !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=cXkcpDcOLYhRfQ6McdZNYJanze9AHvIvTAckxq33zbNixZ+ZaS/Xsf8Rk0jyeJCD
Reti, vainqueur par un score de +3 = 0 - 1 dans ce match,
est à ce moment proche de l'apogée de son talent.
Il est classé parmi les dix meilleurs joueurs du monde !
Plus tard dans la décennie, il gagnera une partie remarquable avec l'ouverture qui porte son nom, l’« Ouverture [hypermoderne] Reti » (1.Cf3 …), contre Capablanca (voir infra).
Plus longue (34 coups) mais néanmoins intéressante cette nulle jouée en « consultation »
Blancs : Reti, Spielmann, Nyholm ; Noirs : Rubinstein, Bogoljubov et Collijn
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=PRdqympL632yJwBvrKBVk/tuU3220C107FsGqf+Yvb7/s1DVx7lWAhKB3OF1E4AN]
---ooOoo---
Au cours du 19ème Siècle, Londres est le théâtre de quelques grands tournois :
le « 1er Premier Tournoi International 1851 », le « 1er Tournoi à Double Tour 1862 », le « Concours de 1883 » et le « Triomphe de Lasker en 1899 ».
1921 En décembre, la « Fédération britannique des échecs » organise un « Tournoi International de 16 joueurs » comme événement principal de son congrès.
Des invitations sont envoyées à Capablanca, Alekhine, Rubinstein, Bogoljubov, Reti, Tartakover, Vidmar, Euwe, Kostic et Marshall qui iers ont des problèmes avec leurs frais de voyage et ne peuvent accepter. Le champion britannique Frederick Yates (sacré en 1921 car il n’y a pas de championnat en 1922 …), le champion d'Australie Charles Gilbert Marriott Watsonet et le champion du Canada John Morrison sont également invités. Que du beau monde !
Organisé au « Central Hall Westminster », du 31 juillet au 19 août. De nombreuses parties jouées lors de ce tournoi figureront plus tard dans les collections des meilleures d'un certain nombre de joueurs.
« Tournoi de Londres 1922 »
1er Capablanca 13/15 (+11 -0 =4) ; 2ème Alekhine 11.5/15 (+8 -0 =7) ; 3ème Vidmar 11/15 (+9 -2 =4) ; 4ème Rubinstein 10.5/15 (+8 -2 =5) ; 5ème Bogoljubov 9/15 (+7 -4 =4) ; 6ème Reti 8.5/15 (+5 -3 =7) ex aequo avec Tartakower 8.5/15 (+6 -4 =5).
[NDLR : c’est à l’occasion de ce Tournoi que le « Système de Londres » (ouverture caractérisée par les coups blancs d4, Ff4 et Cf3 : 1.d4 d5 2.Ff4 Cf6 3.e3 c5 4.Cf3, etc. (l'ordre des coups peut varier) devient à la mode]. Selon Vasyl Yvanchuk (cf. E.E. n° 734, page 57) « Ce système original a la réputation d’être extrêmement solide. Il peut être une excellente option pour éviter les défenses habituelles contre 1.d4 […] En 1922 c’était un moyen de répondre aux nouveaux développement hypermodernes […] les Blancs renforcent leur centre en plaçant leurs pions en c3 et e3 […] la position est généralement assez flexible pour s’engager dans une bataille n’importe où sur l’échiquier ». Un exemple récent, lors de l’ [NDLR : l’« Olympiade Mixte de Chennai 2022 », démontre que le Noirs ne sont pas sans ressources !

Caruana vs Abdusattorov (17 ans !) 0-1

https://www.chess.com/players/nodirbek-abdusattorov

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=plS2k8g3z3J2QXcOAkfN0jW+srRl4hK5VxkB8dVEPBMHM2wRbFxvQNPXskAxW/y7

 

(sources diverses) : « Nodirbek Abdusattorov Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Abdu_210 est un grand maître Ouzbek  qui a remporté le « Championnat du Monde de Jeu Rapide 2021 ». Il a joué au premier échiquier pour l'équipe d'Ouzbékistan qui a remporté la « 44e Olympiade d'échecs de la FIDE ». L’ensemble à l’âge de 17 ans (!).

Il devient ainsi le plus jeune joueur à réaliser l’exploit. Le premier grand succès d'Abdussatorov est le « Championnat du monde des jeunes de 2012 » dans la division des moins de 8 ans, qu'il a remporté. Deux ans plus tard, à l'âge de 9 ans, il bat deux GM, Andrey Zhigalko et Rustam Khusnutdinov.

Sur la liste de classement de la FIDE d'avril 2015, le prodige de 11 ans établit un record en devenant le plus jeune joueur à entrer dans le « top-100 des juniors ».

En décembre 2021, il bat, dans le même tournoi (!) les GMI Levon Aronian, Boris Gelfand et Magnus Carlsen (!)

et le GMI Ian Nepomniachtchi pour le titre de « Champion du monde d'échecs rapides » (infra).

Un avenir radieux s’ouvre à lui !].
À suivre …
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 11.09.22 5:51

3ème partie
Le retour du combattant
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Reti_313
 Richard RETI (1889-1929)  
Il revient au jeu actif
1922 Il participe à presque tous les grands tournois de 1922. II partage la 1ère place avec Rudolf Spielmann au « Tournoi de Teplitz-Schönau 1922 » (aujourd’hui « Teplice » (en allemand : Teplitz) est une station thermale de la région d'Ústí nad Labem, en Tchéquie).
1923 il publie « Modern Ideas in Chess » (« Les idées modernes aux échecs ») qui crée d’emblée une sensation et devient l'un des grands classiques de la littérature échiquéenne. Publié à l'origine en allemand sous le titre « Die neuen Ideen im Schachspiel »



    Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Die-ne14  [url=https://servimg.com/view/18918960/1492]Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Die-ne15  [url=https://servimg.com/view/18918960/1493]Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Idzoes12[/url][/url]
C'était une période d'émergence de nouvelles théories et de nouvelles façons de penser les échecs.
Les grands systèmes d'ouvertures, qui sont aujourd'hui des standards, étaient en train d'être inventés et n'avaient pas encore été nommés et sont appelées « Ouvertures Irrégulières ».
Telles que :
·       la « Défense Indienne du Roi » E60-E99 https://www.ichess.net/blog/kings-indian-defense-chess-opening/
·       la « Défense Indienne de la Dame » E2-E9 https://wikimonde.com/article/D%C3%A9fense_ouest-indienne
·       la « Défense Nimzo-Indienne » E20-E59 https://www.ichess.net/shop/nimzo-indian-defense-bundle-chess24/
·       la « Défense Grüenfeld » D70-D99 https://fr.wikipedia.org/wiki/D%C3%A9fense_Gr%C3%BCnfeld
Richard Réti est le chef de file de ce que l'on appelle « l'École Hypermoderne des échecs ». L’idée principale est de ne pas essayer de dominer le centre comme la manière classique de jouer l'exige. Il s'agit plutôt de permettre à l'adversaire de prendre le centre, puis de le miner par les flancs jusqu'à ce qu'il s'effondre et tombe…
C'est la stratégie que Bobby Fischer utilisera plus tard dans nombre de ses parties qui le propulseront au « Championnat du Monde d'échecs »
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=42zI4ScJOS7a95S28V+9uQFPDtogZjT2/gcIlmT5kP4r2B+QPv/LHwdB1OiqoyzS
Mais surtout, Richard Réti est un écrivain divertissant

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Richar12 
« Les idées modernes aux échecs » est une bonne lecture, même pour ceux qui ne sont pas intéressés par l'application de ses théories aux échecs de tournois.
Il prend la 2ème place au « Tournoi de Mahrisch-Ostrau » (aujourd’hui « Ostrava » (en allemand : Ostrau) est une ville du nord-est de la Tchéquie), derrière Emanuel Lasker et à Vienne derrière Savielly Tartakower, alors qu’il fait découvrir au monde l’« Ouverture Reti » !]
1924
Lors du « Tournoi de New York de 1924 », Réti gagne avec son ouverture préférée contre Capablanca et Bogoliubov. Pour couronner le tout, il accroche également le scalp d'Alekhine à sa ceinture !  Il réussit à le battre dans une partie qui est passée de l'ouverture Réti à un système londonien contre la défense royale indienne ! Il est très rare de pouvoir affronter trois joueurs de ce calibre dans un même tournoi, et encore plus rare de remporter trois victoires contre eux !
Victoire de Réti contre le champion du monde José Raúl CAPABLANCA y Graupera Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... D_espa10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Capa_b11 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... D_cuba10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... D_cuba11 (1888-1942). C’est une étape importante de la propagation des idées modernes dans les échecs. Le début Réti sera beaucoup joué par la suite.
L'idée qui en est à la base : le contrôle indirect du centre. Il fait partie aujourd'hui du bagage de tout bon joueur d'échecs.
[NDLR : dans les années 1920, ceux que l'on appelait alors les "hyper-modernes" se sont affranchis du dogme selon lequel, en début de partie, le centre devait absolument être occupé par des pions. Au lieu de jouer 1.e4 ou 1.d4, ils ouvrent avec 1.Nf3 et laissent aux Noirs le soin de suivre le schéma classique avec 1...d5.

Dans le système Reti, les Blancs retiennent leurs pions centraux pendant un certain temps ; au lieu de cela, ils augmentent leur influence centrale en jouant le fianchetto g3, Bg2 et prévoient d'attaquer le pion d noir avec c2-c4 - soit au deuxième coup, soit plus tard].
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=5NFv/cy2fpof6sVGTPMK9afsBF/uYnV8eev4bhh/jkKleunemJp+M/0aBmIKWbnX
Victoire de Reti contre Efim BOGOLIUBOV Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... D_russ12 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Bogo_114 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... D_sovi11 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... D_alle10 (1889-1952)
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=3WTczxs/7/YYLY+aSDRnfE1QmoVrgtiAJWZ44nZ0tt78n25oFc0FG7VYH0wgBVbl
Victoire de Reti contre Alexandre Aleksandrovitch ALEKHINE (1892-1946)
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=SQ4rBUx70pqITcAF+009rGc8L/EiB5bwgYQlXlkoyxzQZQKYZ3q2islHLbtPzc55
[NDLR : deux de ses victoires sont survenues avec l’ouverture qu’il a créée l’année précédente. La « Reti Opening » révolutionne le jeu ! Beaucoup de joueurs de haut niveau ne l’ont pas respecté ainsi que les principes hypermodernes concomitant qu’il a mis sous les projecteurs … mais il n’a pas fallu longtemps pour que les maîtres mettent les deux en œuvre !]
1925 Il se rend au Brésil pour un séjour prolongé.
Il y établit un record du monde en jouant simultanément 29 parties à l'aveugle, où il obtient +21 -2 =6 !
Alekhine déclare que lui et Reti « sont clairement les meilleurs joueurs aux yeux bandés au monde ».
[NDLR (sources diverses) : «  Le jeu à l'aveugle n'est pas une variante à proprement parler, toutes les règles d'une partie d'échecs classique s'appliquent de la même façon.

Les échecs à l'aveugle sont très fidèles à leur intitulé : l'un des joueurs (ou les deux) a littéralement les yeux bandés et ne peut pas voir l'échiquier et les pièces.

Au lieu de déplacer les pièces comme d'habitude, les coups sont communiqués oralement ou par leur notation. Cela signifie que le joueur qui joue les yeux bandés doit garder une position mentale de l'ensemble de l'échiquier et de toutes les pièces pendant toute la partie !

Cela demande une quantité considérable de temps et d'entrainement. De nombreux spécialistes du jeu à l'aveugle affirment que le développement des compétences en la matière vous aide dans vos parties normales, car il augmente votre conscience globale de l'échiquier et votre capacité à voir les schémas et les tactiques. Le raisonnement est logique.

La première étape pour maîtriser les échecs à l'aveugle est de mémoriser les coordonnées des cases. Avec le temps et la pratique, vous pourrez voir l'échiquier dans votre tête.

Jouer une seule partie d'échecs à l'aveugle est un exploit impressionnant, mais jouer plusieurs parties les yeux bandés simultanément l'est encore plus ! Ces réalisations pourtant époustouflantes ont été battues :

En 2017, le GM Timur Gareyev

Morphy (à la Nouvelle-Orléans) = 8 parties, 1858 ; Zukertort (Londres) = 16 parties, 1876 ; Pillsbury (Moscou) = 22 parties, 1901 ;

Reti (Haarlem) = 24 parties, 1919 ; Breyer (Kaschau) = 25 parties, 1921 ; Alekhine (New York) = 26 parties, 1925 ; Alekhine (Paris) = 28 parties, 1925 ; Alekhine (Chicago) = 32 parties, 1934 ; Reti (Sao Paulo) = 29 parties, 1925 ; Koltanowski (Anvers) = 30 parties, 1931 ; Koltanowski (Edimbourg) = 34 parties, 1937 ; Najdorf (Argentine) réclamé non accepté = 40 parties, 1939 ; Najdorf (Sao Paulo) = 45 parties, 1947 ; Marc Lang (Allemagne) = 46 parties, 2011 ; Timur Gareyev (Las Vegas) = 48 parties, 2016. Il a établi un nouveau record mondial en jouant les 48 parties sur une durée de plus de 19 heures !  Cette performance fantastique est considérée comme l'un des sept records d'échecs les plus extraordinaires. Voir à ce sujet le site : https://www.chess.com/fr/article/view/les-sept-plus-incroyables-records-des-echecs.

Depuis des siècles, les échecs à l'aveugle ont produit certains des plus grands exploits de la mémoire humaine.

*****

Cet ouvrage décrit les personnalités et les réalisations de certains des plus grands joueurs d'échecs à l'aveugle (voir ci-avant). Il compre les scores de 444 parties, dont certaines n'ont jamais été publiées, sont présentés, agrémentés de diagrammes et d'annotations. Des conseils pour jouer à l'aveugle, et sa valeur pratique, sont également inclus. A vous de jouer !"]Depuis des siècles, les échecs à l'aveugle ont produit certains des plus grands exploits de la mémoire humaine, progressant jusqu’à ce dernier record … 



Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Jeu_av10

« Échecs avec les yeux bandés »
Histoire, psychologie, techniques, champions, records du monde et jeux importants
Auteurs : Eliot Hearst & John Knott - 2013
Cet ouvrage décrit les personnalités et les réalisations de certains des plus grands joueurs d'échecs à l'aveugle (voir ci-avant). Les scores de 444 parties, dont certaines n'ont jamais été publiées, sont présentés, agrémentés de diagrammes et d'annotations. Des conseils pour jouer à l'aveugle, et sa valeur pratique, sont également inclus. A vous de jouer ! »]
1926 Le « 7ème Congrès annuel d'échecs de Hastings » s'est réuni du 28 décembre 1926 au 6 janvier 1927 pour organiser un tournoi en 10 rondes. Dix joueurs ont été invités à concourir, dont Savielly Tartakower, Richard Réti, Edgar Colle, George Alan Thomas, Frederick D Yates, George Marshall Norman, Edward G Sergeant, Reginald Pryce Michell, Victor Berger et Alfred Teller. 1er Tartakover 7.0/10 ; 2ème Colle 6,0/10 ; 3ème Yates 5,5/10 ; 4ème Norman 5,0/10 ex aequo Reti 5,0/10. Partie Michel Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Michel12 vs Reti - E61 Est-Indienne 0-1
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=W35qvZsAll5fGXo9sjh6Cw6Qc7VVmutji+uwSgOm8PCUnOu+n2ZYpKHBa+F9WU6n
Le « Tournoi international de maîtres d'échecs » est organisé au « Grand Hôtel Panhas », dans le col de « Semmering », au sud de Vienne, du 7 au 29 mars 1926. L'événement a été organisé par Ossip Bernstein, qui a invité 18 joueurs à participer à ce tournoi à la ronde. Parmi les invités figurent les meilleurs maîtres de l'époque, dont Alexander Alekhine, Akiba Rubinstein, Aron Nimzowitsch, Siegbert Tarrasch, Milan Vidmar, Savielly Tartakower, Richard Réti et Rudolf Spielmann. L’ « École hypermoderne » est bien représentée. Dans la première moitié du tournoi, Nimzowitsch et Tartakower mènent le jeu. Vers la fin de la compétition, une série de surprises font que la tête change jusqu'à ce que finalement Spielmann, le grand romantique, émerge comme le vainqueur devant Alekhine après la dernière ronde. Ce fut la meilleure performance de Spielmann en tournoi dans sa carrière échiquéenne.
1er Spielmann 13/17 ; 2ème Alekhine 12,5/17 ; 3ème Vidmar 12/17 ; 4ème Nimzowitsch 11,5/17 ; 5ème Tartakover 11,5/17 ; 6ème Rubinstein 10/17 ; 7ème Tarrasch 10/17 ; 8ème Reti 9,5/17
Partie Reti vs Gilda Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Vajda10  – E43 Nimzo-Indienne – 1-0
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=YRRVL1IHAvh1jKBCO7MwlcG2MBOHbLi/T/FSMCiWaIassUbtghi8j2PNAU0VuAQI
1927 Et une miniature, une !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=ET4Aro+fsk01K5Pimjg9PFHfrDlWvAoVEgAcUYBQm9QenMSdeTImD1wLFhzOCzUj
« Tournoi de Bad Homburg » [NDLR : avec l’aide de wiki and C° : « à l’époque, la ville de Bad Homburg, située juste au nord de Francfort et au pied des monts du Taunus, est très prisée pour ses cures thermales. Elle accueille les têtes couronnées de toute l’Europe. Bien sûr, ses illustres visiteurs sont également attirés par son casino, appelé parfois « la mère de Monte-Carlo » !]
1er Bogoljubov 7,0/ ; 2ème Reti 6,5/ ; 3ème Tartakover 6,0/
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=ET4Aro+fsk01K5Pimjg9PCaXTUej6gHVz5idkfkfjE8rTKEUqr5ho2AnKKP3vBpn
« First World Chess Olympiad 1927 » à Londres.
Seize nations sont représentées à « Central Hal Westminster », pour cette première Olympiade (un nom qui ne deviendra officiel qu'en 1952 …). L'événement suscite un grand intérêt dans le monde entier, bien que les parties soient souvent évincées de la presse échiquéenne afin de couvrir en détail le match du championnat du monde entre Capablanca et Alekhine (il faudra attendre de nombreuses années avant que la FIDE ne s'occupe de cette compétition suprême).
La 1ère Olympiade des échecs, organisée par la FIDE a lieu du 18 au 30 juillet. Elle comprend un tournoi ouvert et un tournoi féminin, ainsi que plusieurs événements destinés à promouvoir le jeu d’échecs. Le « 1er championnat du monde d'échecs féminin » a eu lieu pendant l'Olympiade.
L’équipe de Tchécoslovaquie (Czechoslovakia, ou Czecho-Slovakia) termine 5èmeavec :
Réti, Gilg, Hromádka, Pokorný et Prokeš
Reti marque individuellement au 1er échiquier : 11,5/15 soit 76,7% ! 
Un final «© made in Reti » !
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Hl/a4UhqpaJRR7XGGE23lu+Pv+V68TOJtazKwWUvXFAPu+2BnA//WQLIi1sxIrz0
---ooOoo---
[NDLR (sources diverses) : « En passant aux ouvertures hypermodernes, Reti favorise une approche plus positionnelle. Son expérience tactique s'avère utile pour convertir un avantage positionnelle durable, comme il le montre dans ce chef-d’œuvre contre Akiba Rubinstein

Richard Reti vs Akiba Rubinstein Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Akiba_16 en 1923 - 1-0

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=S6gnFGfNyuNxodpvdxKMRgFqb6zHNq+XtDAyisBEq/L00xZvna+51w7bqNmF3OAc

Si l'on ajoute à cela un intérêt majeur pour les fins de partie issues de ses études composées, il est facile de comprendre pourquoi il était un très grand joueur.

Il n'avait pas de réelles faiblesses et pouvait s'épanouir dans tous les aspects du jeu »].
 
À suivre …
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 14.09.22 3:44

4ème partie
Le génial créateur
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Reti_613
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... DBY+QOvRbSrQQNUbls4u7Lt8COfkvlFd7wVv3FcGb85LlJV+Ir3FrKWfmjZR6lMOJ46jkYQ8oXb0GymYPhhNTrtJQ4YTWx+ejhp6Qbo59HdmmtGS7FBCrl2CjUai2oQ9NV3MJzX06TJ9mHtnH1JTTU2uzXLh9bKZqPK5TK2SpGeo31HdcUBMoU2TNArELHNDLS2z696YN6qIWeZGFTHLVPIuG+kvsUcVuVsV+RcfkOjNgROn2QAAAABJRU5ErkJggg== Richard RETI (1889-1929) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... AcgGZnwn9l29gAAAABJRU5ErkJggg== 
1927 Cette année-là, sur le plan compétitif, Reti se distingue : 2ème à « Bad Homburg » derrière Bogoljubov et obtient de bons résultats en tant que meilleur échiquier pour la Tchécoslovaquie lors du Tournoi international par équipes.
Tarrasch Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Tarras14  vs Reti Bad Kissigen 1928 - B15 - 0-1
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=yuIm1cIECmRgH/et4i7q5bh68D3rb2EYftXU+BwtMeTviRtqzHeh7x/j5nl9AQ+K
1928 Il continue sur sa lancée : 1ère à Vienne et à Giessen.
Il se rend ensuite en Suède et en Norvège pour une tournées de parties simultanées.
De fin décembre à janvier 1929, il remporte à Stockholm ce qui sera son dernier tournoi.
Il rentre ensuite chez lui pour travailler à son ouvrage « Masters of the Chess Board » (« Les maîtres de l'échiquier ») qu’il ne terminera pas et qui sera publié à titre posthume en 1933 …
---ooOoo---
 
[NDLR (sources diverses) : « il était parmi les meilleurs joueurs du monde, ce qui est un véritable exploit à l’époque où jouaient des Lasker, Capablanca, Alekhine, Nimzowitsch, Tarrasch, Bogoljubov, Rubinstein et autres acabits … Incroyable pour un joueur qui n’a considéré les échecs comme vocation à l’âge de 30 ans, soit dix ans avant sa mort ! Il va laisser un héritage sensationnel dans la composition d’études remarquables »]


Le créateur génial
Étude de la finale « Rois contre pions»


C'est vraiment une étude fantastique avec 2 Rois + 2 pions ! Elle met en valeur : l'opposition, le zugzwang, et l'épaulement du roi
Si vous maîtrisez cette finale, vous n'aurez aucun problème dans la plupart des positions Tour contre Pion !
[NDLR : le « zugzwang » est un terme important. En allemand, il signifie la « contrainte de bouger » ou « jeu forcé ». Situation où un joueur est désavantagé parce que ses coups disponibles sont mauvais. Tout coup en zugzwang affaiblit clairement sa position]
Ceci est de la vraie fiction ! Les Blancs jouent et font nulle …
En y regardant de près, l’on constate que si le RB essaye juste de rattraper le pion noir par 1… Rh7, les Blancs perdent car les Noirs font Dame facilement ...
Si les Noirs tentent de soutenir le pion c6 par 1… Rg8, le RN vient en b6 et prend le pion c6.
Réflexion :
Il faut donc jouer sur les deux tableaux !
Le RB va s’avancer en diagonale de façon à pouvoir défendre son pion ou prendre le pion noir… Le RN devra alors perdre un tempo, s’il ne veut pas que le RB soutienne son pion … le RB va donc regagné un tempo en allant chercher le pion noir en diagonale inverse
Très astucieusement Reti nous amène à la solution :
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 1vzz1z12
Le RN est à deux pas du pion blanc, alors que son propre pion fonce irrésistiblement vers la promotion en h1… Pourtant le RB va le rattraper !

A noter que s’il opte pour le trajet en ligne droite : 1. Rh7 h4 2. Rh6 h3 etc., il aura peu de chance …
Il va donc réaliser une manœuvre vraiment inattendue et paradoxale :
1.       Rg7!! h4 2. Rf6!! Rb6
Après 2...h3 3. Re7 h2 4. c7 Rb7 5. Rd7, les pions deviennent Dames en même temps.
2.       Re5!! Rxc6
De nouveau 3...h3 4. Rd6 h2 5. c7 Rb7 6. Rd7 mène vers l'apparition sur l'échiquier de deux Dames de suite.
3.       Rf4 !! h3 5. Rg3 h2 6. Rxh2, le RB a rattrapé le pion au seuil de sa promotion !
L'incroyable est devenu évident !
Comment les Blancs ont pu se sauver de cette étonnante façon ?
Toute l'affaire est dans la géométrie étonnante de l'échiquier.
Nous sommes habitués à ce que le plus court chemin entre deux points se mesure par une droite selon les lois de la géométrie euclidienne [NDLR : plus de 2.000 ans après sa naissance, « l'espace géométrique euclidien » est un outil toujours efficace aux vastes domaines d'applications. À l’exception des échelles cosmiques et microscopiques, l'espace des physiciens reste encore principalement du domaine de la géométrie euclidienne] !
Sur l'échiquier la distance la plus courte entre deux cases, n'est pas obligatoirement un segment de droite ! Comment cela est-il possible (voir le diagramme supra) ?
Dans cet exemple, le RB peut emprunter le chemin entre les cases h8 et h2 en 6 coups que ce soit en ligne droite ou en « zigzague » (l’opposé en « Z » de la ligne droite) !
En choisissant ce chemin, le RB gagne du temps ! Il oblige le RN à jouer deux coups de trop, en conséquence de quoi, son pion a perdu de la vitesse. CQFD !
Curieux, que des 51 parcours du RN de h8 jusqu'à h2, un seul chemin ouvre le gain !
On peut dire que, du point de vue du Roi, la somme des côtés du triangle-rectangle h8-e5-h2 (voir diagramme) est égale à son hypoténuse !
Un tel théorème mathématique ne peut seulement être prouvé que sur l'échiquier !
Réti, dans son temps, a créé une vraie sensation dans le monde des échecs.
L'idée géométrique inhabituelle de l'étude, qu'on appelle « la manœuvre de la « fiat » de Reti » (en philo : « fiat » est une expression de la volonté humaine, d’une décision délibérée).
Dans la simplicité de la forme, laconiquement, l'original mathématique, reste impossible à surmonter, puisqu'il y a sur l'échiquier seulement 4 pièces : deux Rois et deux pions !
En pratique cette idée du mouvement trompeur avec le Roi s'est rencontrée, sous d’autres angles, par exemple au « JpC »
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image119
Les Blancs jouent. Quelle est la clé ?
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=VWk9v2ty7dIiltJsDV7mLoizHjHA4lsF4G8eu/fETAWywBq2B4tOHxHCpMTjs+c8
 
---ooOoo---


Le livre de 1929 publié à titre posthume en 1933 …
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 04f8BfbjxJRHKtvYAAAAASUVORK5CYII=

« Die Meister Des Schachbretts »
« Les maîtres de l'échiquier »
C’est un manuel exceptionnel ! Richard Réti l'a conçu comme un recueil de parties, dans lequel il fait le portrait des GM, dans l'ordre chronologique, depuis Anderssen jusqu'au champion du monde de l'époque, Alekhine.
À suivre …
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Message par Anubis 14.09.22 14:41

Très intéressant tout cela ! Malgré ma passion de toujours pour ces maîtres du passé, il y a encore des informations qui m'étaient inconnues. Merci !    Very Happy

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Message par JeanFrancoisE 16.09.22 23:29

5ème et dernière partie
L’artiste de la recherche
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image121
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image210 Richard RETI (1889-1929) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image311 
C’est alors que Réti élabore une « histoire des idées sur les échecs ».
Il avait déjà compris très tôt qu'il fallait s'intéresser à l'évolution historique du jeu d'échecs pour parvenir à une meilleure compréhension de leur pratique.
[NDLR : c’est ce que je m’efforce de faire par le biais de ces rubriques sur la « quête du graal échiquéen » par de remarquables joueurs de toutes les époques. JFE]
Dans ses excellents commentaires de parties, Réti se consacre surtout aux plans et aux idées sous-jacentes et transmet ainsi au lecteur ses connaissances approfondies de manière compréhensible.
La conception du livre ressort clairement de la citation suivante de Reti : « Il y a beaucoup plus de vérité échiquéenne dans les idées que dans les variantes. Bien que l'on puisse les trouver imprimées [les variantes] noir sur blanc dans d'épais livres à caractère scientifique, elles se révèlent en général fausses après quelques années, parfois même avant qu'elles ne sortent de la presse.
En revanche, celui qui comprend correctement l'esprit des ouvertures peut avoir confiance dans le fait que, même connaître les variantes, il n'obtiendra pas une mauvaise partie »
[NDLR : à rapprocher de l’excellent ouvrage de Reuben FINE Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image410  (1914-1993)
« Les idées cachées dans les ouvertures d’échecs »
 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image510 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image610 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image710
dont les bases sont toujours d’actualité !
Ce livre fait partie des quelques ouvrages qui ont marqué la littérature échiquéenne. Il éclaire le novice, nourrit le praticien et ramène aux sources tous ceux qui se sont égarés dans la théorie des ouvertures.]
---ooOoo---
 1930
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image810
 « Les grands maîtres de l'échiquier »
édition 2011
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image910
… repris tel quel dans cette nouvelle édition (y compris l'orthographe traditionnelle) Seules quelques erreurs évidentes (par exemple dans les notations des parties) sont corrigées. La version finale contient peu de diagrammes. Afin d'améliorer la lisibilité, d'autres diagrammes sont rajoutés. De plus, on passe à la notation moderne des parties.
Richard Reti était un formidable grand maître de l'échiquier, comme en témoignent ses victoires aux splendides « Tournois de Kaschau 1918 », « Göteborg 1920 » et « Teplitz Schonau 1922 ».
Parmi ses victimes, son élégante « destruction » de Bogoljubov Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image122  lui valut, à juste titre, le prix de beauté  à New York en 1924
[NDLR : pour mémoire le livre remarquable de François Le Lionnais  reste une référence incontestée dans le domaine des « prix de beauté »]
Les « perfs » en pourcentages, sur 757 parties recensées (B 400 et N 357), au long de la carrière du GM Reti
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image124
« Les chances de placer une combinaison ne se présentent qu’en de très rares occasions, ou pour le dire d’une autre façon, très rarement, le coup à jouer se déduit de nos calculs.
Sans les principes généraux qui nous orientent, nous serions souvent indécis pour choisir un coup entre plusieurs à réaliser.
La manière de jouer, basée sur des principes généraux, s’appelle jeu de position pour la différencier du jeu de combinaison »
R Réti
« La tactique est ce que vous faites quand il y a quelque chose à faire ; la stratégie est ce que vous faites quand il n’y a rien à faire »
Dr X Tartakover
---ooOoo---
La dernière partie de Richard RETI deux mois avant son décès …
---ooOoo---
In Memoriam
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image125
Le 6 juin 1929, Richard Réti meurt à Prague victime de la scarlatine,
une semaine après avoir eu 40 ans
[NDLR : Il est possible d’avoir la scarlatine à l’âge adulte (habituellement attribuée aux enfants entre 5 et 10 ans). Elle est due à une bactérie et nécessite un traitement aux antibiotiques pendant dix jours (pénicilline). Chez l’adulte, il y a des risques de complications : reins, articulations et cœur (rhumatisme articulaire aigu)]
Il est inhumé au cimetière « Zentralfriedhof » à Vienne (Autriche)
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image126 
Ses cendres sont réunies avec celles de son père, le Dr. Samuel Réti,
(Section juive T1, Groupe 51, rang 5, Tombe 34)
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image127 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image128 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image129
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image130
  

Amici Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image131  sumus

In Memoriam bis
« Yehudi Menuhin prière du « Kaddish »
(Maurice Ravel (1875-1937)
Selon Yury BELIAVSKY : « ...le jeu de Yehudi Menuhin représente un accomplissement des prophéties de l'Ancien Testament. Dans son jeu, nous pouvons entendre la voix de l'âme juive - une âme qui nous parle à travers 4 millénaires, depuis l'époque des patriarches fondateurs »
[NDLR : à savoir : Abraham, Isaac et Jacob ; à noter que le terme « patriarche » ne se retrouve pas dans l’Ancien Testament]

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Message par JeanFrancoisE 10.10.22 23:49

1ère partie
Le gentleman correct
Géza MARÓCZY Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image141 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Marocz12 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image_41(1870-1951)
Il nait à Szeged (ville du sud de la Hongrie, située au confluent de la Tisza et du Maros, à la frontière de la Roumanie et de la Serbie) de parents catholiques romains : József Maróczy, artisan, et Rozália Valkovics.
Il est inscrit sur sa croix de baptême le nom de « József Geiza ». Il a comme frère et sœurs : Joseph (1871-1946), Etelka (1880-1960) et Marie (1887-1910).
La maison des parents est détruite lors de la « Grande inondation de Szeged, de 1879 ».
[NDLR : Dans la nuit du 11 au 12 mars 1879, une inondation d’ampleur inédite détruit 95 % de cette localité du sud de la Hongrie, bordée par la rivière Tisza. Szeged est ensuite reconstruite grâce à la générosité de nombreuses capitales internationales. Les signes d’une inondation imminente se manifestent dès Noël 1878, mais le gel solidifie l’eau et les blocs de glace s’accumulent autour du pont de chemin de fer. Face à l’abondance des précipitations et des inondations en amont de la Tisza, les travaux se révèlent inutiles. « Le destin de Szeged se joue demain ! Nos espoirs sont aussi minuscules qu’un cheveu. L’accablement est de mise », écrit le « Szegedi Hirado » dans son édition du 12 mars. Cette nuit-là, la Tisza brise la dernière ligne de défense et déferle à près de 350 mètres cubes par seconde à Szeged.

Le télégramme transmis au Premier ministre Kalmán Tisza est à la mesure du désastre en cours :

« La catastrophe s'est produite. Szeged est sous les eaux. Les maisons s'écroulent. Les cloches ont sonné à 2h15 du matin. Des milliers de personnes traversent le pont-levant et se ruent vers Újszeged. Le vent colporte les appels au secours. Beaucoup n'ont pu sauver que leur modeste existence. Seuls les alentours du Palánk peuvent être empruntés les pieds au sec. L'eau continue de monter charriant bœufs et chevaux morts. Les soldats portent vers les remparts les gens frigorifiés et évanouis de peur. La synagogue est trempée, les églises et le lycée débordent de rescapés. L'eau aura tout envahi d'ici ce soir »].
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image215
Monument commémoratif érigé en 1979
---ooOoo---
Géza Maróczy apprend à jouer aux échecs à quinze ans (1895). Il fait des études d'ingénieur à l’« Institut Polytechnique de Zurich » puis enseigne les mathématiques à Budapest. Il deviendra plus tard un expert dans plusieurs branches des « Sciences sociales ».
[NDLR : entre 1893 et 1897, Maróczy remporte un « Tournoi par Correspondance » à égalité avec Rudolf Charousek (1873-1900), 16 points sur 18.

L'écrivain autrichien Gustav Meyrink a rendu un hommage posthume à Charousek et à sa perspicacité dans son plus célèbre roman, « Le Golem » (mystérieuse créature d'argile qui surgit du néant tous les trente-trois ans pour terrifier la population, sans que personne ne se souvienne de son apparence …

Plusieurs fois adapté au cinéma, notamment par Piotr Szulkin en 1980)].


---ooOoo---
Bien qu'il ne puisse disputer de match pour le « Championnat du Monde d'Échecs »,
il fait partie de l'élite mondiale durant 40 ans !
[NDLR : car : « Le jeu d'échecs stimule la croissance de « dendrites », ces corps qui envoient des signaux aux cellules neuronales du cerveau. Avec plus de dendrites, la communication neurale dans le cerveau s'améliore et devient plus rapide. Pratiquer régulièrement et longtemps le jeu d'échecs est ainsi une expérience idéale »].
(« Chessmetrics » le classe 30 mois entre octobre 1904 et mars 1907)
http://www.chessmetrics.com/cm/OldIndex.html
Joueur au style défensif, il s'impose face aux joueurs d'attaque, tels Frank Marshall (+11 -6 =Cool et Joseph Henry Blackburne (+5 -0 =3).
Sa défense victorieuse contre Jacques Mieses Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image413 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Jacque10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image513
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=/AwLsJZeESYJAOFIf/AuySAaOluGEKRjX/c1wG3DaOB9uirAZxB5TrhHo0N+3/+r
ainsi que Karl Helling Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Heling10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image614
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=YxcHZqAORwFb4h2uuua1vquvsyIfjcCR8e2k2++UZaDB4DAjSzNLW9WuJHxOyvcQ
… sont des parties au cours desquelles il rend du matériel contre des avantages de temps et de position.
Elles sont qualifiées de modèle défensif par Max Euwe et Kramer dans leur volume double sur le



« Le Milieu de Partie »


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... 51jzm810
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=niQ3eiHNnjsrH/30RJPqNAWnvmvHhtDuD7VG/YUMUMeizCvgag1GUIPOgOKu9w6f
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=niQ3eiHNnjsrH/30RJPqNPqM/4w0o6/YhZkOCdnbHMTJ+d3oMHqG1AYtQE4uG7b3
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=niQ3eiHNnjsrH/30RJPqNFkt1CY07YW89XHzNEZ0KuQW7WxAScOsEAgOMQyAiMH5
Aaron Nimzowitsch, dans « Mon système », a présente le gain de Maróczy contre Hugo Süchting (Suechting)Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image714 (« Tournoi de Barmen, 1905 ») comme un « modèle de restriction de l'adversaire avant de pénétrer ses défenses »
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=HXXIVcJGpSknGdRwXjPgfCGEV4B94IVWKaVgXyEM583SL+S6l/XHKwCMkH79BdlM
 
Dans le « Tournoi de Karlovy Vary, 1907 »
1er Akiba Rubinstein 15/20 (+12 -2 =6)
2ème Géza Maróczy 14,5/20 (+10 -1 =9)
… sa maîtrise de finales de Dames, dans la partie contre Frank Marshall Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Marsha10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image814 (1877-1944) est vue comme supérieure
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=JlY67LtUPAtePVOSnBS83cmZj4e+i6i2qY/GTpRlPNjygkeKelVwRdBIU5lhUXIU
Il est aussi capable, à l'occasion, de jouer des parties éblouissantes, dont sa fameuse victoire contre le joueur d'attaque David Markelovitch Janowski (Munich, 1900).
David Markelovitch Janowski Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Janovs10 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image142 (1868-1927) vs Geza Maroczy 0-1
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=Zj2KDvDS5spZCjp48mrpKUDOE/37ffnT2URwV4T8QUldfiFI5TXx+CmmJL/1TuRs
 
À Suivre …
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Message par JeanFrancoisE 12.10.22 22:47

2ème partie
« l’étau de Maróczy »
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image414
(Ou : « complexe Maróczy », « structure de Maróczy », « lien Maróczy »)
Qui est une formation de pions blancs qui survient dans la défense Sicilienne.
[NDLR : (source wiki) « Contrairement à l'idée reçue, le créateur de ce système n'est pas Maróczy mais Rudolf Swiderski. Maróczy fut le premier à jouer ce système (à haut niveau) lors de sa partie contre Rudolf Swiderski à Monte Carlo, en 1904

Geza Maróczy vs Rudolf Swiderski Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image516 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image616 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image715 (1878-1909) 1-0

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=6fCh38jXb9tI6qpsrIG9qaId3o6nJny3wWE/y6H1NsVp1bOMUHhfP91DuI4bB7np

Bien qu'il gagnât la partie, Géza Maróczy jugea très favorablement ce coup et, à la suite de la partie, recommanda la structure blanche appelée « complexe Maróczy » composée des coups blancs : c4, Cc3, Fe3, Fe2, O-O, Dd2, Tac1, Tfd1, b3, f3 et Cc3-d5].

Ainsi, les Blancs réduisent légèrement leur capacité d'attaque, mais réduisent surtout les possibilités de contre-attaque noire !

[NDLR : C’est certainement Mikhaïl BOTVINNIK (ici en 1927) Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image815 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image915 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image145 (1911-1995), qui utilisa avec le plus de succès la structure dite « de Maróczy ». Il disait la tenir de Rubinstein

Selon David Bronstein : « Botvinnik joue comme un bulldozer : il avance au centre et ses adversaires sont incapables de résister à son énergie. Ils ne peuvent pas non plus faire face à la précision de son jeu : il ne déplace pas une pièce, il plante un clou dans l’échiquier ! ».

Mikhaïl Botvinnik vs Khrisogon Lustinovich Kholodkevich Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image146 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image113 (1892-1971) 1-0

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=6exUfnis1uk6Kw/KzLZgU5UMj/69hGdRxPOZz+sgF/qx4zi52fkeaH5qMuAVKRyl]

[NDLR : en 1937 Khrisogon Lustinovich Kholodkevich est réprimé … Il est victime des « Grandes Purges » — ou « Grande Terreur » — période de répressions politiques massives en Union soviétique dans la seconde moitié des années 1930. Il passe 10 ans dans les camps du Goulag (Le terme est un acronyme apparu en 1930 et formé d'après le russe « Главное управление лагерей », soit « Glavnoïé oupravlénié laguéreï », qui signifie « Direction générale des camps» …

Il a survécu ! Après quoi il a réussi à revenir aux échecs !].
A compter des années 20/30, la Hongrie se fait remarquer lors des Olympiades.
En 1924, les joueurs hongrois, dont les frères Lajos et Endre Steiner ainsi que Andor Lilienthal, disputent plusieurs tournois d'entraînement en vue du « Tournoi de l’Olympiade non officielle de Paris 1924 » où ils remportent la médaille d’argent.
En 1926, la Hongrie remporte le tournoi par équipes de l’ « Olympiade non officielle de Budapest 1926 ». En 1927 Lors de la « 1ère Olympiade officielle de Londres 1927 », l'équipe de Hongrie remporte la médaille d'or. Maróczy dirige l'équipe hongroise.
En 1928, lors de la « 2ème Olympiade officielle de La Haye 1928 », l'équipe de Hongrie remporte à nouveau la médaille d'or.
En 1936, la Hongrie remporte la victoire lors de l’« Olympiade non officielle de Munich » en Allemagne.
 
---ooOoo---
 
Geza Maróczy, est alors un joueur de classe mondiale reconnu. L'un des premiers joueurs à recevoir le titre de
« Grand Maître ».
Maróczy a également été le professeur d'échecs (ce qui sera souligné par Capablanca) de Vera Menchik Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image147  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image148 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image149 (1906-1944, « 1ère première Championne du Monde féminine »).



Il est surtout connu pour le « lien Maróczy » - encore très populaire aujourd'hui.
C’est un joueur complet considéré comme un génie de la défense. Joueur tactique très fort, son style défensif et positionnel lui permet d'éliminer de nombreux adversaires à l'esprit tactique.
Adepte des fins de partie, il dispose d’une force particulière dans les finales de « Dame et pions ».
Il gagne l'une de ses parties les plus célèbres de cette façon, contre Mikhail Chigorin Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image150Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image151 1850-1908 (célèbre tacticien de classe mondiale). Dans cette partie, il sacrifie pièce après pièce avant de forcer le mat
Geza Maróczy vs Mikhail Chigorin 1-0
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=f8A2yWM2mdAM4ze8rAnnL2drdRxU9PnuW1JnNzdjFHQ5hSVXSBFeXQHBETNJJYjT
Le premier succès de Maróczy en tournoi est de remporter le « Championnat Amateur Britannique », qui s'est tenu à Hastings pendant le tournoi historique de 1895 (il n'a pas joué dans le tournoi principal, qui a été remporté par Harry Nelson Pillsbury devant Mikhail Chigorin, le champion du monde en titre Emanuel Lasker, l'ancien champion du monde Wilhelm Steinitz et d'autres …).
Entre 1895 et 1902, Maróczy fait son entrée sur la scène internationale et obtient de bons résultats.
Entre 1902 et 1908, Maróczy a participé à 13 tournois internationaux.  Il s'est classé premier dans cinq de ces événements et deuxième dans cinq autres - un exploit incroyable qui a fait de lui un prétendant au titre de champion du monde. Dans l'exemple suivant de cette époque, la fameuse technique de « finale dame et pion » de Maróczy est exposée - Maróczy démantèle complètement le jeu de Frank Marshall, joueur de classe mondiale
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=L6qr0js3C6XA4SDRS5YK8/qMPN3NNyvr6vxqoWmEQmWAcStP70Yc3gUfhw6KlnTq
Les succès de Maróczy dans les tournois entre 1902 et 1906 lui valent le droit de défier enfin
le champion du monde Edward Lasker pour un match.
Lasker accepte le défi, et les termes du match sont convenus. Malheureusement, des problèmes à Cuba (où le match devait avoir lieu) empêchent ce match d'être joué.
[NDLR : ouvrons une parenthèse pour évoquer une partie miniature éblouissante de Lasker en 1912

Edward Lasker - Sir George Alan Thomas 1-0

https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=7aXel8RQ+PlUH4loWQs/faoNk5OI+RwI8Mq5uGcJk+WELP93QHGPOSJFhokalwlO

Sir George Alan Thomas Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image218 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image219 (1881-1972) est un joueur d'échecs britannique, ainsi qu'un très bon joueur de badminton et de tennis

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image220]
---ooOoo---
Maróczy continue de jouer pendant quelques années après la déconvenue pour le match avorté avec Lasker …
Il a toutefois du mal à s’en remettre. Il se retire alors à son apogée, en 1908.
Un joueur de haut niveau qui prend sa retraite à son apogée s'est déjà produit dans le monde des échecs lorsque Paul Morphy prend la sienne après avoir battu pratiquement tout le monde.
[NDLR : Bien plus tard, au XXe siècle, Bobby Fischer prend sa retraite après avoir remporté le championnat du monde en 1972. Morphy et Fischer avaient tous les deux des problèmes psychologiques qui ont pu contribuer à leur décision de se retirer jeune …

Cela ne semble pas être le cas pour Maróczy qui a réussi son retour au jeu après sa retraite anticipée !].
En effet, malgré son retrait des échecs de haut niveau,
Maróczy revient sur la scène échiquéenne après la
« 1ère Guerre Mondiale 1914-1918 ».
En 1920, il est 2ème ex aequo derrière Richard Reti à Amsterdam
1er Hendrik van Hartingsvelt 5,5/6 (+5 -1 =0) ; 2ème Richard Reti 4,5/6 (+3 -0 =3) ; 3ème ex-aequo (avec Tartakover) Géza Maróczy 4/6 (+2 -0 =4)
Dans l'exemple suivant de cette époque, Maróczy joue une attaque vicieuse contre le Grand Maître Milan Vidmar Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image221  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image222 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image223


(1885-1962)
[NDLR : (source wiki) « ingénieur électricien, théoricien des échecs, philosophe et écrivain austro-hongrois puis yougoslave d'expression slovène. Il était un spécialiste des transformateurs électriques de puissance et de la transmission du courant électrique »].
Après avoir sacrifié un Cavalier au 12ème coup, il joue un coup brillant avec 17. Re7 !!
Dans la position finale de cette élégante miniature, la tour peut être capturée par plusieurs pièces, mais tous les coups mènent au mat
Geza Maróczy vs Milan Vidmar 1-0
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=L6qr0js3C6XA4SDRS5YK869abvV2hFJM5IBKFyCriWm5nmMrcvNNV50FfAP7Ic9z
 
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[NDLR : « Capablanca tenait Maróczy en haute estime. Dans une conférence au début des années 1940, Capablanca a qualifié Maróczy de « très gentleman et correct » et de « figure aimable » Il a fait l'éloge de Maróczy pour sa contribution importante à la théorie des ouvertures, et l'a crédité d'être « un bon professeur » et « l'un des plus grands maîtres de son temps ».

Capablanca écrit : « En tant que joueur d'échecs, il manquait un peu d'imagination et d'esprit agressif. Son jugement positionnel, la plus grande qualité d'un vrai maître, était excellent. Un joueur très précis et un excellent artiste des fins de partie, il s'est fait un nom en tant qu'expert de la finale de la reine. Lors d'un tournoi il y a de nombreuses années, il a remporté une finale de Cavaliers contre le maître viennois Marco (Marco - Maróczy, 1899), qui est restée dans l'histoire comme l'une des finales classiques de ce type. Quant à la force relative de Maróczy et des meilleurs jeunes maîtres de l'époque, mon opinion est que, à l'exception de Botvinnik et de Keres, Maróczy en son temps était supérieur à tous les autres joueurs de l'époque »].
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Géza Maróczy meurt d'une insuffisance cardiaque le 29 mai 1951 à l'hôpital « Uzsoki Utcai Kórház »


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image224


Il est enterré le 1er juin dans le « Cimetière Kerepesi » offert par le « Conseil métropolitain ».
[NDLR : Le cimetière national de « Fiumei út » (en hongrois : Fiumei úti Nemzeti Sírkert), connu également sous le nom de « cimetière Kerepesi » (en hongrois : Kerepesi temető), est un des principaux cimetières de Budapest, en Hongrie. Il est l'équivalent du Père-Lachaise à Paris.

Il est considéré comme un parc de statues, où se côtoient bon nombre de monuments funéraires intéressants, véritables œuvres d’art parsemées dans la nature

Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image230
Les 4 Cavaliers de l’Apocalypse
Tombeau de József Antall (1932-1993), Premier ministre hongrois


Au fil de ses allées boisées, on y découvre de véritables délires architecturaux dans lesquels reposent des membres de la bourgeoisie de l'Empire austro-hongrois et des caciques (notables puissants et potentats locaux) de l'occupation communiste, ainsi qu'une sorte de panthéon des travailleurs. C'est une mine inépuisable pour les photographes en quête d'images insolites. Un petit musée des Funérailles évoque les rites de la mort en Hongrie].


Parcelle 33
 
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image231

(Tombe de Maróczy avec son épouse)
Épitaphe :
« a sakkmüvesszet legnagyobb magyar mestere »

« le plus grand maître hongrois du jeu d'échecs »



Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Mt5eVQHl5OiXkJAOBeRhfYSvl0wKCImSeapQHiSAyM2diwrdexDnJaq86rZIxwLxwlINMZJOO0MI1kQ59+PWDiNVPHLzyNFRoMZZnpSKvYLJ8C99FLWBVZfb781385KOdtmPvm8t3v+m4+frFnP9oKXyO8viimXSAzy7mMUQMk7SM51npKHC7+Ul1RgSh6iWwClAEoeRiAPl1RgSgGUPIxAHi6pwJQCKHkYgTxcUoEpBVDyMAJ5uKQCUwqg5GEE8nBJBaYUQMnDCOThkgpMKYCShxHIwyUVmFIAJQ8jkIdLKjClAEoeRiAPl1RgSh6C8v+UHdGnHwQOHgAAAABJRU5ErkJggg==
… le cimetière Kerepesi national est protégé par le « National Heritage Institute » depuis 2004.


[NDLR : L'Institut du patrimoine national, gère les lieux d'importance symbolique du point de vue du passé et de la mémoire historique de la nation. L'Institut exerce des droits sur les tombes protégées des représentants les plus éminents de la nation hongroise.

 

Le Comte István Széchenyi (1791-1860)
Homme politique, économiste et écrivain. Véritable polymathe (« personne d'esprit universel »)]
« Si vous voulez savoir à quel point une nation apprécie son passé,
regardez ses cimetières ».
 
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L’épouse de Gésané Maróczy, Irén Mann, lui survit onze années puis meurt le 17 mai 1962 à Budapest.
Leur fille Magdolna meurt en 1998 et leur fils George en 1999.
Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image324
« Pacem Eorum Animas »
(« Paix à leurs âmes »)
 
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Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Empty Re: Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen...

Message par JeanFrancoisE 02.11.22 7:37

            1ère partie
             Le valeureux candidat


David BRONSTEIN Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image183 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image244 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image334 (1924-2006) 

1924 David Bronstein naît à Bila Tserkva ( « Bila Tserkva » Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image414 est située sur la rivière Ros, un affluent du Dniepr, à 78 km au sud-sud-ouest de Kiev capitale de l'Ukraine). Il naît dans une famille juive. Son père est responsable d'une minoterie et sa mère médecin.
1930 Son grand-père lui apprend à jouer aux échecs quand il a six ans. Pendant sa jeunesse, à Kiev, il bénéficie de l'entraînement du maître international réputé Aleksandr Markovitch Konstantinopolski Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image523 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image624  Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image711 (1910-1990)
[NDLR (sources « Unionpédia ») : « Aleksandr Markovitch Konstantinopolski et David Bronstein ont 23 choses en commun ! Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image822Championnat d'URSS d'échecs, Dnipro, François Le Lionnais, Grand maître international, Lev Aronine, Maître international, Mikhaïl Botvinnik, Moscou, Tournoi des candidats, Ukraine, Union des républiques socialistes soviétiques, 1937 aux échecs, 1939 aux échecs, 1944 aux échecs, 1945 aux échecs, 1948 aux échecs, 1950 aux échecs, 1951 aux échecs, 1954 aux échecs, 1956 aux échecs, 1961 aux échecs, 1966 aux échecs, 1983 aux échecs].
1939 Il termine 2ème du « Championnat de Kiev 1939 » à l'âge de 15 ans !
1940 En moins de dix ans, il va devenir l'un des meilleurs joueurs d'Ukraine, se plaçant second au « Championnat National 1940 » derrière Isaac Boleslavsky Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image919 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image184 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image185 (1919-1977). Une performance qui lui vaudra le titre de maître soviétique.
[NDLR : (source wiki) : « Isaac devient un ami proche et un partenaire aux échecs. Bien plus tard, en 1984, il épouse sa fille, Tatiana »].
A cause de la seconde guerre mondiale, Le jeune David ne pourra pas participer au « Championnat Soviétique » avant 1944.
1944 Pour sa première apparition, bien qu'il ne se classe que 15ème sur 17 participants, il crée l'exploit en remportant sa partie face au futur vainqueur Mikhail Botvinnik Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image186. C'est la première fois que les deux hommes se rencontrent autour d'un échiquier, mais certainement pas la dernière...
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=JBCb1VM2wyrstmnTADr6dO0yPilLTUW7uJZZDkUmcEifa6Xu9YxDf6HzM5IsbUci
Bronstein se présente pour le match ultime après avoir terminé premier ex-aequo du tournoi des Candidats et annulé le match de départage initial de douze parties.
1951 En revanche, au championnat du monde, une égalité ne suffit pas : en cas de match nul, il est convenu que Botvinnik conservera son titre. Il frappe le premier en remportant la cinquième partie. Bronstein égalise dans la dix-septième, mais perd à nouveau dans la dix-neuvième.
Deux victoires consécutives dans les 21ème et 22ème partie le replacent en tête du match. Il n'a alors plus besoin que de deux nulles pour devenir champion du monde …
Sa victoire contre la défense hollandaise de Botvinnik dans la 22ème partie est particulièrement impressionnante :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=hotx+05SLuL20+C+hUk7uNSDxj++Fl53shYTvyf0Ymus8ULqdswOEwH7qn7r1xBu
Hélas, l'histoire se répète, et il perd la ronde suivante.
Il doit donc absolument remporter la toute dernière partie. Mais Botvinnik force la nulle en 22 coups et conserve son titre mondial.
[NDLR : A l’issue du match, Bronstein déclare : « On m'a bien souvent demandé si j'avais été forcé de perdre la 23ème partie, et s'il y avait une conspiration contre moi pour m'empêcher de prendre le titre à Botvinnik. Un tas d'âneries ont été écrites à ce sujet. La seule chose que je sois prêt à dire sur cette controverse est que j'ai été soumis à une pression psychologique émanant de diverses sources, et que c'était entièrement à moi de résister ou non à cette pression. J'avais des raisons de ne pas devenir Champion du monde car à cette époque, un tel titre signifiait que vous entriez dans un monde officiel de bureaucratie échiquéenne, rempli d'obligations formelles. Une telle position n'était pas compatible avec mon caractère. Depuis mon enfance, j'apprécie la liberté (...). Je suis heureux d'avoir gardé aujourd'hui les mêmes sentiments et de pouvoir profiter de ma liberté »]


Bronstein reste le joueur à avoir raté le titre mondial par la plus petite des marges.


Il jouera encore deux tournois des Candidats, en 1953 et 1956, mais il ne pourra rien faire contre Vassily Smyslov Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image114 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image115 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image187 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image188 (1921-2010), il échoue à deux points de celui-ci.



Bien qu'il ne soit alors âgé que de 32 ans, on ne reverra jamais Bronstein au « Tournoi des Candidats ».


En 1973 à Petropolis (Brésil), il joue ce qui reste peut-être comme l'une des plus belles parties de sa carrière lorsqu'il sacrifie une tour et une qualité pour battre Ljubomir Ljubojevic Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image189 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image190 (1950)
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=SfaMi6/K9SlfaHFfJYlYBewXqaSz9Rv+TtYASSaMngIRUadDnag1Lc3EQ9utyxXZ
Malgré cette belle victoire et un score positif (+7 -3 =7), il ne termine que sixième, loin des trois premières places qualificatives.
Ce sera son dernier tournoi interzonal.
Il continuera à jouer en compétition jusqu'au milieu des années 90.
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Un bel exemple en JpC :
https://share.chessbase.com/SharedGames/game/?p=9G5SU3U683dQ0lZfSkqjxxJiO+9MsD14HdUsF4D0sxgFZCxLz9cddCD0ZE3jvsLu
 
Bronstein fut en première ligne
de la littérature échiquéenne




[NDLR : « Ce livre, unanimement considéré comme l'un des plus grands classiques de la littérature échiquéenne, dévoile les secrets de la phase la plus intéressante et la moins explorée de la partie : « le milieu de partie », et la façon dont il est traité par les grands maîtres modernes. Bronstein étudie des concepts stratégiques tels que les faiblesses sur un complexe de cases, l'avantage de la paire de Fous, l'attaque et la contre-attaque sur des ailes différentes, la force relative des pièces, la surprotection, etc. Il approfondit certaines positions typiques provenant de conflits entre systèmes d'ouvertures. Il prend en compte et discute aussi des éléments de combat comme l'intuition, la détermination et la faculté d'imaginer des ressources en attaque comme en défense. Le style clair et plaisant avec lequel est menée cette passionnante étude fait que ce livre s'adresse aux joueurs de tous niveaux, et assure qu'il trouvera sa place pour longtemps sur les tables de chevet. Au contact de la pensée de Bronstein, l'esprit ne peut que s'ouvrir et la maîtrise s'accroître »].


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image249
[NDLR « David Bronstein, qui fut l'un des talents les plus éclatants des échecs de l'après-guerre, demeure l'une des personnalités les plus atypiques qu'ait produit le système soviétique. Ce livre ne laisse rien ignorer de l'un et l'autre aspect, depuis les entretiens-confessions jusqu'aux très nombreuses parties (220 au total, dont 50 commentées en profondeur et 40 autres plus succinctement) illustrant la carrière de l’ex-vice-champion du monde. Le style de Bronstein peut être résumé par une de ses phrases : « Vous n'êtes pas toujours obligé de jouer le meilleur coup. Un coup doit être actif, entreprenant, correct et beau ! ». Serait-ce la recette du bonheur échiquéen ? Pour le lecteur, sans aucun doute...].
De plus, les « amateurs bibliophiles » ne peuvent ignorer ces deux ouvrages très attrayants :


[NDLR : le premier « Secret Notes »


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image250
« Notes secrètes »
… est principalement constitué de récits de l'ancien challenger de la Coupe du Monde, David Bronstein, sur de nombreux aspects de sa vie, principalement liés aux échecs et à ses voyages, bien qu'il y ait également des histoires non échiquéennes.

Il y a beaucoup d'informations ici que vous ne lirez probablement pas ailleurs, comme les détails des tirages au sort pré-arrangés à Zurich en 1953 parmi les soviets - ordonnés par le KGB - pour empêcher Reshevsky d'obtenir la première place. Ou comment le fait que Bronstein n'ait pas signé un document condamnant Korchnoi pour sa défection ce qui a conduit l'URSS à lui interdire tout voyage/tournoi international pendant 13 ans !

Ces histoires intéressantes de l'expérience de Bronstein en tant que professionnel des échecs donnent quelques impressions utiles qui peuvent améliorer la qualité de vie. Entendre à quel point les choses sont difficiles en URSS, même pour les GM d'élite, et l'euphorie que Bronstein ressent à l'occasion de certaines petites libertés est un rappel utile pour apprécier les bonnes choses de la vie que nous prenons généralement pour acquises.

Une autre raison pour laquelle ce livre est plaisant, c’est que Bronstein est un artiste d'échecs avant tout avec ses éléments dynamiques et esthétiques.

Par conséquent, voir les parties de Bronstein et entendre son point de vue est une source d'inspiration et amplifie l’intérêt pour la dynamique en général. Néanmoins, si cela doit être justifié dans la manière peut aider à l'amélioration des échecs, cette inspiration aide à concentrer l'excitation supplémentaire qui permette de se souvenir plus facilement de ce qu’apprennent des sujets similaires. Les 29 parties annotées sont amusantes et instructives, mais la majorité du contenu se trouve dans les histoires. Ce livre est vivement recommandé aux joueurs d'échecs qui veulent apprendre de Bronstein et qui ne voient pas d'inconvénient à ce qu'une grande partie du contenu soit basée sur des histoires, plutôt que sur l'amélioration des échecs.

·       le second « The Rise and Fall of David Bronstein »


Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image251
« L'ascension et le déclin de David Bronstein »
Publié pour la première fois en russe en 2014 et écrit par Gennadi Borisovitch Sosonko Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image252 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image253 Ceux qui n'atteignirents jamais le Graal échiquéen... Image254 (1943) - largement reconnu comme l'écrivain numéro UN sur l'histoire des échecs soviétiques - est un livre vraiment unique sur la vie et le destin du grand joueur d'échecs David Bronstein.

Lequel issu d'un milieu difficile, échappe de justesse à l'holocauste de la « Seconde Guerre mondiale ».

Son père passe sept ans dans un « goulag » (le terme « GOULAG » est un acronyme apparu en 1930 et formé d'après le russe « Главное управление лагерей », soit : « Glavnoïé o