LA TRIBUNE DES ECHECS
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Vous avez la parole !

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Message par JeanFrancoisE 16.12.20 22:02

Bien que l'on puisse penser et bien que l'on puisse tenter d’arguer, avec plus ou moins de courtoisie, pour me décourager, j’en assume le (petit) poids !

Dans mes messages, je ne m’adresse pas aux "anciens" qui ont tout vu, savent tout, n’admettent pas d'être contredits ou mis en péril de l'être ! La stérilité et la suffisance de certains propos leur appartiennent.

Je m’adresse à ceux qui sont rebutés par ces fameux « anciens ». Ils n’osent pas donner leur avis sur notre Forum. Ils y ont tout à fait le droit de s’exprimer à leur façon sans craindre d’être « balayés » d’un trait d’esprit rageur.

C’est donc en toute connaissance de cause que je m’efforce de démontrer que la « chose échecs JPC » est vivante. Il est nécessaire que les « ritournelles » du passé soient connues afin de donner toute sa résonnance à la raison raisonnante du présent.

Elle évolue dans le temps et c’est très bien ainsi.

Si, sur le forum de l’AJEC tout ne se limite à jamais qu’entre 3 ou 4 personnes, alors il est évident que l’autosatisfaction d’occuper le terrain se fera au détriment du point de vue de la « foule des lecteurs » qui, ne s'exprimant pas, serait considérée comme consentante… C’est trop facile.

C’est pourquoi ces lecteurs doivent se convaincre qu’en matière de consentement tacite, le silence ne vaut pas forcément acceptation implicite.

Qu’ils osent ! Bon courage à eux !
Amici Sumus

_________________
Jean François EPINOUX
AJEC : 8175 ; ICCF : 180897

« Gagner avec grâce, perdre avec dignité ».
Susan Polgar (« Citations emblématiques »)

« Jusqu'ici, le joueur avec les Blancs a suivi une variante bien connue. A présent, il commet une erreur fatale: il commence à utiliser sa propre tête ».
Siegbert Tarrasch (dit le « Praeceptor Germaniae »)


« Dans un grain de sable voir un monde et dans chaque fleur des champs le Paradis, faire tenir l'infini dans la paume de la main et l'Éternité dans une heure ». 
William BLAKE (peintre et poète préromantique britannique).
Citation pouvant avoir lien avec le Jeu des Rois ...
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Message par JeanFrancoisE 11.01.21 8:02

"La parole est d'argent, mais le silence est d’Or !"


à moins que :



«Le silence est d’or et l’argent est rare» ...



Qui va dénouer ce dilemme ou ce syllogisme selon d'où l'on se place ?!

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« Jusqu'ici, le joueur avec les Blancs a suivi une variante bien connue. A présent, il commet une erreur fatale: il commence à utiliser sa propre tête ».
Siegbert Tarrasch (dit le « Praeceptor Germaniae »)


« Dans un grain de sable voir un monde et dans chaque fleur des champs le Paradis, faire tenir l'infini dans la paume de la main et l'Éternité dans une heure ». 
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Message par JeanFrancoisE 19.06.22 10:45

Le 8 février 2012, le plus vieux grand maître du monde, Yuri Lvovich AVERBAKH, s'entretint avec le rédacteur en chef du site web de la « Fédération russe des échecs » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Fédération_russe_des_échecs ), Vladimir Barsky, et le correspondant Eteri Kublashvili, sur ce qui l'intéressait et ce sur quoi il travaillait : https://ruchess.ru/news/report/juri_averbakh_istoriju_pishut_pobediteli/

Quelques questions et réponses appartiennent donc au passé. Elles n’en restent pas moins profondes, intelligentes, spontanée, érudites, talentueuses et non dénuées d’humour !
[Note du traducteur (NDT) Youri Lvovich est né le 8 février 1922. C’était donc son 90ème anniversaire ce qui n’altérait en rien sa mémoire et sa vivacité d’esprit]

Larges extraits :



- Tout d'abord, nous tenons à vous féliciter pour votre anniversaire !
- Merci.



- Il est intéressant de savoir ce que vous faites maintenant, quels sont vos passe-temps, ce que vous faites dans la vie ?
- En ce moment, je m'occupe principalement de l'histoire des échecs. Plus encore, l'histoire de ces jeux intellectuels qui ont précédé les échecs. Vous connaissez ce simple jeu enfantin appelé tic-tac-toe ?

- Oui, bien sûr.
- Saviez-vous qu'il a été décrit par Ovide durant la Rome antique dans son roman intitulé  
« L'art d’aimer » ?  Et là, il écrit qu'il faut savoir jouer au morpion !

- Quel est l'art de l'amour là-bas ? Des croix pour les garçons, des zéros pour les filles ?
- Eh bien, c'est communiquer avec une femme, il faut jouer avec elle... N'oubliez pas de jouer au morpion avec la femme !  

- Les croix gagnent toujours, contrairement à la vie...
- Non, si l’on joue correctement, il y a match nul. C'est donc un jeu très ancien, je pense que les Grecs l'avaient aussi. Platon [NDT : l'un des premiers philosophes occidentaux, sinon l'inventeur de la philosophie] prétend que tous les jeux que connaissaient les Grecs de l'Antiquité (nous sommes au cinquième siècle avant J.-C.) ont été empruntés aux Égyptiens.

- Les Égyptiens viennent-ils seulement de l'espace ?
- Pas vraiment. Les jeux sont nés d'une nécessité.
Je peux vous parler de la période où j'étais au Népal. Le plus drôle, c'est que je suis arrivé là par erreur : les Népalais voulaient inviter le vice-président du comité des sports, mais quelqu'un s'est trompé et a invité le vice-président de la fédération des échecs. J'ai pu y rencontrer le roi du Népal, qui est arrivé en hélicoptère et a atterri directement au stade. On m'a prévenu à l'époque que les habitants étaient obligés de lui baiser la main. Mais, ils ont dit, « puisque vous êtes un étranger, si le Roi vous donne une poignée de main, alors serrez-la, mais ne l'embrassez pas ! »
Au Népal, les échecs sont appelés « coup sage » - « ddachal », « badda » ou « buddha » qui signifie sage et « chal » signifie coup. Avec les échecs, ils ont également leur propre jeu national appelé « bagchal » qui signifie « saut du tigre » [NDT : à voir https://www.ludoteka.com/clasika/bagh-chal-fr.html ]. Des championnats de bagchal sont régulièrement organisés au Népal. Il s'agit d'un jeu pour deux sur un plateau carré, avec deux types de pièces : 20 chèvres d'un côté et 4 tigres de l'autre. Les tigres, bien sûr, peuvent manger les chèvres, tandis que les chèvres ne sont autorisées qu'à bloquer les tigres. Apparemment, ce jeu reflète la situation réelle dans laquelle se sont trouvés les éleveurs de chèvres lorsque leurs troupeaux ont été attaqués par des tigres.
J'ai donné une conférence sur le thème « Jeux et événements réels ».
Laissez-moi vous donner un autre exemple. En 1732, alors qu'il était étudiant, Carl Linnaeus [NDT : Botaniste, zoologiste, taxonomiste et médecin suédois qui a formalisé la nomenclature binomiale, le système moderne de dénomination des organismes.] s'est rendu en Laponie (il s'agit de l'extrême nord de la péninsule scandinave, où se rencontrent la Suède, la Finlande, la Norvège et la Carélie). Il s'est avéré que les Lapons jouent à un jeu original : au centre d'un plateau carré de 7 par 7, 9 par 9 ou 11 par 11 (le nombre de cases doit être impair pour que le champ central y soit) se tient le roi de Suède, autour de lui se trouvent six Suédois aux cheveux blancs et sur le périmètre se trouvent les ennemis, les Moscovites ? A l’origine juste avant ça, en 1709, il y eu la bataille de Poltava. Il s'agit donc d'une reproduction exacte de cette bataille après laquelle le roi de Suède dut fuir en Turquie, où il passa 14 ans ...
J'ai récemment donné une conférence en Allemagne et j'ai parlé de ma découverte que, bien avant les Lapons, un jeu de ce type avait été inventé par les Britanniques, c'est-à-dire les tribus celtes qui vivaient en Grande-Bretagne. Cela s'est produit au 5e ou 6e siècle de notre ère, lorsque les Anglo-Saxons ont envahi les îles.

- Ces jeux « similaires aux échecs », si l’on peut dire, sont donc apparus dans différentes parties du monde ?
- Oui, oui. Les Romains ont apporté leurs jeux en Grande-Bretagne, les habitants leur ont emprunté quelque chose et l'ont ensuite transmis aux Lapons.



- Ainsi, les échecs modernes sont une synthèse de plusieurs de ces jeux ?
– Oui.

- Toutefois, les « racines indiennes » sont-elles prévalentes ?
- Il existe plusieurs théories [NDT : http://classes.bnf.fr/echecs/histoire/ind_leg.htm ] Aucun d'entre elles n'a de preuve complète. Il y a beaucoup de choses à inventer, bien sûr. Mais à en juger par le fait que le jeu met en scène des éléphants et des chars, ce qui était caractéristique de l'armée indienne à quatre (éléphants, chars, cavalerie et infanterie), il est tout de même probable que les échecs soient nés en Inde.
Les Indiens en sont absolument sûrs, bien qu'ils n'aient pas de preuves directes ; aucun historien n'a réussi à résoudre complètement ce problème - il y a un manque de données.



- Mais c'est la théorie vers laquelle vous penchez ?
- Oui. Il y a des gens qui pensent que les échecs viennent de Chine, or les Chinois ont des règles différentes.
Echecs chinois — Chine Informations
Et l'essentiel est qu'à l'origine, les échecs chinois n'étaient pas un jeu, ils étaient utilisés pour prédire l'issue d'une bataille, et en plus des pièces, un aimant y était également utilisé.
D'une manière générale, l'histoire des échecs est intéressante dans la mesure où elle est très étroitement liée à l'histoire de l'humanité et de l'histoire du développement de la pensée humaine. En Iran, j'ai entendu un dicton attribué à Artashir Papakian , le fondateur de la dynastie des Sassanides (l'apogée de l'Iran antique) : « Je ne comprends pas un Padishah qui ne sait pas jouer aux échecs. Comment peut-il diriger son royaume ? ». En effet, les échecs étaient utilisés en Iran pour éduquer les jeunes princes.
Savez-vous comment s'appelait le Trésor public en Angleterre avant le XIXe siècle ?

- Non.
- « Une chambre de l'échiquier » ! Guillaume le Conquérant a introduit un système de taxation strict et a créé une chambre spéciale pour collecter les impôts. La table, sur laquelle étaient calculées les taxes sur le bois, l'eau, etc., était recouverte d'une nappe noire divisée en carrés, pour ressembler à un échiquier.
Les membres de la Chambre (ils recevaient le titre élevé de barons de l'échiquier et avaient le droit d'inclure l'échiquier dans leurs armoiries) étaient réputés pour leur incorruptibilité, et les impôts étaient probablement mieux perçus que de nos jours. L'échiquier sur leurs armoiries était donc un symbole d'honnêteté. Et le processus de collecte des impôts lui-même était perçu comme une bataille entre le trésor public et le contribuable.



- Et le trésor public a-t-il toujours gagné ?
- Non, il y avait différentes manières... Un autre fait intéressant : à la fin du 13e siècle, le moine italien Jacobus Cessoles, dans ses sermons, comparait l'État aux échecs. Il a déclaré : « Dans la vie, comme sur un échiquier, chaque pièce a ses droits, mais aussi ses devoirs ».
Cesolles [NDT : dominicain italien connu comme l'auteur d'un des premiers livres de moralités sur les échecs : http://classes.bnf.fr/echecs/histoire/cessoles.htm ] comparait les tours aux gouverneurs de province ; les pions, selon lui, représentaient le troisième pouvoir, qui comprenait les paysans, les médecins et bien d'autres, jusqu'aux escrocs et aux joueurs. Il considérait, que les échecs ont été inventés pendant le règne du tyran biblique Evilmerodach, fils du légendaire Nabuchodonosor : « Alors qu'il fauchait les sages à droite et à gauche à Babylone, et que l'agitation régnait, la noblesse locale s'adressa au philosophe Xerxès avec la demande d'inventer quelque chose afin de garder en vie les sages et les nobles et d'inciter le roi à sauver son royaume et à gouverner avec justice ». Comme vous pouvez facilement le deviner, le philosophe a inventé les échecs et cela a adouci le tempérament du tyran.
[NDT : Xerxès inventeur du jeu d'échecs Jacques de Cessoles, Le Livre de la moralité des nobles hommes et des gens du peuple sur le jeu des échecs (Liber de moribus...). Le philosophe Xerxès offrit un jeu d'échecs à Evilmerodach, dans l'espoir de l'éduquer et de corriger ses mœurs...]

- La valeur éducative des échecs est donc connue depuis longtemps ?
- Oui, bien sûr. D'une manière générale, à toutes les époques, les personnes pensantes ont généralement été friandes d'échecs. Napoléon les aimait, mais il jouait très mal. Pourquoi ? Il était habitué à commander des centaines de milliers de personnes, à décider du destin de nations entières - que devait-il faire de ces petits personnages ? Bien sûr, il n'a pas étudié les échecs, qui ne partagent pas leurs secrets si facilement ! Napoléon a donc mal joué, mais a pris du plaisir à jouer le reste de sa vie.



- Quel paradoxe : Napoléon aimait les échecs et les échecs ne l'aimaient pas ?
- Oui, c'est le titre de mon essai sur Napoléon : « L'amour sans réciprocité ».
Saviez-vous que Nicolas II aimait aussi les échecs ? Nous avons une photographie de lui jouant aux échecs dans le musée des échecs de l'école centrale des enfants. Ses cousins - le roi d'Angleterre et le Kaiser d'Allemagne - aimaient aussi les échecs. Qu'est-ce que la Première Guerre mondiale ? Trois cousins ont perpétré un massacre qui a fait dix millions de morts. Une horrible « bataille d'échecs » ...



- Yuri Lvovich ! On a l'impression qu'une main invisible vous a guidé dans la vie : vous avez probablement visité tous les pays qui ont le plus à voir avec les échecs ?
- Oui, absolument ! Je suis allé en Inde trois fois et dans de nombreux autres endroits.

- Quel est le pays que vous avez le plus apprécié ?
- Italie. Mais j'y suis arrivé relativement tard, alors que j'avais déjà parcouru presque la moitié du monde - en grande partie grâce à ma connaissance de la langue anglaise. Tu sais comment je l'ai apprise ?
Lorsque je suis entré à l'Institut Bauman [NDT : université technique russe offrant des diplômes de B.S., M.S. et PhD dans divers domaines de l’ingénierie et des sciences appliquées] après avoir terminé mes études, la question s'est posée de savoir quelle langue étudier. Notre groupe comptait 27 personnes, et la grande majorité d'entre elles avaient choisi l'allemand (d'ailleurs, je l'ai aussi étudié à l'école). Et puis j'ai décidé d'opter pour l'anglais. Nous n'étions que trois avec un professeur, et grâce à cela, nous avons réussi à apprendre la langue suffisamment bien.
J'ai étudié à la faculté des machines thermiques et hydrauliques, au département des moteurs à combustion interne. J'ai étudié les moteurs ; mon diplôme était un moteur d'avion Junkers, un moteur diesel. Si les moteurs à réaction n'avaient pas été inventés, nous ferions toujours voler des avions avec des diesels, parce que le diesel est moins cher et plus économique. D'ailleurs, les moteurs diesel équipent depuis peu de nombreuses voitures de luxe. [NDT : Yuri serait certainement enthousiaste de savoir que, peu à peu, l’électrique supplantera à l’horizon 2030/2035 les moteur thermiques …]
On m'a même proposé de défendre mon diplôme d'anglais, mais j'ai décidé que cela ne valait pas la peine de le montrer, car personne ne comprendrait.
J'ai ensuite obtenu un emploi dans un institut fermé, dont les postes de direction étaient occupés par des généraux et dont le directeur était l'éminent scientifique Mstislav Keldysh [NDT : figure clé du programme spatial soviétique]. Et il s'est avéré que mon salaire a été augmenté de 10% pour la connaissance de la langue. […] Mon travail consistait à consulter des magazines anglais et à sélectionner des documents qui pourraient nous être utiles. […] Ce n'est que lorsque je suis devenu Grand Maître que j'ai commencé à recevoir 2 000 roubles.

- Vous avez dû avoir pas mal de temps libre, hein ?
- Oui, une vie complètement différente a commencé !
Après le « dégel » [NDT : Youri fait ici allusion à la période poststalinienne de Nikita Khrouchtchev au début des années 1960], les joueurs d'échecs ont commencé à voyager plus souvent à l'étranger et il est soudain devenu évident que je n'avais pratiquement aucune concurrence. Auparavant, le chef de la délégation et un « historien de l'art en civil » nous accompagnaient toujours, souvent aussi en tant qu'interprète. Après le dégel, les « historiens de l'art » ont cessé de voyager. Seuls trois grands maîtres connaissaient une langue étrangère - Keres, Kotov et moi-même. Supposons qu'une fédération d'échecs reçoive une invitation d'un pays de l'Est. La question était : qui dois-je envoyer ? Keres pensait qu'il ferait mieux en Europe, et Kotov aussi. Mais j'aimais voyager et j'irais volontiers même dans un pays « exotique ». Je suis donc allé en Inde, en Nouvelle-Zélande, en Australie, à Singapour et dans bien d'autres endroits. Le destin l'a voulu ainsi !



- Mais quand même, pourquoi avez-vous particulièrement aimé l'Italie ?
- Parce qu'en Italie, on peut faire un pas, et ce pas représente mille ans. Vous passez de la Rome antique à la Rome du pape, soit dix siècles d'un coup. En Italie, vous pouvez vous rendre dans un village délabré et découvrir soudain une magnifique cathédrale ancienne, ornée de peintures et de sculptures réalisées par de grands artistes de la Renaissance. C'est ce qui rend l'Italie intéressante (https://www.villanovo.fr/guides/italie/culture-traditions ).

- Avez-vous trouvé des documents intéressants relatifs à Joaquino Greco, Stamma ?
- Lorsque j'ai rédigé la documentation sur le Calabrais, c'est-à-dire le Greco, je me suis demandé comment un jeune homme sans éducation et dont le statut social n'était guère plus élevé que celui d'un domestique avait pu rendre visite à des cardinaux à Rome et parcourir le monde ?
Il se rend d'abord à Nancy, auprès du Duc de Lorraine, puis avec une lettre de recommandation du Duc - à Paris, de là - à Londres et retour à Paris, puis dans l'entourage de la future épouse de Philippe IV se rend en Espagne. D'Espagne, il s'est rendu en Amérique du Sud, où il est mort à l'âge de 30 ans environ.
Je soupçonne le Greco d'être un agent des Jésuites. Ils avaient une règle - si un agent meurt, il laisse tous ses biens aux Jésuites. Le Greco a fait exactement cela - il a tout légué aux Jésuites. Et j'ai demandé à mes connaissances italiennes : « Regardez dans les archives du Vatican, voyez s'il y a des documents liés au Greco ». Jusqu'à présent, ils n'ont rien trouvé, mais ils ont trouvé un curieux document qui permet de déterminer assez précisément quand les échecs modernes sont apparus.
D'une manière générale, on estime que les règles modernes ont pris forme au XVIIIe siècle. Ou même au XIXe siècle, car les Italiens ont longtemps privilégié ce qu'on appelle le « roque libre ». Mais on sait maintenant quand le fou et la reine sont devenus des pièces puissantes, car ils étaient des pièces faibles dans le « roque ». Cela s'est passé vers 1470 - c'est à cette époque que le premier livre sur les échecs modernes a été publié. Il a été écrit par un Espagnol, Francesco Vincent [NDT : voir Libro de los juego ]. Les Espagnols appelaient les échecs « de la dama », ce qui signifie « le jeu de la dame » [NDT : titre donné à une série télévisée remarquable avec Anya Taylor-Joy. A voir absolument : https://www.youtube.com/watch?v=5ij8an_D8fY ] .Quel genre de femme ? Il a été suggéré qu'il pourrait s'agir de Jeanne d'Arc. Non, ce n'est pas possible, on ne l'appelait pas une dame, mais une demoiselle, c'était une fille. Il s'avère que Chess a été nommé d'après Isabella de Castille. Cette reine, sous laquelle l'Espagne a effectivement uni et éliminé tous les émirats musulmans. De même, le pape Alexandre VI était espagnol et sa fille Lucrezia Borgia avait un professeur d'échecs appelé Francesco. Et il est fortement soupçonné que ce même Francesco a écrit le premier livre sur les échecs modernes. Le second a été écrit par Lucena et le troisième par Damiano, un Portugais.
Le livre de Vincent était conservé dans un monastère à Monserrato (un endroit dans les Pyrénées, à la frontière entre la France et l'Espagne) ; je m'y suis rendu par hasard. Mais soit pendant les guerres napoléoniennes, soit plus tard, lorsque la bibliothèque a été incendiée, le livre a disparu. Mais récemment, il semble avoir été retrouvé ; un livre intitulé Le retour de Vincent a été publié en Espagne.
Il est intéressant de noter que, selon ces règles, la reine et le roi étaient de valeur égale, la perte de la reine étant assimilée à la perte du roi. En 1996, Kasparov s'est rendu en Espagne pour une performance d'échecs en direct, un jeu simulé décrit dans un vieux livre […] Ce n'est que plus tard que les gens sont arrivés à la conclusion que la reine pouvait être échangée et même sacrifiée. Des détails si inattendus sont révélés.

- En dehors du travail sur les archives, qu'aimez-vous faire d'autre ? Regardez-vous des programmes de télévision, des films ?
- Tu sais, pas toujours. En fait, j'aime regarder certaines discussions, même si parfois elles me laissent une impression terrible. Je dirai ceci : les gens ici ne savent pas comment débattre, malheureusement. Ils ne peuvent pas ! Tout le monde se met à parler en même temps, en s'interrompant mutuellement. Si une personne parle, toutes les autres doivent se taire. Zhirinovsky [NDT : homme politique ultranationaliste russe et chef du Parti libéral démocrate de Russie (LDPR), un parti populiste], par exemple, ne laisse personne dire un mot. C'est tout simplement impoli !



- Les médias parlent beaucoup de rassemblements en ce moment : sur la place Bolotnaya, sur l'avenue Sakharov... Qu'en pensez-vous ?
- Positif. Je pense que les gens devraient être autorisés à s'exprimer. La politique de construction d'une verticale rigide, menée depuis 12 ans, n'a rien donné de bon. Une sorte de régime soviétique inversé est apparu.



- Sous le régime soviétique - vous nous l'avez dit dans une de vos interviews - il y avait un slogan « les échecs sont un instrument de la politique ». Qu'est-ce que ça veut dire ?
- Je vais vous donner un exemple simple. En 1923, lorsque l'Union des échecs a été créée, il y avait 3 000 joueurs d'échecs qualifiés. Dix ans plus tard, nous avions 500 000 joueurs d'échecs. Cela signifie-t-il quelque chose ? Sans aucun doute.
J'ai eu un jeu d’échecs à la maison quand j'avais trois ans, c'est-à-dire en 1925. De toute évidence, cela avait un rapport avec le tournoi international de Moscou. J'ai appris à jouer aux échecs à l'âge de sept ans et j'y ai pris goût en 1935, lors du deuxième tournoi de Moscou.

- Vous avez assisté au tournoi ?
- Non, mais nous avions un tournoi dans notre classe pour la cinquième catégorie, et je l'ai fait. J'étais très fier de moi, j'ai ramené le certificat à la maison, et mon père l'a regardé, l'a jeté et a dit : « Tu ferais mieux d'avoir une meilleure discipline. » Ma discipline était nulle... Donc mon père ne m'a perçu comme un joueur d'échecs que lorsque je suis devenu champion d'URSS.

- Pourquoi n'êtes-vous pas allé au tournoi de 1935 ? Vous ne vouliez pas voir Lasker ou Capablanca ? Ou c'était difficile d'y entrer ?
- Tu vois, je n'étais pas encore très porté sur les échecs. Mais j'ai eu la chance de voir Lasker. À l'époque, je vivais (…] à côté de l'ambassade d'Autriche, il y avait la maison du Komsomol [NDT : « Union de la Jeunesse Communiste »]. Il y avait des séances d'échecs organisées simultanément avec Lasker et Shpilman, et j'y suis allé pour voir le champion de mon école, Alik Prorvich (qui a plus tard travaillé pour le journal soviétique « Sport »), se battre avec eux. La première personne que j'ai vue était Isaak Linder (saak Linder et Yuri Averbakh devant les « Trois Grands Russes » (Emanuel Schiffers, Ivanovitch Chigorine et Simon Alapin) du Cycle « Schach » (1982) d’Alfred Hrdlicka, qui est venu en chemise rouge. Isaac se souvient que Lasker l'a beaucoup félicité, bien qu'il l'ait battu. C'est là que j'ai vu Lasker pour la première fois.
Mais c'est Nikolai Dmitrievich Grigoriev [NDT : joueur d'échecs et compositeur d'études de fin de partie]. […] qui m’a fait la plus grande impression. Début octobre 1937, Grigoriev revient d'un voyage en Extrême-Orient et en Sibérie, où il donna des conférences et joua. Dans le train, la milice du NKVD (« Commissariat du peuple aux Affaires intérieures ») l'a arrêté. Grigoriev était fragile ; il a perdu conscience immédiatement après l'usage de la force, et sa gorge s'est mise à saigner constamment. Après un interrogatoire, les agents du NKVD devaient laver la pièce. Une maladie inattendue l'a ensuite confiné au lit. De graves complications ont nécessité une intervention chirurgicale immédiate. Le patient, gravement affaibli, est mort d'un cancer du poumon. […] . Je cherchais alors un endroit pour jouer aux échecs et je suis arrivé au « Club de l'intendance du peuple » […] C'est là, d'ailleurs, que j'ai vu pour la première fois le commissaire à la justice, N.V. Krylenko. J'ai été frappé par sa grosse tête complètement chauve et ses yeux rouges. Ce n'est que plus tard que j'ai compris que, de toute évidence, il ne dormait pas assez systématiquement, parce qu'ils préparaient tous ses processus politiques... Grigoriev donnait une conférence dans le club, montrant ses célèbres études. Elles m'ont fait une énorme impression ; c'était la première fois que je sentais que les échecs étaient plus qu'un simple jeu, que c'était un art. Et je voulais aussi maîtriser ce métier. C'est comme ça que j'ai commencé les échecs. Et mon premier succès a été de gagner une session contre Alik Prorvich !
J'aimais aussi le volley-ball à l'époque. Nous avions un très bon gymnase et de grands professeurs. J'étais un assez bon joueur de volley-ball, un candidat pour l'équipe nationale de Moscou. Bizarrement, je manquais de taille ; je me suis étiré quand j'ai arrêté de jouer au volley-ball. Juste pour le plaisir, quand j'ai commencé à jouer, il me manquait quatre cases pour atteindre le bord du filet. En neuvième année, je mesurais 1,69 m, et en dixième année, 1,82. J'ai donc grandi de 13 centimètres en un an ! Je me suis même évanoui parce que mon cœur ne pouvait pas supporter la tension. J'ai grandi jusqu'à l'âge de 25 ans. Et en première année, j'étais la plus petite de ma classe.



- Yuri Lvovich, avez-vous joué aux échecs au Stade des Jeunes Pionniers ?
- Je n'ai pratiquement jamais pratiqué au Stade, j'y ai juste joué dans un tournoi de troisième catégorie. [...] Dans les compétitions par équipes, j'ai d'abord joué pour le Palais sur le troisième tableau. Je ne me souviens pas qui était premier, et Vitya Henkin était deuxième. Ensuite, je suis progressivement passé en premier. Et lorsqu'en 1938, la question de savoir qui devait aller au championnat des écoliers de l'URSS a été tranchée, ils m'ont envoyé. Tous les autres étaient des joueurs de troisième catégorie, et j'avais le droit de jouer dans la deuxième catégorie. Il y avait une telle histoire-là. Je participais à un tournoi qui me qualifiait pour le deuxième niveau, j'avais 6,5 points sur 9, et puis soudain, il a été décidé que les écoliers ne devaient pas jouer contre des adultes, et je n'ai pas terminé le tournoi. […]
Je suis allé au championnat de l'Union des jeunes, et à la fin de celui-ci, j'ai été immédiatement récompensé par une première classe. En fait, j'ai sauté un échelon et je suis immédiatement devenu un athlète de premier ordre. C'était très honorable à l'époque. […] L’année suivante, j'ai gagné la première place dans les quarts de finale de Moscou pour les adultes. Ensuite, je suis également arrivé premier en demi-finale et je suis allé directement en finale. Là, cependant, je suis arrivé à l'avant-dernière place. Et la personne n’a plus parlé de moi …  



- En dehors du volley-ball et des échecs, je crois que vous avez aussi fait de la boxe ?
- Je n'ai fait de la boxe que pendant un an ; je peux expliquer pourquoi. Lorsque la collectivisation a commencé en 1929, nous avons immédiatement eu un grand nombre de nouveaux enfants et adolescents dans notre cour, car, avouons-le, la région de Moscou fuyait la campagne pour la ville. Nous avions un clubhouse dans notre cour, il a donc été transformé en dortoir pour les travailleurs. Les vrais jeunes punks sont venus, il y avait un culte de la force. Donc, si vous vouliez être un égal dans la cour, vous deviez savoir comment vous défendre. C'est pourquoi j'ai pris la boxe pendant un an.

- Comment gardez-vous la forme maintenant ?
- Tu sais, pas dernièrement, malheureusement. J'ai pratiqué la natation jusqu'à très récemment, allant à la piscine de 1964 à 1996. Mais le fait est qu'on m'a posé un pacemaker et qu'on m'a dit que je ne pourrais pas balancer mes bras en particulier. Et aussi, il est devenu en quelque sorte difficile de se lever tôt. Donc, malheureusement, je ne m'y suis pas encore adapté. Mais je pense que je vais m'adapter.

- Êtes-vous toujours impliqué dans la sensibilisation de la communauté ?
- J'ai toujours entretenu des relations avec l’« Institut d'éducation physique », devenu l'Académie, et j'y ai donné des conférences. Récemment, nous avons créé un département d'échecs, curieusement, à l’« Institut de la construction » ! Nous essayons également d'y créer un centre d'échecs. Et nous avons également mis en place un centre dans la « bibliothèque des sciences et des technologies ».
Les autorités se sont avérées très favorables à cette démarche.



- En mai, il y aura un match de championnat du monde entre Anand et Gelfand à Moscou, le suivrez-vous ?
- Oui, bien sûr. De plus, nous prévoyons d'organiser un séminaire d'historiens dans la bibliothèque pendant ce match. Et dire quelque chose sur l'histoire des échecs. Le fait est que beaucoup de livres d'échecs sortent maintenant, mais malheureusement ils sont de plus en plus mauvais en termes d'histoire. Par exemple, dans un livre, qui a été récemment publié par un éditeur respectable, il y a un « échec et mat de Dilaram », et soudainement Dilaram se transforme de femme en homme ! Et il y a beaucoup d'absurdités comme ça, malheureusement... [NDT : la confusion vient sans doute du fait que « Le mat de Dilaram » est un célèbre problème d'échecs datant de l'ère arabe du jeu. Il tire son nom de celui d'une jeune esclave, Dilaram, qui était l'enjeu d'une partie fictive, et qui aida son maître à remporter la victoire].
En général, je crois que l'histoire a ses astuces. D'abord, toute mon expérience me dit que dans l'histoire, jamais deux fois deux ne font quatre. Tout sauf quatre ! Et puis, l'histoire est écrite par les gagnants, le perdant est toujours à blâmer.
Par exemple, nous avons tous entendu dire que Richard III était un bossu et un meurtrier. En fait, ce n'était pas un bossu. Il y avait une lutte de pouvoir entre les Lancaster et les Yorks à l'époque. Les Yorks ont gagné, et ils ont naturellement décrit tous les événements de leur propre point de vue.
Une autre histoire célèbre est celle de Mozart et Salieri. Eh bien, Salieri n'a pas empoisonné Mozart ! De plus, les enfants de Mozart ont appris de Salieri. Et un artiste aussi brillant que Pouchkine [NDT :  poète, dramaturge et romancier, passionné d'histoire et de généalogie] l'a cloué, pauvre homme, sur un pilier de la honte...
Ou encore, voici un autre exemple intéressant tiré de l'histoire russe - Vladimir le Soleil Rouge [NDT : personnage des bylines russes (chant épique de nature orale), figure-clé des bylines du cycle de Kiev, unifiant un grand nombre de bogatyrs russes (héros des contes et bylines réalisant des prouesses à caractère patriotique ou religieux)].
Il est célèbre pour quoi ? Parce qu'il a baptisé la Russie. Et son fils, Yaroslav le Sage, est célèbre surtout parce que sa fille a épousé un roi Français. Et le fait que sur les cinq enfants de Yaroslav le Sage, tous les fils étaient rois, et que les filles épousaient dles rois - pour une raison quelconque, personne ne le sait.
Pourquoi ? Parce que dans « Le conte d'autrefois », où Yaroslav et Vladimir sont décrits, Vladimir est bon - il a baptisé la Russie, et Yaroslav ne l'est pas, parce qu'il s'est appuyé sur les vikings, sous lui ils ont eu une grande influence à Novgorod. Donc Yaroslav est très « mauvais ». Et ce n'est pas vrai du tout. Yaroslav a créé « La vérité russe », l'un des premiers ouvrages juridiques en Russie [NDT : La « Vérité Russe » de Yaroslav (oblast : division administrative) est considérée comme un monument exceptionnel de l'histoire de la loi russe. C'est la partie la plus ancienne du code juridique.  Apparue après l'ère où l'unification de la population rurale et de la désintégration de la communauté familiale. Elle contient seize articles, suivis de nombreuses lois émises du 11ème siècle au début du 13ème siècle].
L'histoire des États est donc une histoire de lutte ininterrompue pour le pouvoir. C'est précisément dans une telle lutte que ce jeu - les échecs - a été inventé. Ils l'utilisaient pour apprendre à se battre et à se défendre.
Pourquoi les Indiens ont-ils inventé leur jeu ? Car au cours des premiers siècles de notre ère, des flots de sauvages venus d'Asie centrale se sont précipités dans le nord de l'Inde par les passages de l'Hindu Kush [NDT : chaîne de montagnes de 800 km de long en Asie centrale et du Sud, à l'ouest de l'Himalaya]. Ils ont dû apprendre à se battre pour repousser l'attaque. Les échecs en sont le résultat.
Il est vrai que nous nous en tenons à la version selon laquelle l'Asie centrale était culturellement comparable à l'Inde. En fait, il s'agissait de tribus sauvages qui n'avaient qu'une idée en tête : le vol et la conquête des terres.
L'homme n'est pas immédiatement devenu une créature pensante ; au départ, il était essentiellement une bête sous forme humaine. Savez-vous comment Genghis Khan s'est battu ? Il avait l'habitude de faire des prisonniers devant ses troupes, afin qu'elles ne puissent pas lui tirer dessus. Autre temps, autre morale... La Russie est devenue un mur sur le chemin des Mongols ; elle est tombée sous le joug, mais a sauvé l'Europe. Je me souviens qu'à une époque, les Mongols voulaient célébrer très largement l'anniversaire de Gengis Khan. Le « Comité central du Parti communiste mongol » a adopté une résolution spéciale sur le héros qu'il était - il a unifié les tribus mongoles. Mais lorsque les éleveurs se sont unis, ils n'avaient pas assez de pâturages à eux, ils ont dû s'emparer de ceux des autres... Bref, ils ont réussi à convaincre les Mongols que les célébrations n'étaient pas si importantes.
Un historien ne doit pas être guidé par le présent, il doit essayer de regarder les choses d'une manière très humaine, et alors beaucoup d'événements sont perçus de manière très différente. Vous comprenez ?

- Iouri Lvovitch, avez-vous déjà eu l'occasion de parler à Harry Kimovitch [NDT : il s’agit en fait du nom de jeunesse russe donné à Gary Kasparov !] de sujets historiques ?
- Je lui ai dit que je ne soutiendrais pas la nouvelle chronologie. Je vais vous expliquer pourquoi. Tout d'abord, l'histoire n'est pas de l'arithmétique. L'histoire a été écrite par des moines ; ils se sont appuyés sur une source et ont essayé d'imiter les mêmes Grecs, les mêmes Romains. Ce n'est pas un hasard si Plutarque a écrit des « Biographies comparées ». Il a pris un Grec, un Romain et les a comparés. Les moines ont juste menti plus quelque part, et moins quelque part, et cela doit être pris calmement.
Deuxièmement, c'est une chose quand on se souvient de ce qui était hier, et c'en est une autre quand on se souvient de ce qui était il y a au moins 50 ans. Naturellement, vous avez une perception complètement différente. En fait, il y a beaucoup de, disons modestement, de mensonges dans l'histoire russe.
Par exemple, l'histoire d'Ivan Susanin, la fameuse « Vie pour le Tsar » (https://fr.wikipedia.org/wiki/Une_vie_pour_le_tsar ).
Susanin était le tuteur de Mikhaïl (premier « tsar », monarque slave de l'Est et du Sud de la Maison de Romanov), qui ne sera élu Tsar qu'un an après la mort de Susanin. Un simple paysan aurait-il pu le savoir un an avant que Mikhail ne soit nommé tsar ? Non, bien sûr que non. Il ne voulait tout simplement pas permettre le pillage des biens de son maître, d'un point de vue purement humain. Dans le livre d'histoire que ma mère avait l'habitude d'étudier, il est écrit qu'une bande de Polonais ou de Cosaques s'est rendue dans la partie orientale de la Russie - ils cherchaient des domaines de propriétaires à voler. Et Susanin les a conduits loin de cet endroit. Le résultat « La vie du Tsar » n'est qu'un mensonge. Et voilà. Je pense qu'un historien doit être sceptique, il doit vérifier cent fois avant de le dire.

Je voudrais réitérer mon idée que, en général, l'histoire des échecs est très étroitement liée à l'histoire du développement de la pensée humaine. C'est ce qui le rend intéressant.
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Citation pouvant avoir lien avec le Jeu des Rois ...
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